CRITIQUES. La filière gaz vient de faire savoir sa position au sujet de la future réglementation environnementale 2020 (RE 2020). Pour elle, les textes tels qu'ils sont envisagés favoriseraient artificiellement le chauffage électrique peu performant.

"Non au chauffage électrique peu performant qui aggravera la facture des Français" : ce sont les premiers mots d'un communiqué de presse de l'Association française du gaz (AFG), au sujet de la future réglementation environnementale 2020 (RE 2020). L'organisation NégaWatt avait déjà alerté les pouvoirs publics à ce sujet - et la filière électrique avait répondu point par point sur Batiactu. L'AFG reproche aux pouvoirs publics de donner un avantage concurrentiel important au chauffage électrique, dans le cadre de la rédaction des futures règles du jeu en matière thermique.

 

Deux "éléments majeurs de la politique énergétique" attaqués

 

"En abaissant artificiellement le coefficient d'énergie primaire de l'électricité et en proposant de modifier la méthode de calcul des émissions de carbone induites, les pouvoirs publics s'attaquent, sans concertation véritable, à deux éléments majeurs de la politique énergétique de notre pays", avance l'AFG, dans la lignée des éléments évoqués par NégaWatt et Coénove sur Batiactu.

 

 

Le débat tourne autour de la diminution du coefficient d'énergie primaire, qui pourrait passer de 2,58 à 2,1. "Le tour de passe-passe consiste à s'appuyer, ni sur la valeur actuelle retenue par consensus et déjà inférieure à la réalité, ni sur la méthode européenne appuyée sur le mix 2020, mais sur une valeur prospective du mix énergétique 2035, date où hypothétiquement il n'y aurait plus que 50% de nucléaire en France", explique l'AFG. Avec pour résultat d'entraîner le retour du convecteur électrique et d'ainsi alourdir la facture énergétique des Français, et le pic de consommation en hiver. Et ainsi mettre à mal "la rénovation du parc existant, déjà mal en point, qui en souffrira, faute de bénéficier de systèmes énergétiques performants".

 

Révision de calcul des émissions de C02

 

La filière gaz estime également que l'administration veut favoriser l'électricité par le biais de revoir la méthode de calcul des émissions en CO2 "en réduisant artificiellement le facteur d'émission de près de 60%". Les pouvoirs publisc envisageraient en effet de passer d'une méthode saisonnalisée à une méthode mensualisée. Ce qui aurait pour conséquence, pour les gaziers, de ne pas prendre en compte "la pointe électrique saisonnière que crée le chauffage électrique". "Selon des travaux menés par l'Ademe fin 2015, une telle révision conduirait à un facteur d'émission très favorable au chauffage électrique pour environ 80 g CO₂/kWh, soit une réduction du facteur d'émission d'environ 60 % par rapport à la méthode actuelle." En utilisant la méthode saisonnière, le contenu carbone du chauffage électrique "s'établit ainsi à 210 g C02/kWh", assure l'AFG.

 

L'AFG propose donc au Gouvernement de revoir sa copie, en se basant pour le coefficient d'énergie primaire sur l'année 2020 et non 2035, en prévoyant une actualisation de cette donnée tous les quatre ans ; et de revenir également sur la méthode de calcul des émissions de C02 qui pourrait elle aussi être mise à jour avec la même régularité.

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