PAROLES D'ARCHITECTES. L'agence Urbane Kultur œuvre à concevoir des bâtiments publics sobres et respectueux de l'environnement. Son co-fondateur, Philippe Dahan, défend ses convictions dans une interview à Batiactu.


Une architecture simple et écologique, c'est ce que prêchent les créateurs de l'agence strasbourgeoise Urbane Kultur, Philippe Dahan et Dominique Cornaert. Ces derniers se sont rencontrés dans les années 1990 au sein de la célèbre agence Architeacturestudio, où ils ont participé à la conception du bâtiment Louise-Weiss du Parlement européen à Strasbourg. Leur cabinet voit le jour en 1999. Depuis, les deux hommes ciblent le marché public et travaillent régulièrement sur des projets de piscines, notamment Tournesol. Philippe Dahan a accepté de répondre à nos questions.

Batiactu : Comment se porte votre agence et quel regard portez-vous sur le marché ?

Philippe Dahan : "Jusqu'ici tout va bien", comme dirait un personnage du film La Haine (1995). Nous avons eu de la chance durant la période du Covid-19 car nous travaillions sur un projet important en phase d'étude. Les deux mois du confinement m'ont permis de me focaliser sur le dessin du bâtiment et ses détails. Cette phase a été facturée, ce qui a aidé l'agence à rester en bonne santé financière. Actuellement, sept projets sont à l'étude.

 

Quant au marché, je constate une explosion de la commande publique ces derniers temps. Nous avons présenté plus de concours l'an dernier qu'à l'accoutumé. Malgré ce dynamisme, je m'inquiète de la situation actuelle. L'inflation et la récente crise des matériaux font que plus personne ne sait combien coûte un édifice. Les porteurs de projets estiment des budgets mais les prix des matériaux ne sont plus les mêmes au moment de la réalisation. Nous menons, par exemple, une étude sur un équipement public près de Strasbourg, dont le budget est estimé à trois millions d'euros. Mais si les prix des matériaux continuent d'augmenter et que le budget est revu à la hausse, il est possible que le projet soit finalement repoussé ou annulé. Nous travaillons aussi sur un projet important à ossature bois mais le prix du bois varie chaque semaine, entre 900 et 1.800 euros le m3. Cette situation est très inquiétante pour les cabinets d'architecture et pour la commande publique. Je me fais du souci pour notre agence, qui collabore principalement avec des petites collectivités. Que fera-t-on si on ne peut plus construire les projets qui sont à l'étude ?

 

"Passons à un modèle de décroissance."

Quelle est votre vision de l'architecture aujourd'hui ?

La vraie question est de se demander comment inscrire l'architecture dans les enjeux de société, au premier rang desquels la préoccupation environnementale ? Nous, professionnels, devons changer de paradigme. Détournons-nous du modèle ultra-libéral qui a remporté la guerre du XXe siècle, et passons à un modèle de décroissance, de frugalité.
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