TECHNOLOGIE. Dans les entrepôts de Lowe's à Christianburg (Virginie), les employés expérimentent un exosquelette souple qui les aide dans la manipulation répétitive d'objets pesants. Les prototypes ont été conçus avec le concours de l'institut Virginia Tech, qui entend trouver d'autres applications à cette invention.

Non, les entrepôts ne vont pas tout de suite se remplir de robots qui travaillent 24h/24 et les négoces ne seront pas envahis d'assistants synthétiques qui remplaceront les humains. Les magasins de matériaux continueront à employer de sympathiques conseillers et manutentionnaires. C'est pour les soulager dans leurs tâches quotidiennes que la chaîne de distribution américaine Lowe's Home Improvement Warehouse a demandé à l'institut Virginia Tech de développer un exosquelette spécifique, léger et qui s'enfile aisément.

 

 

C'est le spécialiste de la robotique Alan Asbeck (département d'ingénierie mécanique), qui s'est penché sur la question. Il avait auparavant travaillé pour des programmes de la Darpa (Defense Advanced Research Projects Agency) visant à améliorer les capacités motrices des soldats lourdement chargés. En collaboration avec huit autres chercheurs de l'école d'ingénieurs Virginia Tech, il a conçu un ergosquelette qui facilite la manipulation d'objets lourds tout en ne pénalisant pas trop la mobilité. Il explique : "Notre technologie est différente des autres dans le sens où elle incorpore des éléments souples et flexibles, et notre approche est unique puisque nous plaçons nos prototypes dans un environnement réel pour une période prolongée". Quatre "exosuits" sont en effet déployés depuis un an dans la grande surface de bricolage Lowe's de Christianburg (Virginie), non loin des laboratoires de l'institut. Là-bas les employés utilisent les harnais pour soulever et transporter des pots de peinture ou des sacs de matériaux et regarnir ainsi les stocks.

 

Le même principe que l'arc qui emmagasine de l'énergie en se pliant

 

Lowe\'s exosuit
Lowe's exosuit © Virginia Tech

 

La tenue est pensée pour réduire la fatigue des muscles et articulations qui sont généralement mises à rude épreuve par ces mouvements répétitifs et fatigants. Virginia Tech dévoile son fonctionnement : "A mesure que l'utilisateur se penche et redresse son dos, les bras en fibre de carbone de l'exosuit agissent comme un arc, emmagasinant l'énergie de l'utilisateur pour la lui restituer. Cela lui permet de se relever avec plus de facilité". Les mois d'expérimentation ont été mis à profit pour vérifier l'impact physique de l'adoption de cette technologie sur les manutentionnaires, tandis que Virginia Tech a poursuivi le développement des harnais. Alan Asbeck déclarait, en 2017 : "Mon objectif premier est de faire que cela fonctionne pour Lowe's. Mais au-delà de ça, ma préoccupation est de toujours porter la recherche dans le monde réel et qu'elle y soit le plus utile possible à la société". En France, des expérimentations similaires ont lieu : le Go&Move de Laevo a été testé chez Colas en Vendée. Et chez Point.P Travaux publics (Saint-Gobain) un projet d'exosquelette est en cours depuis 2016 avec le spécialiste français RB3D. Là aussi, l'armature assiste les opérateurs dans les activités de portage de charges d'un poids pouvant aller jusqu'à 40 kg (sacs de ciment, tuyaux, éléments de béton préfabriqué…).

 

Il reste toutefois encore un peu de temps avant que les milliers de manutentionnaires des négoces ne soient tous équipés de ces exosquelettes futuristes, version moderne des ceintures de force.

 

 

 

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