Le dernier avis de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, l'environnement et du travail (Anses) vient de mettre en garde contre les risques sanitaires chez les travailleurs des enceintes ferroviaires et souterraines régulièrement exposés, là où l'air du métro et des gares est beaucoup plus chargé en particules fines. Elle invite ainsi à des "mesures de prévention" et de réduction des expositions. Premières réactions.

Dans son dernier avis publié mercredi 9 septembre, l'Agence nationale en charge de la sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) conclut clairement à "l'existence d'un risque sanitaire respiratoire et cardiovasculaire pour les travailleurs des enceintes ferroviaires souterraines régulièrement exposés."

 

Effectivement, d'après l'agence, l'air du métro et des gares souterraines est beaucoup plus chargé en particules fines que l'air extérieur - même à proximité du trafic routier - et que l'air des logements, signale-t-elle dans un document de travail. En détails, la concentration en "PM10", particules inférieures à 10 microns (10 µm) mesurée sur le quai dans les enceintes ferroviaires souterraines, en France, se situe entre 70 et 120 µg par m3 d'air en moyenne sur 24 heures, avec des pics maximaux sur une heure à 1 .000 µg/m3, détaille l'Anses. En comparaison, la concentration moyenne en PM10 à l'extérieur tourne autour de 25 à 30 µg/m3.

Des particules riches en métaux issues de l'usure du matériel roulant

En fait, ces particules riches en métaux proviennent essentiellement de l'usure du matériel roulant, en particulier de la friction des freins sur les roues des rames et du contact entre les roues des wagons et les rails. A noter que leur toxicité est encore "peu documentée", complète l'agence mais une "exposition chronique entraîne probablement une "inflammation des voies respiratoires" et "des effets délétères sont attendus sur la santé cardiovasculaire et respiratoire". Par conséquent, l'Agence invite ainsi à des "mesures de prévention" et de réduction des expositions.

 

Dans la foulée de la publication du rapport, la CFDT Transports environnement a vite réagi et réclamé, dans un communiqué, jeudi 10 septembre des "mesures d'urgence". L'Anses confirme ce que dit la CFDT Transports Environnement depuis 12 ans, son rapport doit "enfin contraindre les pouvoirs publics et les directions d'entreprises de mettre en place des mesures d'urgence", écrit la fédération syndicale dans le même communiqué.
Elle demande également au Gouvernement d'"immédiatement abroger le décret autorisant les salariés des entreprises à être exposés à un taux de microparticules cent fois plus élevé que pour les usagers à l'air libre."

 

De son côté, SUD-RATP se dit également "conforté" dans un communiqué par le rapport de l'Anses et appelle la régie des transports parisiens à "réduire la pollution aux particules dans ses tunnels".

Des mesures "déjà mises en oeuvre ou en cours"

Enfin, la RATP, par la voix de Sophie Mazoué, responsable des questions d'environnement a réagi à l'AFP, jeudi 10 septembre, précisant que les mesures demandées par l'Anses "sont déjà mises en oeuvre ou en cours pour réduire de façon drastique les émissions".

 

 

Et d'ajouter : "Plus de 95% des rames disposent d'un freinage électrique en complément du freinage mécanique et plus de 125 millions d'euros d'investissements ont été programmés depuis 2004 - et jusqu'en 2018 - pour développer et moderniser les systèmes de ventilation." Par ailleurs, la RATP, signale qu'une "étude épidémiologique montre qu'on ne constate pas plus de maladies chez [ses] agents en souterrains par rapport aux autres".

 

Pour la SNCF, Alain Krakovitch, responsable du réseau Transilien, a tenu à préciser qu'il surveille particulièrement "la maintenance de (ses) installations (d'évacuation de l'air)" et évoque "des recherches en cours sur la poussière générée par le freinage". A bon entendeur…

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