ÉCONOMIE. Alors que la crise sanitaire et économique du coronavirus s'enracine, Gouvernement et banques réfléchissent à mettre en place une deuxième année de différé avant le remboursement des fameux Prêts garantis par l'État. Plusieurs établissements accordent déjà cette disposition au cas par cas.

La durée et l'ampleur de la crise économique du Covid-19 oblige le Gouvernement à revoir certains dispositifs d'aides aux entreprises. Si certains ont été rabotés pour ne plus s'adresser qu'aux secteurs d'activité les plus en difficulté, le plus souvent ceux frappés par une fermeture administrative (à l'instar du Fonds de solidarité), d'autres pourraient faire l'objet d'assouplissements. Dans un entretien aux Échos, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a ainsi indiqué qu'il réfléchissait à "monter les garanties publiques sur les prêts participatifs consentis aux entreprises qui en ont besoin, évoquant un chiffre de 6 à 7 milliards d'euros". Mais le locataire de Bercy a aussi précisé que son administration est en discussion avec les établissements bancaires pour décaler automatiquement d'un an la première échéance de remboursement des fameux Prêts garantis par l'État (PGE).

 

 

Une décision qui permettrait aux entreprises concernées de bénéficier d'une bouffée d'oxygène jusqu'en mars 2022. Sur le terrain, cette pratique est toutefois déjà appliquée et commencerait même à se généraliser, si l'on en croit nos confrères du quotidien économique. Alors que le nombre de PGE souscrits a diminué au cours de l'été 2020, leur nombre semble repartir à la hausse, et les entreprises en faisant la demande aujourd'hui seraient de plus en plus nombreuses à se voir appliquer cette "deuxième année blanche". Pour rappel, un PGE est initialement accordé pour une période de six ans et doit être remboursé à compter d'un an après sa souscription, soit immédiatement au comptant, soit par le biais d'un étalement qui peut courir jusqu'à cinq ans.

 

Les PGE peuvent être octroyés jusqu'en juin 2021

 

Pour l'heure, le décalage supplémentaire d'un an avant remboursement du PGE est accordé "au cas par cas" selon Les Échos, mais plusieurs banques auraient décidé de l'accorder "à toutes les PME en faisant la demande", notamment Crédit Mutuel, Banque Populaire-Caisse d'Épargne et BNP Paribas. Dans tous les cas, les prêts pouvant être octroyés jusqu'en juin 2021, leurs remboursements débuteront donc au plus tard en juin 2023.

 

Cette généralisation de la seconde année blanche des PGE est qui plus est demandée par certaines organisations professionnelles, à l'instar de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), qui estime que la plupart des professionnels ayant souscrit un prêt et censé le rembourser à compter d'avril 2021 n'auront pas retrouvé d'ici là la rentabilité nécessaire pour le faire. "Le contexte sanitaire ne permet malheureusement pas un fonctionnement normal de l'économie française et beaucoup d'entreprises restent à la peine. Imaginer qu'elles dégagent à très cour terme une rentabilité supérieure est illusoire", insiste l'organisation dans un communiqué. "Bien au contraire, pour un grand nombre d'entre elles, les difficultés s'accumulent et la trésorerie comme les fonds propres sont au plus bas."

 

Regrouper l'ensemble des dettes et créances au sein d'un seul prêt

 

Partant de là, la CPME demande donc à différer le remboursement des PGE d'un an supplémentaire, une disposition à accorder "de droit" au moins pour les entreprises restant fermées sur décision administrative ou dont l'activité dépend des secteurs frappés par cette interdiction. Car les représentants des professionnels se montrent très prudents vis-à-vis de l'évolution de la situation : "Dans ce contexte, il convient de tout faire pour que le différé de remboursement initial du PGE d'une durée initiale d'un an soit effectivement prorogé d'un an supplémentaire pour les entreprises qui en font la demande", affirme la CPME. "Et si de nouvelles restrictions sanitaires devaient intervenir, on n'échapperait pas à une réflexion plus large sur une nouvelle prolongation du différé de remboursement", ajoute-t-elle. Concrètement, la confédération suggère de laisser aux entreprises la possibilité de regrouper "toutes les dettes et créances accumulées via un 'prêt consolidation'", un dispositif qui ferait lui aussi l'objet d'une garantie de l'État et qui pourrait être amorti sur une dizaine d'années. Alors que des bruits courent sur un hypothétique troisième confinement sanitaire en ce début 2021, la très délicate question de la trésorerie des entreprises reste, plus que jamais, sur la table.

 


Où en sont les PGE à l'heure qu'il est ?

 

 

D'après le tableau de bord interactif de Bercy arrêté au 11 janvier 2021, environ 638.030 prêts ont été accordés tous secteurs d'activité confondus, pour un montant total légèrement supérieur à 130 milliards d'euros, sur les 300 initialement prévus par le Gouvernement pour affronter la crise. Ce qui veut donc dire que l'État peut toujours octroyer plus de la moitié des financements débloqués pour ce dispositif.

 

Le secteur de la construction arrive en quatrième position des activités économiques ayant touché des PGE, avec 11,27 milliards d'euros cumulés (derrière le commerce, l'industrie manufacturière et les activités techniques et scientifiques spécialisées). Au niveau géographique, l'Île-de-France concentre la plus grosse part de demandes d'aides, avec 48,28 milliards d'euros de prêts accordés. La région parisienne est suivie par l'Auvergne-Rhône-Alpes (14,16 milliards) puis par la Provence-Alpes-Côte-d'Azur (10,8 milliards).

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