ANNONCE. Invité à s'exprimer lors d'un évènement organisé par la confédération qu'il présidait il y a encore peu de temps, le ministre chargé des PME, Alain Griset, est revenu sur les mesures mises en place par le Gouvernement pour limiter les effets de la crise économique du Covid. Et a précisé l'avancement de certains dossiers.

"C'est une situation particulière" : en effet, il n'est pas banal que l'ancien président d'une confédération patronale parti de sa fonction pour rejoindre un poste ministériel, soit amené à s'exprimer lors d'un évènement organisé par son ancienne organisation. Et pourtant : ce 24 septembre 2020, l'Union des entreprises de proximité (U2P) a invité le ministre chargé des PME, Alain Griset, à participer aux "Rencontres" de la confédération, consacrées cette année à la reprise économique suite au confinement sanitaire décrété au printemps. Se réjouissant que nombre d'adhérents de l'U2P étaient présents à l'évènement en dépit du contexte sanitaire, les participants aux tables rondes, à commencer par l'ancien président de l'organisation lui-même, ont réaffirmé la nécessité de "vivre avec le virus" et de "reprendre une vie économique normale".

 

"Il est difficile d'acheter la confiance"

 

Avant de céder la parole à leur ancien collègue syndical, les dirigeants de l'U2P ont assuré qu'ils répondraient présents aux défis économiques à venir : "Nous serons au rendez-vous du plan de relance comme premier acteur de l'économie des territoires", a affirmé le président actuel de la confédération, Laurent Munerot. "Je reprendrai le mot 'confiance' de Bruno Le Maire [ministre de l'Économie, ndlr] : nous avons besoin de confiance entre les acteurs économiques et nous avons besoin de confiance pour relancer l'économie." L'idée n'est cependant pas non plus de donner un blanc-seing au Gouvernement : "Il est difficile d'acheter la confiance", a taclé le président de la Capeb (Confédération des artisans et petites entreprises du bâtiment), Jean-Christophe Repon, "même si je reconnais que la situation actuelle n'est pas simple à gérer pour les pouvoirs publics". Et d'ajouter : "Il y a deux dossiers urgents : la simplification et la confiance", demandant une nouvelle fois à son ex-collègue d'actionner le levier de la baisse du taux de TVA à 5,5% dans le secteur du bâtiment.

 

Un appel aux artisans à se saisir des dispositifs d'aide

 

"On n'oublie pas 42 ans de vie comme ça", a d'emblée souligné Alain Griset dans la foulée, en référence à son métier d'artisan précédant sa nomination au Gouvernement. Sur sa feuille de route ministérielle, l'ancien chauffeur de taxi a insisté sur les deux objectifs, "souvent contradictoires", poursuivis par l'exécutif : garantir la sécurité sanitaire tout en assurant la relance de l'économie. Même si la reprise de l'activité a été meilleure que prévue après le 11 mai dernier, les derniers indicateurs de circulation du coronavirus dans l'Hexagone inquiètent la puissance publique. Toujours est-il que le Gouvernement a réaffirmé tous les efforts qui ont été faits en la matière : "Je constate que les choses se passent globalement bien dans les entreprises ; les chefs d'entreprises respectent les guides de bonnes pratiques et la propagation du virus s'est plutôt faite à l'extérieur des entreprises qu'à l'intérieur", a expliqué Alain Griset. "Nous faisons tout ce que nous pouvons pour que l'économie reprenne au mieux - en août 2020, nous étions à 95% d'activité par rapport au mois d'août de l'année dernière. La France est le pays qui a accompagné le mieux à la fois les entreprises et les salariés - avec le dispositif des PGE [Prêts garantis par l'État], du Fonds de solidarité… -, avec pour objectif de maintenir le tissu économique."

