INDUSTRIE. Lors d'un déplacement en Vendée aux côtés de plusieurs membres du Gouvernement, le Premier ministre Jean Castex a annoncé le déblocage d'une enveloppe de 100 millions d'euros en faveur de la filière forêt-bois. Une décision qui s'inscrit dans le Plan de relance mais qui cherche aussi à répondre aux nombreuses problématiques du secteur.

La filière forêt-bois a eu les honneurs de l'exécutif ce week-end : lors d'un déplacement à la scierie de Piveteaubois, en Vendée, aux côtés de plusieurs membres du Gouvernement - Julien Denormandie, Franck Riester et Bérangère Abba, respectivement ministres de l'Agriculture, du Commerce extérieur et de la Biodiversité -, le Premier ministre Jean Castex a annoncé le déblocage d'une enveloppe de 100 millions d'euros en faveur du secteur. Une décision qui s'inscrit certes dans le Plan de relance mais qui cherche aussi à répondre aux nombreuses problématiques auxquelles sont confrontés les professionnels, du changement climatique à l'appétit vorace de certains investisseurs étrangers, en passant bien sûr par les risques de pénuries.

 

 

"Une question de souveraineté"

 

"En aval, les scieries de l'Hexagone subissent depuis plusieurs mois des tensions d'approvisionnement, en raison notamment de l'augmentation de la consommation mondiale de bois (+10% depuis un an), et des restrictions aux exportations décidées par certains pays", notamment la Russie, détaille un communiqué de Matignon, ajoutant que "ces dynamiques ne sont pas sans risques pour la filière : elles peuvent entraîner des hausses de coûts, des augmentations de délais voire des pénuries en bois brut". Autant de difficultés qui peuvent enrayer l'outil de production de bois tricolore, et poser à terme "une question de souveraineté".

 

L'exécutif s'est déjà tourné vers la Commission européenne pour lui demander de prendre "des mesures de sauvegarde au titre de la compétence commerciale et éviter ainsi l'emploi sous-optimal des ressources forestières européennes". Mais Jean Castex a déclaré "ne pas exclure des mesures conservatoires entre-temps", dans le cas où l'Union européenne ne réagirait pas "avant le 1er janvier" 2022. En parallèle, l'Office national des forêts (ONF) a aussi été sollicité pour "développer au maximum les contrats d'approvisionnement avec les scieries françaises", de sorte à éviter de voir partir la production issue des forêts domaniales "aux enchères" - faisant, au passage, les affaires de "traders" travaillant avec l'étranger, comme la Chine ou les États-Unis.

 

Des "Assises de la forêt et du bois" organisées dès le mois de septembre

 

Les dispositifs de soutien à la filière mis en place dans le cadre de France Relance vont donc se voir abonder de 100 millions d'euros supplémentaires, en plus des 200 millions déjà consacrés et qui se décomposent en 150 millions "pour le renouvellement forestier en amont", autrement dit le reboisement de 45.000 hectares de massifs, et en 50 millions "pour la modernisation des industries de transformation du bois en aval". Et le Gouvernement ne compte pas s'arrêter en si bon chemin, puisque Jean Castex a demandé à Julien Denormandie, Bérangère Abba et Agnès Pannier-Runacher (ministre de l'Industrie) d'organiser "dès la rentrée des Assises de la forêt et du bois". Un évènement qui se fixe pour ambition d'assurer "l'avenir à long terme de cette filière d'importance nationale" et qui se veut "un espace de dialogue, décliné dans les territoires, en cohésion entre les acteurs amont et aval, mais aussi les experts, les associations", d'après Matignon.

 

 

Pour le Premier ministre, "il faut que les professionnels s'organisent et prennent leurs responsabilités". "Il faut booster" la filière, a-t-il également fait valoir, assurant que "nous devons passer la surmultipliée". De son côté, le ministre de l'Agriculture a salué des moyens "très importants" dédiés aux forêts françaises : "Ces financements additionnels ne font sens que si on arrive à faire en sorte qu'ils ne soient pas cloisonnés entre l'amont et l'aval", a indiqué Julien Denormandie. Le chef du Gouvernement a enfin précisé que la filière "aura sa part" dans le plan d'investissements "pour bâtir la France de 2030", annoncé par le président de la République Emmanuel Macron le 12 juillet.

 

Il faut dire que l'industrie sylvicole est pour le moins attendue au tournant par le secteur du bâtiment, qui compte dessus pour atteindre la neutralité carbone et optimiser sa consommation d'énergie dans le cadre de la Réglementation environnementale 2020. L'Agence France Presse a d'ailleurs relevé que la société Piveteaubois, basée aux Essarts-en-Bocage et considérée comme l'un des spécialistes français du bois de construction, a signé en mai dernier un contrat de deux ans avec le major Bouygues "pour fournir jusqu'à 25.000 mètres carrés par an de bois d'ici 2025".

actionclactionfp