Le spécialiste distingue deux types de matériaux, les "traditionnels", comme le bois de structure ou en panneaux, le papier et le textile, et les "néo-matériaux", comme les composites, les fibres et les mortiers ou béton à composant naturel. Les biosourcés peuvent également être classés par famille de produits, tels que les isolants. "Ils sont aujourd'hui performants et à des prix très concurrentiels. La maturité technologique est atteinte et les produits qu'ils soient présentés sous forme de rouleaux, de panneaux ou en vrac, sont certifiés et sous avis technique", expose le dirigeant de C&B, qui estime que ces matériaux ne présenteraient aucun risque ou difficulté particuliers. Environ 100.000 tonnes de matériaux biosourcés seraient utilisés chaque année dans le bâtiment, principalement dans le secteur du bois (structure et connexes) et dans le domaine des isolants, où ils représentaient 8 % du marché national en 2012.

 

"Les mortiers et bétons avec granulat végétal et liant minéral relèvent, pour leur part, de nouvelles technologies. Mais la maturité va venir car ils présentent des avantages en rénovation. Le cadre normatif n'est pas encore tout à fait prêt", admet Bernard Boyeux. Mais ce type de produits, dont le béton de chanvre, font l'objet d'études approfondies démontrant leurs bonnes performances en termes de transferts hygrothermiques. "La présence de matière d'origine végétale impacte fortement les échanges d'humidité et apporte un surplus de performance", soutient Laurent Arnaud, ingénieur des Ponts et directeur du centre Arts & Métiers Paris Tech Cluny. Le matériau stockerait davantage d'eau qu'un béton classique, et le changement de phase permettrait de mieux réguler les variations de températures à l'intérieur de la construction.

 

Une opportunité économique et sociale
"La construction en bottes de paille a, elle aussi, connu un développement extraordinaire", surenchérit Bernard Boyeux. Utilisée comme isolant dans des structures bois, la paille présenterait elle aussi d'indéniables qualités : "Elle est renouvelable annuellement, contrairement au bois où les échelles de temps sont plus longues. C'est une matière abondante en France et peu chère", explique Olivier Gaujard. D'autant qu'un système composé de bois et de paille ne représente pas de facteur aggravant au point de vue de la sécurité incendie, comme l'ont démontré des essais grandeur nature réalisés au CSTB.

 

Les matériaux biosourcés représenteraient donc une réelle opportunité, à la fois pour le bâtiment mais également pour l'agriculture et pour le développement des territoires. "En 2010, le Commissariat général au Développement durable demandait que le taux d'incorporation de ces matériaux soit de 10 % à l'horizon de 2020. Ce chiffre sera certainement dépassé", se félicite Bernard Boyeux qui rappelle que, sur les six dernières années, neuf usines et 3.000 emplois ont été créés en France grâce à ces nouveaux produits de construction.

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