INNOVATION. Lancé fin 2017, le concept Power Road d'Eurovia compte actuellement six sites d'expérimentation en France et un à l'étranger. Utilisant le revêtement de la chaussée comme capteur solaire thermique, ce procédé permet de restituer la chaleur emmagasinée aux infrastructures environnantes. Précisions.

Alors que la route solaire Wattway de Colas voit des nuages s'accumuler au-dessus de ses panneaux photovoltaïques, l'horizon semble davantage dégagé pour son équivalent chez Eurovia (groupe Vinci), Power Road. Lancé fin 2017, ce procédé consiste à utiliser le revêtement bitumineux de la chaussée comme capteur solaire thermique, pour ensuite restituer la chaleur emmagasinée aux infrastructures environnantes. Actuellement expérimenté sur six sites en France - dans les Yvelines, le Doubs, l'Hérault, le Calvados, la Loire et la Corrèze - et un à l'étranger - à Prague, capitale de la République tchèque -, le concept Power Road affiche des résultats concluants qui semblent confirmer les objectifs techniques, économiques et environnementaux qu'Eurovia s'était fixé pour cette route à énergie positive. Avec 25% de captage énergétique maximal par jour, les capacités opérationnelles de l'infrastructure pour chauffer les bâtiments et déneiger les chaussées semble donc acquise.

 

 

Des aspects étudiés pour industrialiser le procédé

 

"Le sujet de la route à énergie positive est travaillé par tous les majors. Le choix d'Eurovia s'est porté sur l'énergie solaire thermique", explique pour Batiactu Sandrine Vergne, ingénieure en développement technique et cheffe de projet Power Road chez Eurovia. "On part du principe que la route est un corps noir qui monte en température pendant l'été, et qu'on peut ainsi stocker la chaleur en sous-sol. Pendant l'hiver, celle-ci est ensuite utilisée pour le déneiger et déverglasser, et aussi pour chauffer les bâtiments." Pas de panneaux photovoltaïques ici donc, mais du stockage et de la restitution de chaleur. "Le dispositif intrinsèque se compose d'un échangeur thermique, un circuit de tubes placé entre deux couches d'enrobés. La route exposée au soleil peut ensuite échanger de la chaleur, soit pour un usage direct, soit pour un stockage en sous-sol via un système de géothermie, puis l'extraction s'effectue via une pompe à chaleur."

 

 

Les développeurs de Power Road ont particulièrement veillé à l'intégration des tubes dans la chaussée, de manière à pouvoir mettre en place ce système dans les chantiers courants de voirie, avec les collaborateurs et matériels des équipes d'Eurovia. De même, un important travail a été opéré sur la formulation spécifique des enrobés. Néanmoins, certaines contraintes doivent également être prises en compte, à commencer par le type de trafic supporté par la chaussée : comme toute route, les véhicules amenés à circuler dessus vont éprouver la résistance mécanique et la durabilité de l'infrastructure. Chez Eurovia, si on assure que la Power Road peut être installée sur tout type de chaussée, on précise cependant que la "définition finale" de l'équipement dépendra du type de trafic.

 

Une solution bas-carbone recyclable

 

 

Afin de s'inscrire comme solution technologique bas-carbone, les performances énergétiques de la Power Road ont été validées dans l'optique de son insertion dans le mix énergétique. La recyclabilité de la chaussée est également assurée : pour pouvoir la valoriser, aucun élément mécanique ne la compose. Autant d'aspects qui devaient être pris en compte en vue de l'industrialisation du procédé. Et il ne faut pas non plus oublier la météo : "Le captage solaire thermique est évidemment lié aux conditions climatiques", poursuit Sandrine Vergne. "Nous avons ainsi développé des modèles pour recalculer les performances de la chaussée Power Road afin d'adapter les surfaces selon la finalité, le captage ou le déneigement."

 

Quant au coût d'une installation Power Road, il est défini "projet par projet, en fonction de la qualité de service et de la fourniture d'énergie souhaitées, pour ensuite dimensionner le dispositif", sachant que les retours sur investissements par rapport à des énergies conventionnelles sont aussi pris en compte. Niveau financements, le procédé d'Eurovia est soutenu par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) dans le cadre du Programme d'investissements d'avenir (PIA). En phase de déploiement, le concept a donc vu ses performances validées, ouvrant ainsi la voie à l'étude de nouveaux projets couvrant différents usages. "Aujourd'hui, nous proposons soit la qualité de service, soit la fourniture de chaleur pour des bâtiments techniques ou des logements sociaux", reprend Sandrine Vergne. "Nous avons deux axes de développement majeurs : s'inscrire dans le mix énergétique et proposer une solution de chaleur renouvelable." Une cinquantaine de projets Power Road sont aujourd'hui à l'étude, majoritairement implantés en France (quatre à l'international), et tous sur des infrastructures gérées par Eurovia.

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