PROTOCOLE SANITAIRE. Les règles du troisième confinement décrété par le Gouvernement dans plusieurs régions françaises ne brillent certes pas par leur simplicité et leur logique, mais celles relatives au télétravail ont carrément fait l'objet d'un coup de gueule de la Confédération des petites et moyennes entreprises.

C'est un coup de gueule : dans un communiqué diffusé ce 23 mars 2021, la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) tacle violemment les nouvelles mesures sanitaires édictées par le Gouvernement dans le cadre du troisième confinement institué dans 16 départements (ceux des Hauts-de-France, de l'Île-de-France, ainsi que l'Eure, la Seine-Maritime et les Alpes-Maritimes) pour les quatre prochaines semaines. En cause : l'absurdité du protocole sanitaire auquel doivent se soumettre les entreprises. Rappelant que le monde professionnel n'a eu d'autre choix que d'instituer massivement le travail à distance depuis le début de la crise du Covid il y a tout juste un an, la CPME souligne que les partenaires sociaux sont en outre parvenus à un accord national inter-professionnel afin d'en encadrer l'usage.

 

 

Le moment semble qui plus est mal choisi pour un nouveau tour de vis sanitaire au vu des effets délétères du télétravail à outrance sur la santé psychologique des salariés et le bon fonctionnement des services : "31% des salariés des entreprises dont l'activité le permet, pratiquent le télétravail", assure la confédération, renvoyant à un baromètre de Malakoff Humanis sur le sujet. "Mais aujourd'hui, une forme de lassitude prévaut et il devient de plus en plus difficile aux employeurs de l'imposer. De nombreux salariés disent souffrir d'isolement et souhaitent retrouver les locaux de l'entreprise", pointe-t-elle. Si elle reconnaît évidemment que le télétravail limite le brassage de la population, et ainsi le risque de propagation du Covid, la CPME regrette néanmoins que "c'est le moment que choisit le Gouvernement pour menacer et imposer de nouvelles obligations administratives".

 

Chaque entreprise devra échafauder "un plan d'action" pour réduire autant que faire se peut la présence dans ses locaux, à présenter à l'Inspection du travail en cas de contrôle

 

 

En effet, le nouveau "Protocole pour assurer la santé et la sécurité des salariés en entreprise face à l'épidémie de Covid-19" a été présenté aux syndicats et patronat ce 22 mars au soir par le secrétaire d'État chargé des Retraites et de la Santé au travail, Laurent Pietraszewski (qui remplaçait la ministre du Travail, Élisabeth Borne, testée positive au Covid et qui a été hospitalisée). Ont ainsi été dévoilées les nouvelles règles en vigueur pour le télétravail et la restauration sur le lieu de travail. Un panel de mesures censé s'appliquer dans toutes les entreprises, quelle que soit leur taille, ces dernières devant de plus échafauder "un plan d'action" pour réduire autant que faire se peut la présence dans leurs locaux ; plan qu'elles devront présenter à l'Inspection du travail en cas de contrôle.

 

Ce qui, aux yeux de la confédération, représenterait non seulement une perte de temps, mais aussi un énième boulet attaché à la jambe des chefs d'entreprises : "Nul doute qu'une paperasse de plus à remplir constituera un barrage efficace contre l'épidémie. Nul doute aussi que, dans la période actuelle, les chefs d'entreprises à la tête d'une TPE-PME apprécieront qu'à défaut de leur proposer une date de vaccination, on leur impose une nouvelle obligation." Et le communiqué de conclure, cinglant : "La créativité administrative n'a décidément plus de limites".

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