INFRASTRUCTURES. Selon plusieurs élus locaux, l'Etat a confirmé le projet de contournement autoroutier par l'est de Rouen, chef-lieu de la région Normandie. Longue de 41,5 km, cette portion pourrait se chiffrer à 886 millions d'euros.

Après la validation du projet de rocade ouest de Strasbourg (Bas-Rhin), c'est au tour de la préfecture de Seine-Maritime, Rouen, de se voir confirmer son projet de contournement par l'est (aussi appelé liaison A28-A13). Ce mercredi 12 septembre, des élus locaux se sont entretenus avec la ministre des Transports, Elisabeth Borne, à ce sujet. D'après l'AFP, cette dernière n'a pas souhaité commenter, mais en revanche plusieurs édiles se sont exprimés à la suite de cette rencontre : "Elisabeth Borne m'a assuré cette semaine que le contournement est de Rouen allait se faire et qu'il serait financé par l'Etat", a déclaré à l'Agence France Presse Damien Adam, député LREM de Seine-Maritime. L'élu a même précisé le calendrier : "Il sera inscrit dans le projet de loi de finances pour 2019, pour une mise en service de l'ouvrage entre 2022 et 2024". Hervé Morin, le président centriste de la région Normandie, a abondé en ce sens : "L'Etat valide et finance le projet sur la partie qui lui revient". Côté gouvernement, le ministère des Transports (rattaché au ministère de la Transition écologique et solidaire) a souligné qu'Elisabeth Borne devait encore rencontrer d'autres présidents de régions avant d'arrêter la programmation des infrastructures à l'échelle nationale. Celle-ci sera ensuite intégrée à la prochaine loi d'orientation des mobilités (LOM), que l'exécutif souhaiterait présenter courant octobre en Conseil des ministres.

 

Un trafic estimé entre 20.000 et 30.000 véhicules quotidiens

 

Comme d'autres projets d'infrastructures avant lui (Notre-Dame-des-Landes, par exemple), le contournement autoroutier de Rouen a été officiellement lancé il y a 40 ans. Consistant en une concession à péage longue de 41,5 km, le chantier se chiffrerait à 886 millions d'euros. Les financements n'avaient cependant pas été bouclés jusqu'à présent, sachant que les collectivités territoriales se sont déjà positionnées sur 245 millions d'euros, et que le futur concessionnaire assumera 400 millions d'euros. Le projet doit permettre de relier en 2x2 voies l'A28 au nord à l'A13-A154 au sud (près d'Incarville), en passant à l'est de Rouen, et en intégrant une branche connectant le sud de l'agglomération, au niveau de Saint-Etienne-du-Rouvray. Avec pour objectif de désengorger les axes actuels saturés, le contournement comptera 9 échangeurs et accueillera un trafic estimé entre 20.000 et 30.000 véhicules quotidiens.

 

L'Etat, qui endosse le rôle de maître d'ouvrage, doit faire face à deux recours visant à annuler la déclaration d'utilité publique du projet, en cours d'instruction par le Conseil d'Etat : l'un a été déposé par le collectif "Non à l'A133-A134", l'autre par les communes d'Oissel et de Saint-Etienne-du-Rouvray. "Financer le contournement relève de l'archaïsme politique à l'heure, notamment, de la lutte contre le réchauffement climatique", dénonce Guillaume Grima, membre du collectif cité plus haut. "Les circulations sur ce nouvel axe entraîneront le rejet de 50.000 tonnes de CO2 chaque année", a-t-il ajouté à l'AFP. Stéphane Barré, maire PCF de Oissel, a pour sa part regretté la décision de l'Etat : "Nous sommes déçus de cette annonce", qui risque d'engendrer une "importante dégradation de la qualité de l'air pour les habitants de Oissel et de Saint-Etienne-du-Rouvray".

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