ANNONCE. Le maire de la seconde plus grande ville de France a détaillé le plan de rénovation des écoles de Marseille, qui doit transformer les établissements en lieu optimal pour l'apprentissage. Problème d'étanchéité, pollution sonore, sanitaires défaillants… La municipalité compte mener des travaux d'ampleur.

Ce sera le "plus grand chantier que la ville de Marseille aura initié depuis les années 60". À travers ces mots, le maire de Marseille Benoît Payan a présenté le plan de rénovation des écoles de la ville, dans une conférence ce lundi 11 octobre. Le discours, attendu, a mis l'accent sur la nécessité de rénover ces écoles pour "recoudre Marseille" et "faire de (cette) ville, une ville pour ses habitants".

 

 

Trois diagnostics réalisés par la ville montrent "qu'une part importante du bâti scolaire était dans une situation alarmante". Sur les 470 écoles que compte la cité phocéenne, 188 établissements scolaires présentent des problèmes de chauffage chronique. 112 ont des sanitaires défaillants. 341 connaissaient des fuites, des infiltrations d'eau et de vent, des défauts d'étanchéité, de menuiseries et de toitures. Cela équivaut à une surconsommation d'énergie de 30%, soit 20.000 mégawatts par an. "Cette perte énergétique, c'est l'équivalent de la consommation électrique annuelle totale d'une ville de 7.000 habitants comme Cassis ou Prades", chiffre l'édile.

 

30 millions d'euros débloqués en 2020

 

Les problèmes ne s'arrêtent pas là. 140 écoles connaissent une surexposition au bruit et 126 manquent de salles de classes. "Au niveau national, on préconise 1,6 m² par personne dans une classe. À Marseille dans l'ancienne école Ruffi par exemple, certaines classes de 31 élèves et un enseignant se partageaient 21m², soit 2 fois moins que la norme", rappelle le représentant de la ville, qui cite les 30 millions d'euros qui ont été votés le 27 juillet 2020 par la municipalité pour engager les travaux de rénovation. De nombreuses écoliers étudient dans des établissements considérés comme "indignes" par la municipalité. 23,8% des écoles présentent des sanitaires défaillants, 30% subissent une pollution sonore et 68,9% connaissent des défauts d'étanchéité.

 

Ces investissements ont déjà porté leurs fruits sur des réparations essentielles. 98 écoles ont bénéficié de rénovations intérieures, des sols aux plafonds, en passant par les murs, 50 réfections de chaufferies alimentent aujourd'hui 77 écoles. Les normes incendies ont été remises à jour au sein de 66 établissements. 66 cours de récréation, 22 façades et 38 toitures ont été réparées.

 

174 écoles doivent être entièrement rénovées ou nouvellement construites dans ce plan de rénovation, qui pèsera 1,2 milliard d'euros. En surface, 600.000 mètres carrés seront en travaux, l'équivalent de 100 stades de foot. La municipalité estime que ces rénovations représenteront 2,27 milliards d'euros de retombées économiques pour Marseille. "Pour chaque euros investi dans l'école, ce sont les carnets de commandes des entreprises qui se remplissent. C'est aussi du travail pour des milliers de Marseillais", a ajouté le maire. Cela devrait représenter 14.000 emplois créés sur la période.

 

 

Un partenariat public/privé pour la rénovation

 

Benoît Payan a également annoncé s'être rapproché de l'État pour lui proposer la création d'une société publique dédiée avec un partenariat public/public. 16 chantiers devraient avoir débuté avant la fin de l'année 2022. Des études vont également être menées dans 16 établissements. L'édile doit rencontrer le Premier ministre Jean Castex aujourd'hui pour discuter des aspects techniques, juridiques et financiers du plan.

 

Au total, 78.000 enfants sont scolarisés dans le public. Une concertation avec les usagers de l'école, avant, pendant et après les travaux, est engagée pour mener une réflexion sur l'usage de ces bâtiments, et les besoins des enfants et du personnel. Certains élèves de l'école Bouge (XIIIème arrondissement) avaient signifié, lors d'une réunion avec l'équipe pédagogique sur le thème de "rêver leur école de demain", qu'ils souhaitaient disposer de "toilettes plus nombreuses, avec du savon et du papier", ainsi que d'un préau "pour s'abriter de la pluie et des rayons du soleil".

 

 

Objectif : 40% de réduction de la facture énergétique

 

Des systèmes d'extraction de fumée, des éléments coupe-feu, des points d'eau et des sanitaires fonctionnels seront installés dans chaque école. La ville souhaite également voir fleurir de nouveaux projets pédagogiques en permettant aux professeurs d'enseigner à l'extérieur. Pour des écoles plus responsables qui consomment moins de matériaux, la réhabilitation sera privilégiée plutôt que la démolition et la reconstruction. Des panneaux solaires et des puits thermiques vont être posés. Marseille a pour objectif de réduire de 40% la facture énergétique de ses écoles et de les adapter au climat méditerranéen, afin d'assurer un confort thermique. À l'image de l'école primaire Sainte Sophie, dans le IVème arrondissement, les cours vont être désimperméabilisées. Le plan prévoit également la plantation d'arbres. "Chaque école sera complétée d'un gymnase scolaire avec une aire d'évolution accompagnée d'un hall d'entrée, de vestiaires/sanitaires, de locaux de rangement et d'un bureau", précise le dossier du plan de rénovation des écoles, que Batiactu a pu consulter.

 

Benoît Payan a également critiqué l'ancienne mandature, faisant étant de l'investissement de la ville dans ces bâtiments et la disparité qui règne entre les quartiers. "Alors que 176 euros par enfant sont investis en moyenne par an dans les écoles des autres villes de France, la précédente majorité s'est limitée à un investissement 113 euros par enfant dans les quartiers sud et à peine 94 euros dans les quartiers nord", a-t-il dénoncé. Près de deux tiers des écoles délabrées se situent au nord de la ville.

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