EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE. La pompe à chaleur a une carte à jouer dans les travaux de rénovation énergétique, mais elle souffre d'un manque de communication auprès des particuliers comme des professionnels, tout en réfléchissant à comment améliorer sa boucle d'économie circulaire : c'était l'objet d'une conférence organisée le 5 novembre 2019 sur le salon Interclima, avec chiffres et propositions à la clé.

Pompe à chaleur et travaux de rénovation énergétique sont parfaitement conciliables : c'était le message de l'Association française des pompes à chaleur (Afpac) qui organisait ce 5 novembre 2019 sur le salon Interclima une conférence sur l'intérêt économique - et environnemental - des pompes à chaleur (PAC). En préambule, l'association a rappelé qu'un tiers des logements principaux en France ont été construits avant 1975, les deux tiers après cette date. L'efficacité énergétique constitue donc un enjeu de taille pour nombre d'habitations, et la pompe à chaleur serait en mesure d'apporter une réponse intéressante.

 

 

Son marché doit cependant encore être développé sur le segment de la rénovation thermique en maison individuelle : actuellement, 60% des logements (9,5 millions) recourent au chauffage par boucle d'eau chaude, avec dans le détail 5,7 millions avec des chaudières à gaz, 3,3 millions avec des chaudières au fioul et 500.000 avec des chaudières bois/biomasse. Les 40% restants (6,5 millions de logements) se chauffent "par effet joule", autrement dit 4,5 millions de maisons individuelles utilisent des convecteurs électriques (ce qui représente plus de 25 millions d'appareils), et 2 millions des pompes à chaleur et climatiseurs. L'Afpac souligne par ailleurs que seulement 3% des chaudières sont remplacées chaque année, et ce alors qu'on totalise 4,5 millions de chaudières de plus de 15 ans dans l'Hexagone, soit un tiers du parc de chaudières. Les parts de marché à conquérir sont donc non-négligeables.

 

Environ 430 dispositifs d'aides pour la PAC

 

Cette conférence a de fait été l'occasion pour l'association de rappeler les "10 commandements" pour l'installation des PAC : le client doit d'abord préciser ses attentes en matière de confort, et s'assurer que les entreprises qu'il consulte sont qualifiées RGE pour les PAC, tout en étant basées dans une zone géographique proche de son domicile. Ensuite, le particulier a tout intérêt à faire réaliser plusieurs devis, et ne prendre en compte que les offres commerciales proposées après une visite de son installation par un professionnel. L'Afpac insiste aussi régulièrement sur le fait de ne pas acheter son équipement sur un salon ou une foire, ceci pour être sûr de bénéficier du délai de rétractation, invalidé de fait lors d'une acquisition sur ce type d'évènements. Les certifications NFPAC ou HP-Keymark doivent également figurer sur le matériel proposé par le professionnel au particulier, ce dernier devant en outre exiger l'étude thermique pour le dimensionnement de son installation qui a servi à l'établissement du devis. Enfin, le client doit vérifier que l'offre de l'entreprise intègre la réception des travaux, la mise en service et la prise en main, sans oublier des conditions de garantie écrites et un contrat de maintenance.

 

Des préconisations auxquelles s'ajoutent de nombreux dispositifs d'aides : d'après les calculs de l'Afpac, il en existerait pas moins de 2.000 dédiés à la rénovation énergétique, dont 430 pour les seules PAC. Souvent méconnus, l'objectif est de mieux informer les particuliers comme les professionnels sur leur intérêt. Le secteur souhaite donc communiquer davantage sur les PAC et leurs aides auprès du grand public. D'autant que le parc actuel, qui compte 2 millions d'équipements, n'est pas obligatoirement entretenu, à la différence des chaudières pour lesquelles les opérations de maintenance sont imposées par la loi. Les professionnels travaillent ainsi à développer le rôle et la place des contrats d'entretien/maintenance des installations.

 

 

Encourager l'économie circulaire des PAC

 

Et les sujets de réflexion ne manquent pas : le secteur planche par exemple sur un système, non plus d'achat, mais de location de PAC, de sorte à inscrire la filière dans un modèle économique et industriel qu'on pourrait qualifier "d'économie de fonctionnalité". Le but est simple : avoir une réflexion en amont avec les industriels afin de proposer des modèles de PAC plus en phase avec l'intérêt de réparabilité et de recyclage des équipements. Cette optimisation du cycle de vie des PAC permettrait de boucler la boucle de l'économie circulaire de la filière : à l'heure actuelle, le secteur affirme que la réparation in situ est déjà bien pratiquée et que le recyclage fonctionne bien. En revanche, le réemploi mériterait d'être développé, mais le besoin de main-d'oeuvre et les freins liés aux réglementations souvent changeantes perturbent cette volonté. De même, les pratiques de reconditionnement affichent des économies d'échelles insuffisantes ; le financement des boucles de logistique inversée, c'est-à-dire les flux provenant du consommateur en direction du fabricant, constitue un élément de blocage. Et là encore, des réglementations instables font que ces pratiques ne peuvent donc être envisagées en l'état actuel des choses.

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