A l'occasion des grands travaux de mise aux normes de la Comédie-Française, la salle Richelieu s'offre une réfection esthétique et acoustique. L'objectif est de retrouver à la fois une qualité sonore perdue et un décor plus vif, moins cossu et velouté, grâce à l'utilisation de bois naturel ou peint. La salle devrait être rendue aux artistes et au public en 2013.

Depuis le début de l'année, le théâtre de la Comédie-Française est en travaux afin de mettre aux normes ses équipements techniques et son accessibilité. Fermée pour environ un an, la salle Richelieu subit, elle aussi, une réfection poussée qui doit lui permettre de retrouver l'esthétique et la qualité acoustique perdue au fil des ans, suite aux transformations successives. Car la salle du premier théâtre de France a connu bien des modifications depuis sa construction entre 1786 et 1790. Conçue par Victor Louis, dans un style néoclassique, elle est d'abord agrandie sous le Second empire. Puis, tout au long du 19e et du 20e siècle, le décor change et se charge de moquettes, de velours, de taffetas, au prix d'une acoustique dégradée.

 

La restauration aujourd'hui lancée doit donc permettre de la retrouver tout en réordonnançant l'architecture. Le bois sera principalement utilisé comme surface réfléchissante du son. Le projet consiste notamment à remplacer la moquette au sol par du parquet et à dévêtir toutes les surfaces recouvertes de velours et de damas comme les dossiers de sièges d'orchestre, les portes d'accès, les séparatifs des baignoires et les loges proches du cadre de scène. L'objectif est ici de rendre de la force à la salle dans les hautes fréquences. De même, un certain nombre de portes feintes en bois réduiront encore la surface absorbante des damas muraux. Le bois sera donc utilisé au naturel - pour le plancher de l'orchestre, les séparations des loges et les dossiers des fauteuils - et peint - pour les balcons intermédiaires, les cloisons séparatives et les portes. Ces dernières, feintes ou d'accès, seront disposées suivant le rythme dicté par les poteaux en béton de Louis Blanchet (travaux de 1971-1976). Esthétiquement, elles redonneront un cadencement vertical à toute la salle qui retrouvera sa trichromie aux contrastes marqués (blanc, or, rouge) qui prévalait de la fin du 18e siècle jusqu'aux années 1930.

 

Six mois de travaux et 1,4 M€ de budget
Des mesures acoustiques de réverbération de la salle actuelle, couplées à l'élaboration d'un modèle 3D, permettent de quantifier le gain qui sera obtenu après les travaux et l'amélioration attendue pour l'ensemble des 876 spectateurs. En effet, la réverbération courte de la salle par rapport à son volume, explique la gêne qui était ressentie jusqu'à présent par le public et les acteurs obligés d'adapter leurs voix pour combler acoustiquement le volume et se faire bien entendre. Les travaux, qui dureront six mois, ont été financés par trois mécènes (Caisse d'Epargne IdF, Natixis et Fondation du Patrimoine grâce à la Fondation Total). Le budget prévu est de 1,4 million d'euros, en plus des 12,6 millions d'euros de grands travaux de mise aux normes (centrales de traitement de l'air et tours aéro-réfrigérantes, rénovation du toit, changement du tambour en pierre de la coupole).

 

La salle Richelieu en chiffres :
- 876 places ;
- 391 représentations par an ;
- 304.000 spectateurs par saison théâtrale ;
- 14 campagnes de restauration en 200 ans d'histoire (1798, 1822, 1840-1847, 1860-1864, 1887, 1900, 1912, 1935, 1971-1976, 1987, 1994-2004 et 2012) ;
- 6 mois de travaux en 2012, pour 1,4 M€ de budget.

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