JUSTICE. Le feuilleton du projet de grand contournement ouest de Strasbourg continue : le tribunal administratif de la préfecture du Bas-Rhin a suspendu le permis d'aménagement d'un viaduc situé sur le tracé. Pour autant, le chantier n'est pas remis en cause.

Après Notre-Dame-des-Landes, la future rocade ouest de Strasbourg serait-elle en passe de devenir le nouveau feuilleton d'un chantier controversé sans cesse entravé ? Un nouvel épisode a eu lieu ce vendredi 14 septembre : le tribunal administratif de la préfecture du Bas-Rhin a suspendu le permis d'aménagement d'un des ouvrages d'art du tracé, à savoir un viaduc de 470 mètres. Selon une dépêche AFP, les juges, saisis en référé, ont considéré que l'absence "d'étude d'impact actualisée" et "d'avis définitif" des Bâtiments de France étaient de nature "à faire naître (…) un doute sérieux quant à la légalité du permis d'aménager" obtenu en octobre 2017 par Arcos, une filiale de Vinci. En ligne de mire : le château de Kolbsheim. "Cet édifice constitue un monument historique et les travaux à sa proximité doivent faire l'objet d'une autorisation de l'architecte des Bâtiments de France", a détaillé le tribunal.

 

 

A la fin de l'année dernière, Arcos avait effectivement décroché le permis d'aménagement du viaduc auprès du préfet du Bas-Rhin. Cet ouvrage d'art est censé passer en bordure de la Zone à défendre (ZAD) de Koblsheim et de son château, à l'ouest de Strasbourg. L'association Alsace Nature a introduit une requête auprès du tribunal administratif de Strasbourg après le démarrage des travaux de déboisement mercredi 12 septembre, lesquels ont d'ailleurs nécessité l'évacuation de 150 opposants de la ZAD le lundi d'avant.

 

Pas de remise en cause du projet

 

Arcos a immédiatement réagi par voie de communiqué : "L'arrêté suspendu, dont la légalité n'a pas été jugée au fond, ne concerne pas les travaux en cours et n'entraîne donc pas l'arrêt du chantier". En effet, le projet du grand contournement ouest (GCO) de Strasbourg n'est pas pour autant remis en question. "Les insuffisances du dossier en termes d'études d'impact ont été mises au jour. Mais cette décision ne remet malheureusement pas en cause l'abattage des arbres qui va continuer", a précisé Maurice Wintz, vice-président d'Alsace Nature à l'Agence France Presse. Les opposants alertent sur la disparition de terres agricoles et la mise en danger d'espèces protégées, comme le hamster d'Europe (Cricetus cricetus). "La justice fait son travail", tempère la députée LREM Martine Wonner, elle aussi hostile au projet. "On ne crie pas victoire, mais c'est un premier pas."

 

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Les opposants alertent sur la disparition de terres agricoles et la mise en danger d'espèces protégées, comme le hamster d'Europe (Cricetus cricetus). © Katanski

 

La justice saisie à plusieurs reprises

 

Pour rappel, le projet du GCO a pour but de décongestionner le trafic de l'autoroute A35 en absorbant les flux du nord au sud de l'Alsace. La mise en service de cette rocade longue de 24 km est prévue pour 2021. Un nouvel épisode devrait se jouer ce mercredi 19 septembre : cette fois-ci, le tribunal administratif de Strasbourg se prononcera sur l'arrêté préfectoral délivré à Arcos pour l'ensemble des travaux du contournement, là encore dans le cadre d'une requête en référé.

 

 

Ce samedi 15 septembre, une nouvelle manifestation des opposants au GCO a eu lieu à Kolbsheim. Entre 950 (préfecture) et 1.900 (organisateurs) personnes ont défilé pour renouveler leur hostilité au projet de rocade. "Nous nous opposons à un projet d'un autre âge, un massacre de la nature", a déclaré Dany Karcher, maire de cette commune de 800 habitants. "Tant que le béton n'est pas coulé, il faut qu'on empêche la construction de ce couloir à camions", a abondé Lucien Kratz, conseiller municipal à Breuschwickersheim.

 

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