CONJONCTURE. Comme pour de nombreux métiers de la construction, le second confinement de l'année 2020 est très différent du premier pour les ingénieristes. Si le travail continue, le secteur est cependant toujours confronté à de multiples incertitudes et difficultés.

Toujours inquiets, et toujours fragilisés. Selon les résultats du dernier baromètre économique de Syntec Ingénierie, pour novembre 2020, les ingénieristes ne voient toujours pas venir la relance tant attendue.

 

Malgré tout, un point positif est à souligner. Alors que le Gouvernement a décidé de mettre en place un deuxième confinement de la population fin octobre, il "a peu à voir avec celui de mars dernier", reconnaît Pierre Verzat, président de la fédération professionnelle. En effet, l'activité économique n'a, cette fois, pas été mise à l'arrêt.

 

Réorganisation mais activité en demi-teinte

 

Du côté des entreprises d'ingénierie, elles se sont rapidement réorganisées pour mettre leurs effectifs en télétravail. Ainsi, 58% des collaborateurs travaillent à distance, et 13% sont en mission chez leurs clients. Sur site, les entreprises accueillent moins d'un quart des ingénieurs et techniciens, de façon ponctuelle, et dans le cas où ils auraient besoin d'avoir accès à des outils ou équipements spécifiques.

 

Malgré tout, "force est de constater que l'activité économique se poursuit en demi-teinte", observe Pierre Verzat. Et 65% ingénieristes le perçoivent notamment dans la baisse continue des prises de commande. Elles n'étaient que 58% à le ressentir un mois plus tôt.

 

Le secteur industriel plus touché que la construction

 

"Les incertitudes quant à l'avenir restent fortes, et les projets tardent à être lancés par les donneurs d'ordre publics et privés, ajoute le président de Syntec Ingénierie. C'est vrai dans le secteur industriel où, malgré le plan de relance, nos entreprises sont touchées de plein fouet par les crises automobile et aéronautique."

 

En chiffres, 73% des entreprises intervenant dans le domaine industriel observent cette baisse des commandes, et 72% s'attendent à un recul de leur activité au premier trimestre 2021 (contre 62% pour l'ensemble de la profession). "Ça l'est aussi de la commande publique, où le bloc local doit mieux jouer son rôle de support de la relance", poursuit Pierre Verzat, 57% des entreprises dans le pôle construction faisant état de ce ralentissement.

 

 

Sous-occupation des collaborateurs

 

En plus de voir les carnets de commande se vider, les sociétés d'ingénierie "ne parviennent toujours pas à occuper leurs équipes à 100%", estime-t-il. Pourtant, initialement, la moitié d'entre elles pensait pouvoir les occuper pleinement en novembre. Le reconfinement et ses conséquences étant passés par là, elles ne sont finalement que 38% à déclarer avoir des effectifs qui travaillent à 100% (20% seulement des entreprises du secteur industriel). Soit 10 points de moins qu'en octobre.

 

Un dernier aspect ne vient pas arranger les affaires des ingénieristes : l'allongement des délais de paiement. En novembre, 40% des répondants y étaient confrontés, contre environ un tiers un mois plus tôt. Pour 13%, les retards sont compris entre 30 et 60 jours. Dans le même temps, un peu plus d'un tiers des entreprises s'attendent à rencontrer des difficultés de trésorerie dans l'année à venir. En attendant toujours la relance.

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