CONJONCTURE. Alexandra François-Cuxac, qui va passer la main en tant que présidente de la Fédération des promoteurs immobiliers, a présenté des chiffres 2020 peu encourageants, entre baisse des mises en chantier et baisse encore plus importante des autorisations. De quoi approfondir encore la crise en 2021.

"Je ne me rappelle pas avoir eu à commenter des chiffres aussi mauvais". La présidente de la FPI présente un bilan 2020 "morose" pour la profession, avec une contraction d'un quart des ventes en 2020 par rapport à 2021. Les promoteurs ont vendu, l'année dernière, 40.000 logements de moins, et ce malgré la hausse marquée des ventes en bloc aux investisseurs institutionnels et aux organismes HLM (+7,2 %). Ces ventes en bloc "sont un des faits marquants de l'année, mais il ne faut pas surestimer leur effet de soutien du marché", a prévenu, d'emblée, Alexandra François-Cuxac, en présentant les chiffres du quatrième trimestre et de l'année 2020, le 4 mars.

 

 

Ce "contexte vraiment morose, il faut revenir cinq ans en arrière" pour trouver l'équivalent, quand, en 2015, la construction atteignait un point bas. De cycle en cycle, la profession dénonce toujours l'action des pouvoirs publics, qui "empêchent" les promoteurs de répondre à la demande, toujours très dynamique, de logements en France.

 

Blocages politiques et contraintes réglementaires

 

La baisse d'un tiers, en un an, des mises en vente, serait en effet la conséquence, en premier lieu, d'un "blocage général" des permis de construire dans les métropoles, où "ni les élus ni la population n'acceptent les nouveaux projets" : les autorisations ont baissé d'un quart en trois ans. Pire, en 2020, dans le collectif, les autorisations ont chuté de 20%, mais les mises en chantiers de 9,2%. Cette situation vide les stocks et promet, d'après la présidente du mouvement, un nouveau choc "à l'été prochain voire début 2022".

 

Alexandra François Cuxac passe la main

 

Le mandat de la présidente de la FPI depuis 2015 (elle a été réélue en 2018) s'achève au 30 juin prochain. Une double candidature a émergé pour prendre sa succession : celle de Pascal Boulanger, qui dirige un groupe lillois, pour la présidence, et de Christian Terrassoux, président fondateur de Pitch Promotion, en qualité de président délégué.

 

La chute de l'offre est aussi, pour la FPI, la conséquence de "la multiplication des contraintes réglementaires et des facteurs de surcoût". Au premier rang desquels, la RE2020. "On avait déjà une règlementation parmi les plus performantes du monde avec la RT2012. On se fixe des objectifs supérieurs à la norme européenne. C'est très exigeant", commente Alexandra François-Cuxac.

 

"L'éternelle rengaine des architectes" sur la taille des logements

 

Les contraintes réglementaires, c'est aussi le référentiel sur le logement de qualité, que la ministre Emmanuelle Wargon a demandé à Laurent Girometti et François Leclercq d'élaborer, et dont elle a pourtant assuré qu'il ne serait pas "une nouvelle contrainte réglementaire". "Sur le référentiel, on fait du zèle", éructe Alexandra François-Cuxac : "c'est l'éternelle rengaine des architectes qui nous disent que les logements ne sont pas assez grands. Bien sûr qu'on aimerait faire des logements plus grands, mais la problème c'est le modèle qui ne fonctionne pas".

 

"On ne pourra pas faire des logements performants écologiquement et grands à un prix abordable, à moins d'être soit considérablement aidés par l'état, soit à un coût foncier considérablement plus bas".
- Alexandra François-Cuxac

 

Elle appelle à "sortir d'une posture perdante-perdante qui ne peut conduire qu'à la pénurie de logements. L'équation gagnante-gagnante est pourtant simple : renouer avec un discours volontariste et positif sur la construction de logements, et pour cela travailler tous ensemble (Etat, collectivités locales et professionnels), au modèle de logement neuf dont les français ont vraiment besoin et envie".

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