RENOVATION. Comment parvenir à adapter le parc existant aux exigences du 21e siècle en matière de performance énergétique, d'empreinte carbone et d'évolution des besoins des usagers ? En adoptant une démarche responsable, labellisée, prenant en compte tous ces aspects, répond Promotelec. Dominique Desmoulins et Dominique Cottineau nous en disent plus.

A l'occasion des 1res Assises du Logements au Conseil économique social et environnemental (CESE), l'association Promotelec a fait le point sur son label Rénovation Responsable, en annonçant une évolution pour le début de 2019. Car, comme le rappelle l'actualité et la hausse du prix des carburants, l'impact carbone va être de plus en plus présent dans le quotidien des Français. Dominique Cottineau, directeur en charge des Territoires pour Promotelec, explique : « Nous commençons à parler carbone dans l'expérimentation E+C- et cette dimension s'intégrera dans la prochaine Réglementation environnementale 2020. L'augmentation de la taxation carbone a pour but de répondre aux objectifs ambitieux de la Stratégie nationale bas carbone qui prévoit, pour le logement, une réduction de -87 % des émissions de CO2 en 2050 ».

 

 

Or, comme nous l'explique le directeur général de l'association, Dominique Desmoulins, certaines opérations de réhabilitation dégradent les performances carbone des bâtiments : « Il faut prendre en compte le carbone en rénovation, et mesurer les émissions avant et après intervention, pour que ces dernières soient meilleures et non pas moins bonnes ! Passer de l'électricité au gaz, par exemple, conduit à une dégradation de l'étiquette carbone, même si l'étiquette énergétique est améliorée ». Le directeur général poursuit : « Il y a un autre élément : si, dans la construction neuve, on considère que le poids carbone est réparti à 50-50 entre produits de la construction et usages du bâtiment, en rénovation, cette répartition n'est pas du tout la même. Elle est de 80 % pour l'usage et seulement 20 % pour les produits de construction ». Dominique Cottineau renchérit : « L'enjeu carbone ne doit pas venir complexifier l'acte de rénovation. Il est possible de faire des rénovations qui atteignent les deux objectifs, énergie et carbone. En moyenne, les matériaux et équipements ont des temps de retour carbone de l'ordre de seulement 10 mois. C'est donc bien la phase exploitation qui comptera le plus ». En moyenne, sur une durée de 25 ans, les produits et équipements de chauffage et de fourniture d'eau chaude sanitaire ne représenteront que 17 % des émissions totales de CO2.

 

Le but : éradiquer le fioul et les autres énergies émettrices de gaz à effet de serre

 

 

Les deux spécialistes insistent donc sur la nécessaire réflexion des sources d'énergie choisies, dès aujourd'hui, dans le cadre des réhabilitations. L'association Promotelec propose donc, lors des labellisations Rénovation Responsable, une méthode de calcul de l'impact carbone simple, à destination des bureaux d'études, des maîtres d'œuvre et des collectivités. « L'aspect carbone était déjà intégré depuis un an et demi dans cette labellisation. Mais nous nous rendons compte que ce seul critère n'est pas suffisant », nous confie Dominique Desmoulins. Outre les aspects Energie et Carbone, le label intégrera également l'aspect Confort d'usage. Dominique Cottineau évoque : « Parmi ces autres critères, on tiendra compte du maintien à domicile et de l'évolution des besoins des occupants ». Cet élargissement portera sur des notions sociétales liées à l'âge, les personnes à mobilité réduite ou à l'évolution des noyaux familiaux. « Il sera ainsi possible de savoir si un projet répond à tous les enjeux, y compris au niveau de la Stratégie nationale bas carbone », ajoute-t-il. Car, pour parvenir à respecter les engagements de la France en 2050, les choix d'aujourd'hui seront déjà cruciaux. Pour l'heure, l'association nous précise délivrer entre 1.500 et 2.000 labels Rénovation Responsable par an, « sans aucune aide financière ». Le directeur général de l'association note : « Ce label n'est porté que par la volonté citoyenne ». Promotelec espère donc mobiliser un nombre plus important d'acteurs de la construction afin de sensibiliser les Français à l'importance de rénovations énergétiques bien menées.

 

Les experts de l'association ont mené plusieurs projections afin de valider la démarche de rénovation bas carbone et ont vérifié par modélisation qu'un effort progressif passant de 500.000 réhabilitations par an en rythme de croisière, à 600.000/an en 2040 puis 700.000/an en 2050, permettrait d'obtenir un parc plus respectueux de la SNBC, en éradiquant le fioul, le charbon et le GPL comme sources de chauffage. Une ambition qui pourrait convaincre le gouvernement puisque Edouard Philippe a déclaré sur RTL, ce 14 novembre 2018 : « Notre objectif est qu'il n'y ait plus de chauffage au fioul individuel dans 10 ans ». Le Premier ministre estime que cette énergie est aujourd'hui chère, étrangère et polluante. Un dispositif d'aide à la conversion des chaudières sera donc mis en place, permettant de couvrir un tiers du montant de la modification d'énergie. Le coût de dépose des cuves à fioul entrera dans le cadre du CITE en 2019.

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