CLIMAT. Du 2 au 14 décembre 2018, Katowice (Pologne) sera le centre du monde du développement durable. Les participants à la conférence des Nations unies devront s'entendre sur les modalités d'application de l'Accord de Paris, signé voilà 3 ans.

Le temps presse. Près de 200 dirigeants du monde étaient réunis à Paris, pour la COP21, en décembre 2015, pour signer un accord sur le climat. Il visait à limiter la hausse des températures moyennes à 1,5 °C d'ici à la fin du siècle, selon les recommandations des scientifiques du GIEC. Pourtant, les effets tardent à se matérialiser et le thermomètre risque de croître au rythme alarmant de +0,2 °C par décennie. En 2016, suite à la COP21, les signataires avaient convenu d'établir, en deux ans, des trajectoires leur permettant de limiter leurs émissions de gaz à effet de serre. Ce sera donc l'enjeu de la COP24 qui vient de s'ouvrir à Katowice, dans le sud de la Pologne : comment mettre en pratique l'Accord de Paris et de quelle façon, chaque gouvernement, mettra en œuvre ses actions au plan national et international (entraide).

 

 

Et les choses vont être compliquées, avec l'annonce du retrait des Etats-Unis et la réticence d'autres pays, comme l'Australie, à inscrire des objectifs qui limiteraient leur industrie dans les textes de loi. Les difficultés se concentrent notamment sur le calendrier d'application, qui pourrait être par phases de 5 ou de 10 ans. Certaines économies refusent, par exemple, d'incorporer dans cet échéancier, la finance ou l'adaptation, laissant craindre une possible "renégociation" de l'accord validé voilà trois ans. D'autres puissances rechignent à partager des informations, alors que l'adhésion implique transparence et communication. Les pays développés, qui disposent de davantage de moyens que ceux en voie de développement, devront également détailler leur plan de financement et de soutien, faute de quoi les investissements seront difficiles sans réelle visibilité.

 

La Pologne, championne d'Europe (du charbon)

 

 

Le nerf de la guerre sera donc au cœur des négociations. Les économies occidentales ont d'ores et déjà échoué dans leur promesse d'apporter 100 milliards de dollars par an pour la transition. La confiance s'est donc évanouie et les capacités pour les pays en développement de mettre sur pied des politiques climatiques ont été grandement réduites. La conférence de Katowice devra permettre de répondre à cette épineuse question avant 2025, puis plus loin, sur le long terme. L'établissement d'objectifs au-delà de cette date constituerait une victoire. De même, des engagements plus intenses de la part des économies les plus fortes dans le Green Climate Fund seraient des gages de succès.

 

Enfin, la COP24 sera également l'occasion pour les nations déjà touchées par le changement climatique de faire entendre leur voix. Le "dialogue de Talanoa", initié par les îles Fidji lors de la COP23 à Berlin, devra être poursuivi et intensifié, afin que les pays qui ont le plus contribué aux émissions de gaz à effet de serre reconnaissent leur responsabilité historique ainsi que leur incapacité à réagir avant 2020. Reste que le choix de la Pologne et de la zone industrieuse de Katowice, qui produit du charbon et de l'acier, pour accueillir une conférence sur le climat est surprenant. Le pays d'Europe centrale présente l'un des pires bilans énergétiques de l'Union avec 80 % de charbon dans sa production électrique. Et, alors que la communauté vient de décider de suivre l'initiative française de neutralité carbone en 2050, le gouvernement polonais fait de la résistance : "La Pologne est opposée à l'augmentation des objectifs de réduction du CO2 adopté par l'UE pour l'année 2030, car cela aura un impact négatif sur le secteur de l'énergie électrique et sur l'ensemble de l'économie polonaise", signale son ministère de l'Energie…

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