ENTREPRISES. Le Gouvernement vient de mettre en ligne une plateforme centralisant les quelque 300 aides à la transition écologique déjà proposées aux entreprises dans toute la France. L'idée est évidemment de les motiver à faire un geste pour la planète en simplifiant l'accès aux dispositifs, mais aussi d'avoir leurs retours pour pouvoir les perfectionner.

La transition écologique concerne tous les acteurs économiques, du plus gros au plus petit. Et c'est bien pour cette raison que le Gouvernement vient de lancer une nouvelle plateforme Internet baptisée "Mission transition écologique". Le but : permettre aux 4 millions de très petites, petites et moyennes entreprises d'y voir plus clair dans le maquis des aides dédiées afin qu'elles puissent, elles aussi, contribuer à la protection de l'environnement et de la biodiversité.

 

 

Après plus d'un an de travail, Olivia Grégoire se félicite de cet achèvement. "Cette plateforme vise à répondre à une question simple : comment faire en sorte que nos PME puissent avoir accès, plus rapidement et plus facilement, aux multiples aides et accompagnements à la transition écologique ?", pose d'emblée la ministre de l'Artisanat et des PME. Pour élaborer ce site Internet, Bercy et Roquelaure se sont basés sur l'état des lieux des aides à la transition écologique dressé en avril dernier par l'Inspection générale des finances (IGF).

 

Un enjeu de "justice économique"

 

Bilan : quelque 300 dispositifs existent aujourd'hui à travers toute la France. Un nombre sans doute trop élevé, et pas forcément adapté aux petites structures. "J'ai eu la mauvaise impression que nos dispositifs n'étaient pas assez accessibles d'un simple clic : les aides sont trop nombreuses, les PME ne savent pas lesquelles sont les plus adaptées à leurs besoins, et leur mise en œuvre est complexe", poursuit Olivia Grégoire.

 

Pensée comme un outil "accessible" et "maniable", la plateforme est donc censée simplifier la vie des entrepreneurs en les orientant vers les dispositifs les plus pertinents. "C'est aussi un enjeu de justice économique : on n'est pas outillé de la même manière quand on est un grand groupe que quand on est une PME", souligne la locataire de Bercy.

 

"Cette plateforme est la démonstration qu'on peut faire correspondre les besoins avec les outils", abonde son collègue de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Christophe Béchu. Lequel insiste sur les retombées économiques des actions en faveur de l'écologie : "Il en est des PME comme des petites communes : on se rend compte au quotidien que les problématiques sont similaires, et que si on ne simplifie pas les aides, on ne pourra pas accélérer sur le climat ni soutenir l'activité économique".

 


Aides à la transition écologique des TPE-PME : d'où part-on et où va-t-on ?

 

Interrogés par Batiactu sur le nombre d'entreprises utilisant ces aides avant le lancement de la plateforme et sur le taux de recours que celle-ci s'est fixée, les deux ministres mettent en avant l'effort de simplification amorcé par le Gouvernement et qui s'inscrit d'ailleurs dans un cadre plus large.

 

"Nous ne sommes pas encore au rendez-vous d'un comptage extrêmement précis car beaucoup d'aides se sédimentent aux niveaux local et national", répond Olivia Grégoire. "Mais quand il y a déjà plus de 300 aides pour 2 milliards d'euros de subventions, on n'est pas dans une approche pour créer encore d'autres aides. Notre mission n'est pas de rajouter des couches mais de regarder quelles sont les couches qui fonctionnent."

 

"Des dizaines de milliers d'actions" en faveur du climat

 

La plateforme "Mission transition écologique" doit donc remplir plusieurs rôles : faire une revue des aides, promouvoir celles "en faveur du vert au détriment du brun" et renseigner l'État sur leur taux de recours ainsi que sur les éventuelles améliorations à apporter.

 

 

"Quand on additionne toutes ces aides, on est d'ores et déjà sur des dizaines de milliers d'actions mais on n'en connaît pas le coefficient ou la disparité régionale", précise Christophe Béchu à Batiactu. "L'État va donc aider les entreprises et les entreprises vont aider l'État ; c'est un double mouvement vertueux."

 


Résultats adaptés

 

Alors concrètement, comment ça marche ? L'entrepreneur décidé à lancer sa société dans la voie de la transition écologique commence par se connecter à l'adresse https://mission-transition-ecologique.beta.gouv.fr/, ou par flasher le QR code présent sur tous les supports de communication de la plateforme.

 

Il choisit ensuite son parcours : soit il sait déjà ce qu'il veut mener comme action, soit il n'a aucune idée par où commencer. Dans les deux cas, il indique son numéro de Siret puis répond à une dizaine de questions dressant un panorama des enjeux de transition écologique à travers plusieurs thématiques : bâtiment, énergie, eau, déchets, transports…

 

"Il faut qu'il y ait des solutions pour toutes les tailles d'entreprises"
-Antoine Pellion

 

Conçue par une "start-up d'État" avec le concours de l'Ademe (Agence de la transition écologique), la plateforme filtre toutes les aides répertoriées dans son propre annuaire et affiche une liste de résultats adaptés à la situation de l'entreprise. Celle-ci peut également choisir d'être recontactée par un des opérateurs spécialisés dans la transition écologique : l'Ademe bien sûr, les Chambres de commerce et d'industrie (CCI), les Chambres de métiers et de l'artisanat (CMA), BPI France (la banque publique d'investissement), La Poste... Le professionnel pourra ainsi disposer de tous les renseignements nécessaires pour aller jusqu'au bout de sa démarche.

 

Amélioration progressive

 

Attention cependant, la plateforme est certes déjà accessible mais elle est encore en version bêta. Elle sera donc amenée à évoluer dans les prochains mois. "Cet outil digital mûrira avec le temps, il sera en mode projet pour être amélioré et enrichi avec de nouvelles aides au gré des retours utilisateurs", confirme Olivia Grégoire. En collectant ces données, le site se perfectionnera donc progressivement.

 

Tout en offrant de la visibilité, d'abord aux entreprises et ensuite à l'État. "Cela nous permettra de connaître les entreprises qui ne trouveront rien, et donc de remplir les trous de la raquette et voir ce qu'on faire de mieux en matière de transition écologique", assure Christophe Béchu. L'objectif étant, comme le pointe Antoine Pellion, le secrétaire général à la planification écologique rattaché à Matignon, "qu'il y ait des solutions pour toutes les tailles d'entreprises".

 

Quoi qu'il en soit, si la route est encore longue, elle est au moins tracée. "Nous aurons encore beaucoup de travail pour embarquer 99% de nos TPE-PME sur le chemin indispensable de la transition écologique, mais aussi pour qu'elles demeurent compétitives et attractives", conclut Olivia Grégoire.

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