De plus, le CSTB rappelle que la performance thermique des isolants s'exprime exclusivement sous la forme d'une résistance thermique R mesurée en unités du système international de mesure (m2.K/W) à l'exclusion de toute autre appellation et que dans le cas particulier des produits minces réfléchissants, la résistance thermique R peut être déterminée dans le cadre d'un Agrément Technique Européen ou d'un Avis Technique. «A ce jour, il existe environ une dizaine de produits de cette nature qui ont fait l'objet d'un Avis Technique», précise Jacques Planeix, de l'UMPI. Ainsi, «plus la résistance thermique R d'un produit ou d'une paroi est élevée, meilleure est la performance d'isolation, ce qui diminue les déperditions en hiver et les apports solaires en été», commente ce dernier. Ainsi, le CSTB a démontré «qu'en période froide, et dans des conditions les plus favorables, la résistance thermique maximale d'un produit mince réfléchissant courant de 2 cm d'épaisseur avec deux lames d'air adjacentes, ne peux pas dépasser 2 m2.K/W».

Une nouvelle norme européenne à venir

Mais les normes actuellement utilisées en France pour mesurer les caractéristiques thermiques des matériaux isolants ne paraissent pas suffisantes pour évaluer les performances thermiques réelles des isolants minces multicouches réflecteurs. «Les méthodes actuellement normalisées ne mesurent que les caractéristiques intrinsèques des matériaux, mais sous-évaluent largement les apports des produits minces réfléchissants à la performance thermique des parois de bâtiments, en omettant, entre autres, leurs propriétés d'écran à l'air et au vent», commente Jean-Michel Bonnet.
Pour y remédier, le Comité Européen de Normalisation CEN/TC89 «performances thermiques des bâtiments et de leurs composants» vient de constituer, à la demande d'industriels des isolants minces multicouches réflecteurs (SFIRMM), un groupe de travail, afin de préparer un projet de norme européenne pour la détermination des caractéristiques thermiques «in-situ» des isolants de tous types.

 

«En, effet, le SFIRMM, dont nous sommes membres, défend depuis de nombreuses années l'intérêt des tests en conditions réelles d'utilisation pour faire évoluer les méthodes de tests en laboratoire dans le sens de la réalité, en prenant en compte notamment le facteur de perméabilité à l'air des isolants qui a une influence déterminante sur leur performance thermique et donc sur la consommation énergétique des bâtiments. Ce travail commence à porter ses fruits puisque le Bureau Technique du Comité Européen de Normalisation (CEN) a chargé le Comité Technique n°89 spécialisé dans la performance thermique des bâtiments et des composants du bâtiment de créer en mai dernier un groupe de travail, le 'Working Group 13'», commente Laurent Thierry. Ce groupe devra proposer une norme basée sur des tests in situ qui s'appliquera à toutes les différentes catégories d'isolants et permettra de compléter leur valeur de résistance thermique actuelle.

 

«Même si nous avons encore un débat d'expert sur ce que doit être une méthode d'évaluation in-situ, cette future norme devrait nous faire faire un grand pas vers l'évaluation réaliste et comparative des performances thermiques des isolants de tous types, une fois qu'ils sont installés dans les ouvrages de bâtiment», espère Jean-Michel Bonnet. «Et ces travaux devraient constituer un point de convergence entre tous les industriels des produits minces réfléchissants, leur donnant ainsi l'occasion de dépasser leurs divergences antérieures», ajoute le président de l'APPMR. Mais ces travaux de normalisation européenne nécessitent de mettre tout le monde d'accord, et la future norme mettra sans doute du temps avant d'être publiée. «Ce projet de norme qui ne verra le jour, malheureusement que dans quelques années, permettra à tous les produits d'être référencés. Elle aura le mérite de canaliser, de clarifier la situation», commente Jacques Planeix, car pour pouvoir comparer les isolants, il est indispensable qu'ils soient tous évalués selon un référentiel unique, cohérent et validé.

 

«Ce que nous dénonçons, dans l'attente de cette future norme, c'est que certains industriels continuent à afficher pour leurs produits des performances thermiques largement sur-évaluées sur la base de méthodes non officiellement validées», s'insurge Jean-Michel Bonnet. Toutefois, Laurent Thierry temporise, «face aux immenses défis liés à la réduction énergétique des bâtiments, chaque type d'isolant a sa place et les isolants minces représentent une solution intéressante, notamment en rénovation».

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