ÉNERGIE. Suite à des affirmations parues dans la presse selon lesquelles la France aurait frôlé la coupure généralisée le 7 octobre 2019, RTE a répondu : au-delà des explications de fonctionnement, le gestionnaire du réseau de transport d'électricité a indiqué les différents leviers dont il dispose pour réguler la puissance à l'échelle nationale.

Le 11 octobre 2019, nos confrères des Echos ont indiqué que la France avait évité un "black-out" dans la soirée du lundi 7 octobre. D'après le quotidien économique, l'arrêt d'un réacteur de la centrale nucléaire de Gravelines, dans le Nord, aurait fait chuter la fréquence sur le réseau national. Avec 900 MW en moins sur les lignes, le gestionnaire du réseau de transport d'électricité, RTE, a par conséquent décidé vers 21 heures de déconnecter de ce même réseau 21 sites industriels particulièrement consommateurs d'électricité, cela dans le but d'éviter une coupure généralisée. Une situation exceptionnelle qui ne se serait produite qu'une seule fois auparavant, le 10 janvier dernier, grâce au dispositif "d'interruptibilité" prévu dans le cadre de la loi Nome (Nouvelle organisation du marché de l'électricité) de 2011.

 

 

Une variation sur le réseau européen et un incident à Gravelines seraient en cause

 

Face à ces affirmations, RTE a apporté son éclairage sur les évènements du 7 octobre : "A aucun moment, la France n'a frôlé le black-out". Dans un communiqué, le gestionnaire explique qu'une "variation de la fréquence électrique sur le réseau européen a nécessité l'activation de l'interruptibilité des clients industriels", et qu'il "a demandé la baisse de consommation immédiate des 22 sites, volontaires et sous contrats, grands consommateurs d'électricité permettant de diminuer la consommation de 1.400 MW pendant 15 minutes, et contribuant ainsi à rééquilibrer la fréquence européenne".

 

Une décision tout à fait normale et adaptée selon RTE, qui revient plus en détails sur les causes de cet incident. D'une part, "la variation des programmes d'échange d'électricité entre pays européens entraîne une baisse de la fréquence européenne sur certaines heures rondes (particulièrement entre 20h et minuit") ; un phénomène qui intervient régulièrement durant la mauvaise saison, et qui, en France, s'observe la plupart du temps vers 21 heures, où la consommation d'électricité décroît particulièrement vite, augmentant de fait les exportations d'énergie. D'autre part, "cette baisse de fréquence a été accentuée par un incident technique survenu soudainement sur une centrale de production (-900 MW)", confirmant ainsi l'information des Echos.

 

A cause de ces deux évènements concomitants, la fréquence électrique a donc chuté à 49,82 Hz sur le réseau tricolore, et le dispositif d'interruptibilité s'est alors activé automatiquement au bout de 3 secondes consécutives. Pour autant, RTE indique toutefois que les gestionnaires européens de réseaux de transport d'énergie "étudient les causes précises de cet évènement et travaillent de façon plus générale sur la variation des programmes d'échange d'électricité entre pays européens".

 

Les leviers dont RTE dispose pour moduler la production et la consommation d'électricité

 

RTE rappelle en outre la batterie de leviers qu'il a à disposition pour rééquilibrer la fréquence sur le réseau national d'électricité. Pour moduler la production, le gestionnaire peut compter sur une "réserve primaire", à activation automatique, qui permet à l'Europe continentale de se partager 3.000 MW, dont environ 500 MW pour la France ; une "réserve secondaire", à activation automatique et manuelle, permet quant à elle de obiliser entre 500 et 1.000 MW en quelques minutes ; enfin, une "réserve tertiaire", à activation manuelle, permet de mobiliser de l'énergie mais dans un laps de temps compris entre une dizaine et plusieurs dizaines de minutes.

 

Pour moduler la consommation, RTE peut compter sur le dispositif d'interruptibilité (automatique), sur une baisse (manuelle) de 5% de la tension électrique - ce qui permet par extension de diminuer de 5% la consommation -, sur un appel aux éco-gestes (manuels) des consommateurs et, en dernier recours, sur des coupures "maîtrisées, localisées et temporaires", déclenchées manuellement ou automatiquement "si la fréquence descend en-dessous d'un certain seuil".

 

 

 

Que s'est-il passé à la centrale de Gravelines ?

 

Selon nos confrères des Echos, l'exploitant de la centrale nucléaire de Gravelines, EDF, aurait précisé que l'arrêt d'un des réacteurs du site n'était pas dû à une déficience technique sur le réacteur en lui-même, mais à un problème localisé sur une turbine. Celle-ci a du coup été débranchée du réseau électrique, avant d'être remise en service le lendemain matin. "L'unité de production a été déconnectée afin de réaliser une opération de maintenance sur le circuit secondaire, situé en partie non-nucléaire de l'installation", a détaillé l'énergéticien.

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