MATERIELS. L'Union française du levage organisait ce mardi 20 novembre sa première Rencontre nationale au Musée des arts forains, à Paris. L'occasion pour la profession de rassembler de manière inédite ses troupes, et de faire le point sur les tendances du marché et les enjeux des mois à venir.

L'Union française du levage (UFL) ambitionne de monter en puissance. Pour ce faire, l'organisation, créée en 1972, organisait ce mardi 20 novembre sa première Rencontre nationale de la profession au Musée des arts forains, à Paris. Les représentants d'entreprises de levage et manutention étaient donc conviés à cet évènement pour échanger et faire le point sur les tendances du marché ainsi que les enjeux des mois à venir. Dans la foulée, l'assemblée générale du syndicat s'est tenue, afin d'informer ses adhérents de l'avancement des différents dossiers les concernant. Alexandre-Jacques Vernazza, PDG de la société Mediaco (un des membres fondateurs de l'UFL) et président du syndicat, a détaillé à cette occasion les ambitions de la profession : "Tout d'abord, nous souhaitons mettre en place des réunions régionales trimestrielles afin de présenter notre programme et de fédérer les levageurs. L'objectif est aussi d'attirer de nouveaux adhérents." L'UFL, qui existe depuis une quarantaine d'années, "évolue et connaît une belle croissance" selon son président, mais manque toujours de reconnaissance de la part du Gouvernement. L'idée est donc de faire grossir l'organisation de manière à lui conférer un poids dans les décisions publiques.

 

Faire appliquer les conditions générales d'utilisation, et instaurer un label

 

"Nous avons aussi la volonté de généraliser les conditions générales d'utilisation de l'UFL auprès de nos adhérents et de nos clients", poursuit Alexandre-Jacques Vernazza. "Il faut faire connaître, faire adhérer et faire appliquer ces conditions générales, qui sont les seules valables sur le plan juridique." Ensuite, l'UFL souhaite instaurer un label au début de l'année 2019 : "Pour obtenir cette labellisation, les candidats devront respecter une liste de six à huit critères, dont un relatif au transport et à la dépose des contre-poids, de sorte que la facturation s'effectue à l'avenir auprès des clients". La profession sera par ailleurs vigilante sur le respect du Code du travail, particulièrement au niveau des travailleurs détachés. En effet, l'UFL incite l'ensemble des levageurs étrangers à se conformer à deux critères : d'une part, le fait de posséder au moins cinq grues immatriculées en France ; d'autre part, avoir des salariés détachés en France.

 

Une surcharge gazole indexée sur le coût à la pompe

 

Globalement, le monde du levage admet souffrir d'un manque de visibilité, dû à une carence en communication, d'où ces "bonnes résolutions" visant à accroître la cohésion des levageurs et à valoriser leurs métiers. Dans cette optique, l'intégration de l'UFL au DLR (Fédération des distributeurs, loueurs et réparateurs de matériels) a déjà apporté une grande satisfaction à l'ensemble des adhérents. Et la profession a tout intérêt à faire montre de solidarité au vu de l'actualité, à commencer par la suppression du taux réduit de TICPE (Taxe intérieure sur la consommation des produits énergétiques) pour le GNR (Gazole non-routier) : "Suite à cette décision, nous allons préconiser à nos levageurs d'appliquer dès le début 2019 une surcharge gazole indexée sur le coût du carburant à la pompe, soit entre 2 à 4%", précise Alexandre-Jacques Vernazza. "Personne n'a vu la mesure arriver", indique-t-on au syndicat. "Chez Bercy, on nous a dit : 'C'est comme ça, et pas autrement'. Le bras de fer est terrible, et va encore aggraver les relations entre fournisseurs et clients."

 

Des engins toujours plus performants, des paiements toujours plus délicats

 

S'agissant des tendances qui se dessinent actuellement et des enjeux pour les mois à venir, le président de Mediaco estime qu'un nombre croissant de constructeurs conçoivent des engins de plus en plus performants et répondant au Code de la route (par rapport à la problématique de la charge à l'essieu) : "Globalement, on assiste à un prolongement des flèches, qui entraîne logiquement une augmentation des contre-poids. Je dirai qu'il y a eu énormément d'évolutions depuis 10 ans, et surtout depuis 5 ans." Mais, si sur le plan technique le baromètre est au beau fixe, il tourne à l'orage sur le plan relationnel : "On assiste à une vraie guerre entre les levageurs et leurs grands clients", précise-t-on au syndicat. "Le sujet, c'est le respect des conditions contractuelles et des paiements, un sujet qui affecte en réalité l'ensemble des matériels."

 

Malgré cela, la profession ne communiquera pas son chiffre d'affaires, le nombre de levageurs en France ainsi que la quantité d'engins immatriculés dans l'Hexagone, avant plusieurs mois. "Je peux déjà vous dire que notre marché se porte bien, il est en croissance", tempère Alexandre-Jacques Vernazza. Trois levageurs nationaux, dont deux groupes familiaux, se partagent 60% du marché, les 40% restants étant répartis entre des sociétés indépendantes. "Il y a une forte concurrence inter-régionale. Mais notre profession recrute et elle a besoin de recruter, même si nous rencontrons des difficultés… La période actuelle reste complexe."

 

D'autres horizons semblent cependant un peu plus dégagés, à l'instar des chantiers du Grand Paris. La typologie spécifique des travaux nécessite une typologie d'engins elle aussi particulière, d'autant qu'il faut faire preuve d'anticipation entre tous les acteurs : "Un chantier de levage se prépare entre 6 à 8 mois à l'avance", souligne Alexandre-Jacques Vernazza. Car la technicité des métiers du levage implique évidemment de disposer de salariés qualifiés. Par ailleurs, les marchés du bâtiment, des travaux publics et de l'éolien restent assez porteurs pour ce secteur qui veut placer la barre encore plus haut.

 

 

 

Les Trophées du levage

 

La première Rencontre nationale de l'Union française du levage s'est soldée par la cérémonie des Trophées du levage. Ces récompenses se répartissent en quatre catégories et sont décernées directement aux entreprises. La liste des vainqueurs devrait être dévoilée dans les jours qui viennent.

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