Les chantiers de BTP, très sensibles au froid, tournent au ralenti et risquent d'être rapidement "gelés" si les basses températures persistent. Certaines entreprises du secteur sont réquisitionnées pour déblayer la neige des routes.

Quelques retards de chantiers de bâtiment sont notés en Alsace, dans le Nord ainsi qu'en Ile-de-France et des adaptations sont nécessaires dans le Languedoc-Roussillon, région peu habituée aux fortes précipitations neigeuses. Mais aucune situation alarmante n'est notée pour le moment, indiquait-on vendredi au sein des différentes fédérations professionnelles du bâtiment et des travaux publics.

Dans le domaine de la construction, certaines activités sont gelées au sens propre quand les températures chutent sous 0°: il est alors impossible techniquement de couler du béton, d'utiliser de la peinture acrylique, des colles et des adjuvants, de creuser des tranchées, de réparer des canalisations, de monter sur les toits devenus glissants, a indiqué Stéphane Haussoulier, secrétaire général de la Fédération Régionale des Travaux Publics (TP) de Picardie.

A Chauconin, le chantier de la prison, au point mort depuis plusieurs mois en raison du froid, avance au ralenti. Les travaux, qui avaient déjà pris du retard à l'origine, devraient être finis à l'horizon 2003. Un premier report avait prévu un an de retard, mais aujourd'hui, c'est 2005 qui semble l'échéance la plus prévisible.

A la Plaine Saint Denis, c'est la chantier de Landy-France, le plus grand actuellement en cours en Ile-de-France, qui pâtit des conditions climatiques. Mais pourtant, selon les responsables du chantier, tous les ouvriers sont présents. " Travailler, ça réchauffe ", explique l'un des employés, casque vert sur la tête ; gant et parka fourrée sur les épaules.

Le président des Travaux Publics de la région Rhône-Alpes, Jean-Louis Courbon, a souligné que pour l'instant il s'agit d'"une gêne relativement habituelle en cette période de l'année". En revanche, si les températures négatives devaient se poursuivre, des paralysies pourraient perturber à terme l'activité du secteur.

Pour l'instant, les réparations sur les routes et les couvertures de chaussées sont arrêtées car les matériaux et les équipements ne sont pas utilisables en période de grand froid, a-t-il ajouté. Dans certains cas, il est possible de rajouter des produits antigel, notamment pour le béton, mais la situation n'est pas encore assez préoccupante, a-t-il précisé.

Perquisition et chômage forcé

Dans cette région comme dans d'autres, les entreprises de travaux publics qui disposent d'une importante flotte de camions peuvent être contraintes d'arrêter leurs activités pour cause de réquisition, dans le cadre d'une convention signée avec leur conseil régional.

Les entrepreneurs doivent alors mettre à la disposition des collectivités locales ou des sociétés privées leur personnel et leur matériel pour saler les chaussées et déblayer la neige des voies de communication (routes, parkings, voies ferrées...).

"Actuellement, les parkings des supermarchés sont déblayés avant les routes car la demande des grandes surfaces pour permettre à leur clientèle de se garer en période de soldes est très pressante", note M. Courbon. Pour pallier ces aléas climatiques, la profession du bâtiment a mis en place une Caisse nationale de chômage intempérie. Ce système permet de rémunérer les salariés quand les conditions météorologiques ou la sécurité ne sont pas assurés.

Mais avec les 35 heures, les entrepreneurs annualisent le temps de travail et proposent aux salariés de prendre des récupérations l'hiver, indique-t-on à la Fédération nationale des travaux publics (FNTP). Chez Bouygues, on souligne que "quelques chantiers logement sont suspendus pour 3 à 4 jours en Ile-de-France, notamment dans le gros oeuvre, car il s'agit avant tout d'assurer la sécurité des salariés. Outre le froid, le grand danger est le verglas".

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