TRAVAIL ILLÉGAL. Un réseau dirigé par des Pakistanais et qui aurait permis de blanchir "plusieurs millions d'euros" pour alimenter des entreprises de la construction et du nettoyage travaillant au noir a été démantelé mi-décembre. Les transferts d'argent s'effectuaient sous couvert de fausses factures de sous-traitance.

Un réseau mis en place par des Pakistanais et qui aurait permis de blanchir "plusieurs millions d'euros" pour alimenter des entreprises de la construction et du nettoyage travaillant au noir a été démantelé la semaine dernière, selon des informations communiqués par la police judiciaire à l'Agence France Presse. La tête de pont du réseau en question était un Pakistanais dirigeant plusieurs sociétés à l'activité réelle dans les secteurs du bâtiment et du nettoyage, mais qui avaient recours à des sociétés dites "taxis", c'est-à-dire des entreprises fictives servant uniquement à faire transiter des sommes d'argent.

 

 

Veolia et Engie parmi les clients du réseau

 

"Il transférait les fonds via des fausses factures de sous-traitance pour régler en espèces les salaires des ouvriers sans qu'aucune cotisation ne soit versée, et ainsi baisser ses coûts et rester compétitif auprès de ses clients, notamment Veolia et Engie", a détaillé à l'AFP le commissaire Julien Bataille, adjoint à la cheffe de l'Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF). En outre, des virements étaient également effectués sur des comptes bancaires domiciliés dans différents pays européens, notamment l'Espagne, l'Italie, le Portugal, la Pologne ou encore la Lituanie.

 

L'enquête diligentée sur ce réseau avait débuté en septembre dernier, suite au signalement d'un dirigeant d'une société de conseil spécialisée dans les démarches administratives de création d'entreprise, basée en Seine-Saint-Denis. L'homme "avait été démarché à plusieurs reprises par un individu d'origine pakistanaise pour immatriculer différentes sociétés et ouvrir des comptes bancaires associés", a expliqué le commissaire. "Ce témoin s'est aperçu que les photos d'identité des futurs gérants étaient recyclées et correspondaient à des ressortissants italiens, espagnols ou belges, déjà présentés sous d'autres noms."

 

Une quarantaine de fausses sociétés partout en France

 

 

Confiées en octobre à un juge d'instruction de la Juridiction inter-régionale spécialisée (Jirs) de Paris, les investigations ont permis de recenser 37 fausses sociétés dans les Hauts-de-France, en Occitanie, en Bourgogne-Franche-Comté ainsi qu'en Île-de-France. Au total, 85 comptes bancaires professionnels et 107 comptes particuliers, attribués à des salariés, ont été ouverts par des "gérants de paille" avec des faux papiers, issus de la communauté pakistanaise et rémunérés en moyenne 1.000 euros par mois. Lors de son audition, le chef du réseau a estimé avoir blanchi, entre 2020 et 2021, 500.000 euros avec seulement six de ces sociétés fantômes. "On peut donc supposer que sur les 37 fausses sociétés, le blanchiment portait sur plusieurs millions d'euros", d'après le commissaire de l'OCRGDF.

 

Le 15 décembre, la tête de pont de l'organisation a été placée en détention provisoire, tandis que trois de ses associés ou complices ont été placés sous contrôle judiciaire. Tous les quatre sont mis en examen pour blanchiment aggravé, et trois d'entre eux pour association de malfaiteurs, selon une source judiciaire. Au final, 335.000 euros ont été saisis en espèces ou sur des comptes bancaires, et les comptes ouverts à l'étranger vont être gelés.

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