INNOVATION. Ce n'est pas encore l'armure d'Iron Man mais Ironhand est un gant bionique qui amplifie la force de la main de son utilisateur. Développé par la firme suédoise Bioservo Technologies, il a été testé et amélioré par les compagnons d'Eiffage. Zoom.

Aujourd'hui encore, de nombreuses tâches sur les chantiers nécessitent une poigne de fer, pour manipuler des outils, agripper des matériaux ou déplacer des charges. Un travail qui fatigue les articulations des doigts et met la main à rude épreuve. Mais ce temps est peut-être révolu avec l'apparition des gants bioniques qui améliorent la poigne et accroissent l'endurance de leurs porteurs. Des ouvriers d'Eiffage Infrastructures en ont testé au cours du second semestre 2017 et leur retour d'expérience a mené la société Bioservo Technologies, qui a mis un premier modèle sur le marché en 2013 (SEM Glove), à concevoir un nouveau prototype, encore meilleur, qui intègre des capteurs et présente une meilleure réactivité de ses articulations synthétiques. Baptisé Ironhand, "main de fer", il est expérimenté depuis quelques mois par des opérateurs de travaux publics.

 

Une main de velours dans un gant de fer

 

Erick Lemonnier, directeur Prévention d'Eiffage Infrastructures, relate : "Des compagnons volontaires l'ont testé dans des métiers très différents du groupe, pour l'enrobage de voiries, des travaux de génie civil et de métallurgie. Les résultats sont très positifs tant en termes de performances que de polyvalence puisque le gant peut être utilisé sur n'importe quel poste de travail". Souple et léger, le gant vient réduire les efforts de l'opérateur dans des proportions variables selon les mouvements effectués, comprises entre 25 et 82 %. Initialement développé pour le secteur médical et astronautique, le produit s'est ensuite frayé un chemin dans l'industrie aéronautique et mécanique (General Electric, Airbus). Eiffage Infrastructures et Bioservo Technologies ont signé, l'an passé, un contrat de partenariat pour développer des applications dans le BTP, où les risques de blessures et les conditions de l'environnement sont particuliers.

 

 

Le gant est couplé à une unité d'analyse des données portée comme un sac à dos. Grâce aux capteurs intégrés, il est possible d'étudier l'ergonomie du poste et de mieux prévenir les troubles musculo-squelettiques. D'ores et déjà, Eiffage et Bioservo ont prévu de poursuivre leurs recherches conjointes en consolidant les premiers résultats obtenus et en concevant un nouvel équipement de protection pouvant cette fois compenser les efforts de tout le bras. De nombreuses initiatives vont en ce sens, tel l'ergosquelette qui vient corriger et soutenir la posture du travailleur ou son grand frère mécanique, l'exosquelette qui l'assiste dans ses efforts, que ce soit dans les travaux publics comme chez Colas ou au sein d'une PME de stucateurs. De son côté, Bouygues Construction a opté pour un manchon connecté qui permet de guider et d'informer les ouvriers sur les chantiers en temps réel, à la façon d'un assistant numérique. Totalement équipés de protections bardées de capteurs, qui améliorent leurs capacités physiques et sensorielles, les ouvriers de demain ne ressembleront-ils pas à des super-héros ?

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