La Fédération des entreprises internationales de la mécanique et de l'électronique (Ficime) a rendu public les chiffres du secteur pour 2014 tout en esquissant la tendance pour le début de 2015. Pour son président, Alain Rosaz, la situation est préoccupante et les perspectives incertaines. Jean-Marie Osdoit, le président du Seimat, partage cette analyse.

"Le baromètre de la Ficime, qui regroupe plusieurs syndicats de la mécanique et de l'électronique, est un bon indicateur macro et micro-économique, car il est concret, en provenance directe des entreprises, au plus près du marché", estime Alain Rosaz, le président de la fédération, "et il nous indique un net ralentissement au second semestre 2014". Pour le secteur mécanique, l'activité aurait marqué un léger repli de -0,4 % en valeur, mais, de façon plus préoccupante, les commandes sont en chute libre avec -13,4 % par rapport à leur niveau à la fin de 2013. Les matériels de chantier, en particulier, ont connu un recul, avec une baisse du chiffre d'affaires de -2,9 % par rapport au 2e semestre 2013, alors que les outillages électroportatifs sont restés stables (+0,2 %). Selon le président de la Ficime, le marché serait "erratique" présentant une succession de chutes et de rebonds. Sur l'ensemble de l'année 2014, la Ficime enregistre une activité en hausse de +3,3 %. "Mais les commandes sont en repli de -2,4 %, il va falloir faire attention à l'avenir", prévient Alain Rosaz. Spécifiquement sur les matériels de BTP, l'activité sur les deux semestres d'équilibre à +1,6 %, elle atteint les +3,5 % pour l'outillage, et surtout +16,3 % pour les moteurs industriels. Pour ce dernier segment, l'activité a été portée par l'entrée en vigueur, depuis le 1er janvier 2015, des nouvelles normes Tier 4, hâtant les achats en fin d'année précédente.

Près de 1 Mrd € d'investissements suspendus

Se projetant plus loin dans 2015, la Ficime traduit le sentiment recueilli auprès des chefs d'entreprises. "Pour la mécanique, ils s'attendent à une baisse de chiffre d'affaires de l'ordre de -4,5 % au premier semestre de l'année. La situation est préoccupante et l'orientation des commandes est incertaine", détaille Alain Rosaz. Si l'outillage (+2,4 %) et les moteurs industriels (+1,9 %) tirent leur épingle du jeu, les matériels de chantier anticipent, pour leur part, une accentuation de la mauvaise tendance enregistrée à la fin de 2014, avec un repli de -9,4 % au cours des six premiers mois de l'année. Le président du Seimat (Syndicat des entreprises internationales de matériels de TP, mines et carrières, bâtiment et levage), Jean-Michel Osdoit, nous confie : "Si la croissance en France était de 2 %, alors le marché de la mécanique remonterait de plus de 30 %. Il y a entre 800 M€ et 1 Mrd € d'investissements qui sont suspendus pour l'heure !". Il évoque notamment le parc de machines chez les loueurs de matériels, dont la moyenne d'âge aurait progressé de 1,5 an, faute de renouvellement.

Peu d'espoir pour 2015

Le président du Seimat poursuit : "Les mesures annoncées pour le bâtiment sont visiblement insuffisantes puisque au lieu de 500.000 nouveaux logements, il n'y en a eu que 297.000. Et pourtant ça peut redémarrer rapidement puisqu'il n'y a pas de stock. Pour les travaux publics, la FNTP prévoit -8 % en 2015, après une baisse de -4 % en 2014. La décision concernant les péages d'autoroutes va bloquer les projets de travaux. Nous sommes liés à ces questions". Pour lui, le problème serait lié à l'arrêt de l'investissement public pour les équipements et travaux. "Le Grand Paris, tout le monde en parle mais il y a encore peu de choses concrètes", déplore-t-il. Le président du syndicat n'envisage de reprise réelle qu'à la fin de 2016, voire au début de 2017.

Des propositions pour accroître l'activité en France

Afin d'accélérer les choses, et traduire le flux commercial français en activité et en emploi, la Ficime met en avant cinq propositions pour accroître l'attractivité du pays. La fédération propose, tout d'abord, la création d'un guichet unique pour les groupes internationaux souhaitant s'implanter en France, un Accompagnateur Public de Projet d'Investissement Etranger (APPIE) qui faciliterait les démarches notamment en aidant à choisir les meilleurs dispositifs fiscaux ou sociaux. Deuxièmement, la Ficime veut faire de l'Hexagone, "la plateforme de distribution pour les produits et services à destination de l'Afrique". Entendant profiter des liens historiques qui existent avec les pays d'un continent en développement, ce ré-export pourrait bénéficier d'un label "Trade in France". Les professionnels soumettent également l'idée d'un Crédit d'Impôt Compétence, afin de favoriser l'implantation de centres de formation, d'expertise, de logistique ou de SAV, de niveau européen voire mondial, toujours par ces groupes internationaux. Au niveau du rayonnement mondial, la Ficime espère qu'une véritable politique des salons professionnels sera développée, constatant une diminution de l'aura des événements français. Enfin, la fédération offre de mettre en relation les startups innovantes avec des grands groupes.

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