TRANSITION. En se basant uniquement sur l'instrumentation et sur des algorithmes, un bureau d'études français promet de mieux maîtriser les factures d'énergie tout en améliorant le confort d'usage sans intervention sur le bâti. Son secret ? Une simulation thermique dynamique très précise. Explications avec Gilles Nozière, le fondateur d'Oze-Energies.

Maîtriser les dépenses d'énergie tout en améliorant le confort : la quadrature du cercle ? Pas pour Gilles Nozière, ingénieur et fondateur d'Oze-Energies, qui planche sur le sujet depuis 2011. Son bureau d'études, à l'origine spécialisé dans les installations de renouvelables, s'est orienté vers le calcul prévisionnel et la simulation thermique dynamique. Il nous raconte : "Notre solution, Optimzen, est basée sur l'Internet des objets et sur des algorithmes de modélisation précis. Une vingtaine de capteurs, installés dans un immeuble, permet d'obtenir un grand nombre de données : température, humidité, concentration de CO2, luminosité, mouvements, consommations d'énergies… En trois semaines on obtient suffisamment de mesures pour réaliser des calculs prévisionnels ne présentant que 2 % d'erreur".

 

25 % de charges en moins, sans nuisance

 

A partir de ces profils d'usage du bâtiment, la société propose d'optimiser les consommations, non pas par une intervention physique sur les systèmes ou les matériaux, mais simplement par une amélioration des réglages et des abonnements de fourniture d'énergie. "Souvent, la puissance souscrite est trop forte. Il est donc possible d'économiser sur la Turpe ou l'énergie électrique réactive. Et cette situation est identique pour les calories ou frigories, où les contrats ne sont pas adaptés. D'où des avantages tarifaires importants", poursuit le dirigeant. L'autre levier d'action simple est un meilleur réglage des équipements de chauffage, ventilation et climatisation. La société Oze-Energies, qui n'intervient pas sur site, formule des recommandations qui sont appliquées par l'exploitant ou l'entreprise de maintenance. Voulue comme une société de prestation de service, elle se rémunère grâce à un abonnement avec location des capteurs qui sera financé, elle l'assure, par les gains réalisés.

 

Et ces gains sont importants : 25 % d'économies en moyenne sur les consommations d'énergie, sans travaux. D'où une intéressante baisse des charges pour les occupants. Dans le logement collectif, par exemple, Oze-Energies met en avant l'optimisation de trois immeubles appartenant à In'Li (groupe ActionLogement) et représentant en tout 31.750 m² où les consommations ont été réduites de -26 % à -49 % selon les cas sur une période de test de cinq ans (2012-2017). "Charges réduites mais confort augmenté", argumente Gilles Nozière qui précise que les températures moyennes mesurées dans les appartements ne sont pas les 19 °C réglementaires mais se situent plutôt au-delà des 20 °C. "A ce jour, notre solution est déployée sur 3 millions de m², essentiellement dans le tertiaire (75 %)", ajoute-t-il. Mais en quoi cette offre se démarque-t-elle des thermostats connectés aujourd'hui présents sur le marché ? "Notre puissance de calcul : un bâtiment instrumenté représente 2 millions de données par an qu'il faut savoir exploiter", répond le responsable qui mise sur le data mining. Quant à la donnée elle-même, le dirigeant nous assure qu'elles sont sécurisées, protégées et anonymisées, mais surtout qu'elles ne présentent aucun caractère stratégique. Avantage supplémentaire du boîtier Oze-Energies communicant en LoRa et Wifi : il n'est pas intéressant de le pirater puisqu'il n'agit pas comme un contrôle-commande sur les installations du bâtiment, mais uniquement comme un simple capteur.

 

… et 60 % de moins si des travaux sont entrepris

 

 

La société française va continuer à faire évoluer sa solution mais cherche principalement aujourd'hui à développer son réseau commercial, à destination des propriétaires et occupants, en France comme vers le reste de l'Europe. Elle entend également trouver des partenaires industriels dans le domaine du bâtiment et de l'énergie, mais aussi de l'Internet et de l'audit. Confiant, Gilles Nozière déclare : "Si la solution Optimzen était déployée sur tous les bâtiments de plus de 5.000 m² en France, la facture énergétique nationale serait diminuée de 2 milliards d'euros par an. Tout simplement". Un potentiel d'économies gigantesque dont les effets pourraient même être démultipliés par la réalisation de travaux d'isolation ou de remplacement des systèmes : la réduction des consommations pourrait alors passer de 25 % à 60 % !

 

L'exemple de l'optimisation de quatre immeubles de bureaux parisiens :
Grâce à sa technologie Optimzen, Oze-Energies a permis à Union Investment Real Estate de réaliser 26 % d'économies d'énergie hors travaux dans quatre grands immeubles parisiens de bureaux situés en différents points de la capitale (Trocadéro, avenue de France, bord de Seine et rue de la Victoire). Cette économie représente près de 650.000 €/an. Le taux de retour est ainsi inférieur à une année. Les actions réalisées ont porté sur : l'arrêt de la ventilation GV des parkings, l'optimisation du débit d'eau glacée (augmentation du delta T), la réduction des horaires de fonctionnement des centrales de traitement d'air ainsi que la modification de leurs températures de soufflage. Les modifications de contrats auprès de CPCU (réseau de chaleur) ou de Climespace (réseau de froid) font partie d'autres pistes d'économies supplémentaires.

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