CONTESTATION. Les présidents des sept conseils départementaux d'Ile-de-France, membres de fait du conseil de surveillance de la Société du Grand Paris, ont refusé de participer à l'élection du dirigeant de cette structure, invoquant une "mascarade" de l'Etat. C'est finalement Patrick Braouezec qui a été élu.

Décidément, la Société du Grand Paris (SGP) n'en finit pas de rencontrer des difficultés. Quand ce n'est pas le rapport du député LR Gilles Carrez sur la viabilité de ses financements qui ébranle l'institution, c'est un vent de fronde qui souffle sur son conseil de surveillance. Ce vendredi 7 septembre, se tenait l'élection du nouveau président de cette structure à la tête de la SGP, elle-même en charge de la réalisation du super-métro Grand Paris Express. Sauf que les sept présidents des conseils départementaux constituant la région Ile-de-France, membres de fait du conseil de surveillance de la SGP et donc appelés à voter, ont refusé de participer au scrutin. Pierre Bédier (LR, Yvelines), Patrick Devedjian (LR, Hauts-de-Seine), Stéphane Troussel (PS, Seine-Saint-Denis), Marie-Christine Cavecchi (LR-UDI, Val-d'Oise), Christian Favier (PC, Val-de-Marne), Patrick Septiers (UDI, Seine-et-Marne) et François Durovray (LR, Essonne) ont donc annoncé leur décision, dans un communiqué commun, de boycotter cette élection.

 

 

Unilatéralisme et opacité dénoncés

 

Les élus ont invoqué plusieurs motifs : regrettant tout d'abord "l'annonce unilatérale par l'Etat du report pour 2 à 7 ans de la plupart des lignes [du Grand Paris Express]", en raison d'une explosion de la facture finale - passée de 20 à 35 milliards d'euros -, les présidents des sept conseils départementaux ont également taclé l'opacité générale qui règnerait dans les décisions et communications de l'Etat, rappelant au passage que la Cour des comptes "[avait] d'ailleurs souligné l'importance de ces manquements à la bonne gouvernance et à la transparence". Enfin, les élus des sept départements ont considéré que l'élection du nouveau président du conseil de surveillance constituait encore un rendez-vous manqué : "Au lieu de saisir l'opportunité d'un partenariat fondé sur la confiance et la transparence avec les grandes collectivités franciliennes, l'Etat a multiplié […] les manœuvres pour inventer une candidature à sa convenance […]".

 

Pierre Bédier, le président du conseil départemental des Yvelines, a même déclaré à l'AFP que "l'Etat s'arrange pour avoir un élu qui favorise l'opacité du système". "Nous avons besoin que le président du conseil de surveillance soit indépendant de l'Etat", a-t-il ajouté, allant même jusqu'à estimer qu'une nomination qui ne dirait pas son nom éviterait un audit de la SGP. Audit que Pierre Bédier juge pourtant nécessaire "pour chercher les causes de l'immense dérapage", d'après des propos rapportés par l'Agence France Presse.

 

Election de Patrick Braouezec

 

Dénonçant une "élection mascarade", les élus locaux affirment avoir voulu "laisser à l'Etat la responsabilité de nommer l'élu qu'il veut". Néanmoins, ils assurent vouloir faire preuve d'une vigilance accrue dans les mois qui viennent, et "exiger inlassablement et par toutes les voies légales des réponses aux questions qu'ils posent". Au bout du compte, c'est Patrick Braouezec qui a été élu ce vendredi 7 septembre à la présidence du conseil de surveillance de la SGP. Il succède ainsi à Jean-Yves Le Bouillonnec, qui a occupé ce poste pendant près de 3 ans. Président de l'intercommunalité Plaine Commune, en Seine-Saint-Denis, et 4e vice-président de la Métropole du Grand Paris, Patrick Braouezec a déclaré à l'issue du scrutin : "Ce conseil de surveillance marque une nouvelle étape de la gouvernance de la SGP. Le projet initial du métro du Grand Paris a dû être décalé dans le temps. Il importe à présent d'apporter dans les meilleurs délais un moyen de transport efficace à tous les habitants de la métropole et en priorité à ceux qui en sont encore privés". En parallèle, le président du directoire de la SGP, Thierry Dallard, a insisté sur "l'importance d'une relation de travail resserrée entre les membres du conseil de surveillance et la SGP. Le renouvellement de la présidence des instances de l'entreprise donne un nouvel élan au projet du Grand Paris Express".

 

 

Financement validés

 

Par ailleurs, la réunion du conseil de surveillance de ce vendredi 7 septembre a aussi été l'occasion d'approuver l'achat de matériels roulants pour les futures lignes 15, 16, 17 et 18 du Grand Paris Express, et d'équipements embarqués d'automatisme de conduite et d'information aux voyageurs. Un investissement qui, d'après la SGP, concerne 900 rames, de la phase d'études aux essais. Le montant total de cette opération est de 2 milliards d'euros. D'autres décisions annexes ont également été prises, comme la confirmation du financement du prolongement de la ligne 11 (200 millions d'euros déboursés au total par la SGP), ou la conclusion d'une convention de financement avec l'Etat portant sur des fonds de concours, à destination de programmes et d'opérations de transports collectifs (soit une enveloppe de 50 millions d'euros étalés sur 5 ans).

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