 

94% des 600.000 entreprises ayant perçu un PGE sont des entreprises de moins de vingt salariés

 

Rappelant que les reports de charges peuvent dorénavant s'étendre sur 36 mois mais que ce choix dépend des entrepreneurs, le nouveau locataire de Bercy a relevé que 94% des 600.000 entreprises ayant perçu un PGE emploient moins de 20 salariés. Le taux d'intérêt de ces prêts est de 0,25% la première année, mais dans les quatre mois précédant la fin de la première année, les entrepreneurs ont la possibilité de reporter encore pour cinq ans. "Une règle européenne interdit pour ce type de prêts bancaires d'aller au-delà de 6 ans", a justifié Alain Griset. Sur l'activité partielle, le ministre a expliqué que beaucoup d'artisans avaient eu recours au dispositif "de façon raisonnable". Avec 1,7 million de bénéficiaires du premier niveau du Fonds de solidarité, et seulement 35.000 pour le niveau 2, l'ancien président de l'U2P a toutefois regretté que ce second échelon ne fonctionne pas davantage. "Il faut le demander aux régions mais ce n'est pas de leur fait si ça ne fonctionne pas. Il y a des dispositifs qui existent, il faut les saisir", a-t-il insisté, faisant une nouvelle fois référence au manque d'initiative des entrepreneurs en la matière. Et de préciser : "Il me semble qu'il serait utile qu'il y ait des accords-chapeaux sur l'APLD [Activité partielle de longue durée, ndlr] pour les entreprises de moins de 50 salariés avec le soutien de l'État pendant deux ans."

 

Simplification en vue du Code de l'artisanat et réformes sur les indépendants dans les tuyaux

 

Avec 22 milliards d'euros qui leur seront dédiés, le plan de relance doit également permettre de donner une bouffée d'air frais aux petites et moyennes entreprises. Notamment dans le secteur de la construction : "Un secteur est facilement identifié dans le plan de relance : le bâtiment", a poursuivi Alain Griset. "Nous avons échangé avec Jean-Christophe Repon pour que les mesures soient plus simples : nous avons ainsi étendu Ma prime rénov' aux bailleurs et copropriétés ainsi qu'aux plus faibles revenus. La prime CEE [Certificat d'économie d'énergie, ndlr] reste compliquée mais nous travaillons pour que les entreprises du bâtiment continuent à bénéficier d'un accès privilégié aux marchés de rénovation." Et de confirmer que le seuil des appels d'offres de marchés publics allait bientôt être relevé : "Nous allons travailler pour passer le seuil à 100.000 euros, ce qui devrait vous permettre d'en profiter dans les prochaines semaines", a-t-il lancé en direction des adhérents présents dans la salle.

 

Sur les autres dossiers en cours de réflexion, le ministre chargé des PME a égrené les ambitions gouvernementales : d'abord, un million d'entreprises devra avoir bénéficié du fonds numérisation à la fin 2021 ; ensuite, il faudra que toutes les foncières aient été créées au premier semestre 2021. Au niveau fiscal, les 10 milliards d'euros de baisse des impôts de production se décomposeront notamment en 7 milliards de diminution de la CVAE (Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises), tandis que les artisans bénéficieront d'une exonération de CFE (Cotisation foncière des entreprises). Mais l'agenda d'Alain Griset ne s'arrête pas là : "J'ai lancé le travail pour qu'on regarde ensemble ce qui peut être amélioré, simplifié, dans le Code de l'artisanat, que ce soit plus digeste pour tout le monde. Je pousse aussi des réformes sur les travailleurs indépendants et j'espère qu'il pourra y avoir dans les prochaines semaines des décisions prises par le président de la République et le Premier ministre", a-t-il détaillé.

 

Avant de conclure : "Le Président m'a nommé parce qu'il a voulu montrer que chaque artisan, chaque indépendant et chaque chef de PME est important pour l'économie du pays. C'est le message de ma nomination. Il est donc légitime que les entreprises du secteur attendent du ministre que je suis devenu des résultats, et j'espère les obtenir."

actionclactionfp