PATRIMOINE. La restauration de la flèche de la cathédrale Notre-Dame de Paris vient d'amorcer sa première étape : les huit chênes aux dimensions exceptionnelles qui permettront de restituer le tabouret ont commencé à être sciés. Le sciage du millier de grumes sélectionnées et récoltées pour la reconstruction intégrale de la flèche sera assuré jusqu'en janvier par une cinquantaine de scieries dans toute la France.

La restauration de la flèche de la cathédrale Notre-Dame de Paris vient d'amorcer sa première étape : les huit chênes aux dimensions exceptionnelles - plus d'un mètre de diamètre et "plus de 20 mètres de grume utile d'une courbure spécifique" - qui permettront de restituer le tabouret ont commencé à être découpés à la scierie des Géants, en Mayenne, indiquent l'Établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris, l'Office national des forêts (ONF), l'inter-profession France Bois Forêt (FBF) et la Fédération nationale du bois (FNB) dans un communiqué commun. En parallèle, le sciage du millier de grumes sélectionnées et récoltées au printemps 2021 pour la reconstruction intégrale de la flèche (travées adjacentes et transept) sera assurée jusqu'en janvier par une cinquantaine de scieries dans toute la France. Pour rappel, l'ensemble de ces chênes a été fourni à titre gracieux par la filière forêt-bois, la moitié provenant de forêts publiques - exactement 32 domaniales et 70 communales -, l'autre moitié étant issue de 150 forêts privées.

 

 

Les bois sélectionnés arriveront sur le chantier en 2023

 

Toujours dans l'optique de rouvrir la cathédrale au culte et à la visite en 2024, année des Jeux Olympiques à Paris, les bois débités seront ensuite transportés jusqu'à des centres de stockage aménagés par l'établissement public, où il seront triés et pourront continuer à sécher. Vers la mi-2022, ils seront de nouveau acheminés vers les ateliers des charpentiers lauréats des marchés de travaux, où ils seront assemblés "à blanc" avant de rejoindre le chantier, en 2023. Les huit grumes spécifiques mises de côté "serviront à reconstruire le tabouret de la flèche et formeront les poutres sur lesquelles elle prendra appui", a expliqué le président de l'établissement public, le général d'armée Jean-Louis Georgelin.

 

Plus largement, c'est toute la filière forêt-bois qui s'est mobilisée pour le chantier de reconstruction de Notre-Dame de Paris, des gestionnaires de massifs aux coopératives forestières : "Ce défi collectif illustre le savoir-faire français en matière de sylviculture et de transformation des bois, ainsi que la cohésion de notre filière (...), au service du patrimoine commun de la Nation", a insisté Jean-Michel Servant, président de FBF. "L'ONF a ainsi fourni 403 chênes de haute qualité issus des forêts domaniales (...)", a abondé le directeur général de l'office public, Bertrand Munch. Selon Jacques Ducerf, à la tête de la FNB, "toutes" les scieries engagées dans la transformation des grumes destinées à la cathédrale "sont en capacité de débiter des pièces exceptionnelles pouvant atteindre, pour certaines, 14 mètres, voire 22 mètres pour les plus remarquables".

 

Une préservation des forêts qui remonte au Roi-Soleil

 

 

Pour rappel, Emmanuel Macron et la Commission nationale du patrimoine et de l'architecture ont validé à l'été 2020 le recours au bois de chêne massif pour la charpente, en vue de rebâtir la flèche signée par Viollet-le-Duc et de reconstruire le grand comble de l'édifice. "Nous avons préconisé une reconstruction de la charpente dans son matériau d'origine, notamment en raison du caractère authentique et durable du chêne, qui dispose également de la plasticité nécessaire pour supporter les contraintes de l'édifice", avait précisé l'architecte-en-chef des monuments historiques, Philippe Villeneuve. Les chênes, qui proviennent de toutes les régions métropolitaines, ne représentent que "0,1% de la récolte annuelle de bois de chêne français destiné à être utilisé dans la construction ou l'ameublement", soit environ 2.000 mètres cubes sur 2 millions de m3 récoltés chaque année. Une action qui s'inscrit dans une tradition remontant à la monarchie : "Les forêts d'aujourd'hui sont l'héritage d'une longue histoire marquée notamment par l'action de Louis XIV et de Colbert, qui ont initié une politique de préservation des forêts. En 1857, seuls 13% de la surface française était forestière. Aujourd'hui, on estime que 31% de notre territoire est forestier", explique une fiche technique de l'établissement public.

 

Les entreprises qui souhaitaient candidater aux appels à candidatures et à l'appel d'offres, respectivement relatifs à la reconstruction de la flèche et des transepts, ainsi qu'à la réalisation des restaurations intérieures, avaient jusqu'au 16 et 22 novembre derniers pour déposer leurs dossiers. Les artisans, TPE et PME du bâtiment étaient d'ailleurs invités à se mobiliser pour ce chantier symbolique. "Le cahier des charges a été adressé à celles retenues afin qu'elles puissent présenter leur offre, début 2022. Les entreprises retenues seront connues au printemps 2022", confirme la fiche technique.

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