Après Paris, New York, Kyoto... l'architecte américain d'origine chinoise Pei, laisse sa marque à Berlin avec une annexe au Musée historique allemand en verre et calcaire, abritant un puzzle de passerelles et d'escaliers.

Vision fantaisiste d'une quête d'un paradis impossible, des escaliers courent dans l'espace, se croisent et se courbent, tantôt roulants, tantôt statiques, sans objectif pratique évident.

Relayés par des passerelles aux rampes de verre, ils lient les quatre niveaux de l'édifice, largement ouverts sur une halle gigantesque délimitée par une immense surface de verre, la façade de l'annexe.

"Le concept de Pei est qu'il ne voit pas le musée juste comme un lieu de contemplation artistique, mais comme un lieu de communication. L'espace doit être rempli de vie, de mouvements, de perspectives, favorisés par tous ces escaliers", explique la directrice du projet, l'Allemande Christiane Flaschen.

Sculpture à vivre, l'oeuvre de 4.500 m , qui vient d'être inaugurée, réserve moins de la moitié de son espace à l'objectif muséal à proprement parler, des salles au sol de bois amovible, et au plafond doté de multiples fentes coulissantes pour flexibiliser l'espace à l'aide de panneaux.

L'édifice doit accueillir des expositions sur le thème de l'histoire, à l'image du bâtiment principal, fondé en 1706 et situé sur l'artère mythique de l'est de Berlin, Unter den Linden, et destiné à "rendre l'Histoire plus transparente".

L'annexe, qui a coûté 54 millions d'euros à l'Etat fédéral, ouvre le 24 mai avec une exposition intitulée "L'idée Europe - projets pour la paix éternelle". Devraient suivre, "Mythes et nations" et "La Grande Guerre".

Promontoirs et balcons intérieurs permettent une ribambelle de perspectives, dotant l'édifice de mille visages, comme dans un mirage. Forme de prédilection de Pei, le triangle sert de base à nombre de colonnes, balcons, luminaires et fenêtres.

"Transparence, mouvement et lumière, voir et être vu sont les moyens par lesquels le bâtiment attire l'oeil du public: à travers la façade de verre, on participe aux mouvements intérieurs comme on lèche une vitrine", souligne Christiane Flaschen.

En contrepoids à la complexité de la structure, l'architecte de 85 ans a choisi la sobriété dans les lignes et les matériaux. De la pierre calcaire de France alliée à de fines plaques de béton subtilement superposées, du granit d'Amérique du nord au sol et du verre incolore pour la façade.

Encastré entre une ruelle du centre historique et le Deutsches historisches Museum, l'oeuvre de Pei, par nature ouverte sur l'extérieur, souffre d'une vue obstruée. Le dernier étage pallie à cette lacune: sous une verrière, des points de vue ont été intégrés, comme une tourelle de verre qu'on gravit par un élégant escalier en colimaçon. Au sommet, on embrasse Berlin, capitale en mouvement.

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