ETUDE. De nouveaux chiffres sur la mixité dans le BTP viennent d'être dévoilés. Batiactu décrypte ces résultats.

La féminisation progresse mais reste lente dans le secteur du BTP en France. C'est notamment le cas en Île-de-France. Le nombre de femmes est encore peu élevé dans ce secteur à dominante masculine, montre une étude* réalisée de mars à octobre 2023 pour l'Observatoire des métiers du BTP et la Commission paritaire régionale emploi-formation des secteurs du bâtiment et des travaux publics (CPREF BTP) d'Île-de-France, rendue publique le 6 février 2024. Seules 12% de femmes sont salariées dans le secteur dans la région la plus peuplée de l'Hexagone. Sur les 208 sociétés ayant répondu au questionnaire, 168 comptent au moins une femme dans leurs effectifs, dont une majorité en CDI.

 

Au sein des sociétés sondées, 41% de femmes occupent des fonctions "d'encadrement technique", et 17% de "production". Une écrasante majorité d'entreprises indique embaucher des femmes à des postes administratifs ou commerciaux. Cependant, aucun sondé n'a remis en cause l'accessibilité de tous les métiers du BTP aux femmes lors des entretiens qualitatifs menés pour cette enquête. Les sociétés considèrent que quelques métiers, comme maçon, plaquiste ou couvreur, apparaissent "encore physiquement éprouvants", mais cette problématique n'est pas spécifique aux femmes et les évolutions technologiques vont dans le sens d'une amélioration des conditions de travail.

 

Quelles priorités ? Quid des formations ?

 

Certains métiers du Bâtiment devraient être davantage féminisés, estiment toutefois les sondés. Soixante pour cent d'entre eux indiquent que les métiers d'encadrement de chantier devraient l'être en priorité. Le taux de réponse atteint 92% pour les entreprises des TP. Ces dernières aimeraient également voir plus de mixité dans les métiers d'exécution de chantier, dans des fonctions de direction et des études et conception de chantier. Cette dernière réponse est également soutenue par 50% des répondants travaillant dans le bâtiment.

 

Concernant le sujet des formations, 17% des sondés déclarent employer une femme en apprentissage. Les formations attirant le plus de femmes sont celles liées aux travaux de second œuvre, comme peintre ou carreleuse. Dans les formations de niveau supérieur, ce sont celles autour de l'architecture que les femmes apprécient le plus. Par ailleurs, les formations proposant des modules complémentaires sur le développement durable attirent de plus en plus d'étudiantes.

 

 

Quelles solutions pour fidéliser ?

 

Pourtant, malgré un nombre croissant de femmes formées, une entreprise des TP affirme "en 27 ans de carrière, je n'ai jamais vu une seule candidature de femme, ni même entendu parler. Ce n'est pas qu'on ne veut pas, mais il n'y en a pas." Pour attirer et fidéliser les femmes dans le secteur, les répondants estiment qu'il faudrait revoir les horaires et conditions de travail afin de favoriser un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée.

 

Plus de la moitié des entreprises interrogées voient la mixité comme un "enjeu important" pour le secteur. Elle aurait "des impacts positifs sur la performance globale de l'entreprise" et contribuerait même "à atténuer les tensions liées au recrutement". Une société en particulier témoigne en affirmant que la hausse du nombre de femmes dans sa structure permet d'améliorer son image et sa marque employeur, et in fine, de "se démarquer" face à la concurrence. Un organisme de formation assure : "On est en manque de personnel dans beaucoup de métiers, et on ne peut se permettre d'occulter 50% de la société".

 

Quelques raisons évoquées

 

Le manque de recrutement de femmes dans le secteur s'expliquerait, d'après les interrogées, par un phénomène "d'autocensure" de la part des candidates, qui seraient peu enclines à intégrer des environnements largement masculins "et où les modèles féminins sont rares".

 

Ce n'est évidemment pas la seule raison. Les acteurs de l'orientation professionnelle évoqueraient "peu" les métiers du BTP auprès des femmes en reconversion ou en insertion professionnelle. De plus, "l'influence de la famille et des proches compte beaucoup dans les choix d'orientation : soit en exacerbant cette tendance vers des choix genrés qui éloignent les femmes des métiers du BTP, soit à l'inverse, en facilitant leur intégration dans le secteur lorsqu'un proche y exerce déjà", analyse l'Observatoire des métiers du BTP.

 

* L'étude a été menée par le cabinet Sauléa Conseil auprès de 208 entreprises, entre mars et octobre 2023. L'échantillon comprend 72% d'entreprises du Bâtiment et 28% d'entreprises des Travaux Publics.

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