Le 1er octobre dernier, les premiers coups de pioche des travaux de rénovation et d'extension du musée Picasso ont été donnés. Installé dans l'Hôtel Salé, au cœur du quartier du Marais à Paris, le bâtiment subira une lourde transformation, triplant sa surface d'exposition et d'accueil au public, pour devenir un espace moderne apte à répondre aux attentes de ses nombreux visiteurs.

Et c'est reparti pour quelque 18 mois de travaux dans le musée Picasso de la capitale ! Après trois ans de travaux de restauration, entre 2006 et 2009, menés sur les façades et les décors de l'Hôtel Salé qui l'abrite, voilà qu'un nouveau chantier s'ouvre dans cet hôtel particulier du 17e siècle. Le projet de « Grand musée Picasso » voit le jour et « voit plus loin », a indiqué Frédéric Mitterrand, ce mardi, lors de la présentation du chantier.

 

C'est en 1976 que l'Hôtel Salé devient le musée Picasso, sous la patte architecturale de Roland Simounet, désigné pour mener à bien la réalisation du projet. Il s'était attaché, à l'époque à valoriser autant le bâtiment classé Monument Historique, que l'installation du musée Picasso. Or, en raison de difficultés techniques, de coupes budgétaires et autres modifications de programme, son projet subit des réductions au niveau des rampes et des mezzanines, ainsi que l'abandon d'espaces d'exposition temporaires ou encore de la salle polyvalente… Au bout de 25 ans de fonctionnement, le musée était arrivé à un stade critique de développement. Une rénovation en profondeur s'imposait.

 

En outre, il s'agit de remettre le site aux nouvelles normes réglementaires, notamment en matière d'accessibilité, d'installations climatiques et électriques, de sécurité et de sûreté. Et de repenser et remodeler les circuits de visite et du parcours muséographique.

 

Un musée lié à des contraintes urbanistiques et architecturales
« Des lieux aussi étroits et inadaptés ne pouvaient à long terme absorber une telle attractivité et un tel engouement. Avec 1600 m² de surfaces d'exposition sur les 5700 m² que comptait l'hôtel, le musée se trouvait dans l'impossibilité de déployer pleinement la richesse de la collection permanente. Il était de plus, contraint de la décrocher épisodiquement pour organiser des expositions temporaires, ce qui ne pouvait que frustrer les attentes du public (…) », déclarait encore le ministre de la Culture. Aussi, au terme de ce chantier, la surface d'exposition dédiée à la présentation des collections permanentes et aux activités annexes consacrées au public sera-t-elle triplée, passant de 2.300 à 6.300 m2. La fréquentation annuelle devrait également être multipliée par deux. Avant la fermeture, il recevait 500.000 visiteurs par an dont 65% d'étrangers. L'idée est d'accueillir entre 750.000 et un million de visiteurs après la réouverture.

 

Confiée à deux équipes de maîtrise d'œuvre - Stéphane Thouin, architecte en chef des monuments historiques, qui sera en charge des parties classées du bâtiment, et l'agence Jean-François Bodin & Associés pour les travaux d'aménagement intérieur - le projet comprend en outre la création de circulations verticales dans l'aile des Communs, la transformation d'espaces non accessibles au public (réserves et bureaux) au 2e et 3e étages en salles d'exposition, et l'adaptation, la rénovation et l'amélioration des installations techniques. Ainsi, le tout s'organisera autour de trois ensembles architecturaux distincts : l'aile des Communs (980 m2 de surface utile), le corps du bâtiment (2015 m2) réservé aux œuvres, et une extension au sous-sol pour les locaux techniques (365 m2). C'est l'entreprise de BTP Pradeau et Morin, filiale d'Eiffage Construction, qui réalisera les travaux, tous corps d'état. La livraison du bâtiment est prévue pour le 1er semestre 2013, en vue d'une réouverture au public à l'été 2013. Avec plus de 9.000 m2 - après la construction d'une nouvelle aile de 2.000 m2 sur l'ancien garage pour accueillir des expositions temporaires et des espaces pour le jeune public - ce « Grand musée Picasso » devrait faire face à ses missions scientifiques et culturelles et répondre aux attentes d'un public averti.

 

Quel coût ?
Le coût global des travaux, plus élevé que prévu, se monte à 54 millions d'euros, dont 28,5 millions pour la rénovation de l'Hôtel Salé et environ 8 millions d'euros pour l'acquisition de bâtiments mitoyens, a indiqué Anne Baldassari, directrice de l'établissement depuis 2005, à l'AFP. Le reste correspond à la construction de l'extension et à la réfection des jardins. Le musée finance à hauteur de 35 millions d'euros (près des deux tiers) le chantier grâce à des ressources propres dégagées par la production d'expositions internationales à partir de sa collection.

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Jardin

Musée picasso
Musée picasso © Musée national Picasso - Didier Plowy-MCC
Le jardin est actuellement creusé d'un grand trou où seront logés davantage de locaux techniques. Cette extension en sous-sol d'une surface utile de 365 m2 recevra un équipement dimensionné pour les besoins de la phase 1 du chantier et de la future extension pour la partie chauffage urbain et groupe froid.

Salle en chantier

Musée picasso
Musée picasso © Musée national Picasso - Didier Plowy-MCC
C'est aussi pour des questions de réglementation que l'Hôtel Salé doit subir une transformation en profondeur. Accessibilité, sûreté, sécurité et réglementation sont les mots d'ordre de ce chantier qui s'achèvera au printemps 2013.

Démolition

Musée picasso
Musée picasso © Musée national Picasso - Didier Plowy-MCC
Le musée était devenu trop étroit pour recevoir les dizaines de milliers de visiteurs annuel. A terme, il devrait s'étendre sur plus de 6.000 m2.