Jusque là réservé aux hommes, le bâtiment s'ouvre progressivement aux femmes. Pour preuve, la fédération du bâtiment et des travaux publics d'Aveyron lance une opération "20 postes pour les femmes dans le BTP".

Par cette opération originale, la FBTP tente "d'insuffler une nouvelle dynamique dans la gestion du personnel des entreprises du BTP" jusqu'ici largement masculine. Les femmes sont en effet minoritaires dans le bâtiment puisqu'elles ne représentent que 11% des actifs. Mais il s'agit aussi de faire face à la pénurie de main d'oeuvre qui affecte les entreprises du BTP en puisant dans la gente féminine plus largement touchée par le chômage. Ainsi dans l'Aveyron, le taux de chômage des femmes de moins de 40 ans est de 60% pour un taux de 40% des hommes de la même tranche d'âge. En raison de la baisse du chômage - dont le taux est évalué à 5,6% sur le département - et de la reprise économique, il devient difficile pour les entreprises de trouver de la main d'oeuvre. Les jeunes ont en effet tendance à partir chercher du travail ailleurs. Quoi de plus naturel donc que de recruter parmi ces femmes ? Mais pour cela, il faut aller au delà des préjugés faisant des métiers du bâtiment des métiers réservés aux hommes.

"Travailler dans le bâtiment n'est pas une question de sexe"

La première étape pour la FBTP a donc été de trouver des entreprises partenaires. Sur les 160 entreprises adhérentes à la FBTP, seules 10% des entreprises ont répondu favorablement. "Ceci est représentatif de la mentalité du secteur" selon Sandrine Gimenez, psychologue du travail et responsable du service d'aide au recrutement de la fédération régionale du bâtiment. Mais passé outre le scepticisme de certains employeurs et forte de 23 offres d'emploi réservées aux femmes, l'opération peut se concrétiser. La seconde étape, et non la moindre, consiste à se faire connaître et à convaincre les femmes. Une véritable campagne de publicité dans la presse régionale visant à toucher les femmes est alors lancée. Il s'agit d'associer féminité et BTP au travers de 340 spots radio et 36 encarts dans les journaux. Car "travailler dans le BTP n'est pas une question de sexe mais d'individu et de choix personnel". Une dizaine de femmes ont aujourd'hui répondu favorablement et la fédération table sur une vingtaine de candidatures fermes pour le stage de formation à la fin du mois. Parmi ces femmes, certaines sont demandeuses d'emplois et d'autres recherchent dans le bâtiment un meilleur salaire, voire même de meilleures conditions de travail.

Des candidates volontaires et courageuses

A l'issue de ce stage de découverte des métiers du bâtiment, les candidates pourront faire leur choix. Les offres sont variées: conductrice de tracto-pelle, "couvreuse", "tailleuse de pierre", peintre d'intérieur, etc. Les sélectionnées bénéficieront de formations qualifiantes afin d'obtenir à terme l'équivalent du CAP ou du BEP. L'objectif au terme du contrat est de pérenniser l'emploi et de leur offrir la possibilité d'entamer une véritable carrière dans le bâtiment. Les femmes disposent de qualités certaines pour travailler dans ce secteur car "elles sont souvent volontaires, motivées et courageuses" d'après Sandrine Guimenez. La fédération du bâtiment de l'Aveyron espère bien que d'autres départements suivent le mouvement et lancer ainsi "un mouvement plus naturel des femmes vers le bâtiment".

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