INVESTISSEMENTS. Le président de la République a dévoilé le 2 septembre 2021 son plan "Marseille en grand" à l'issue de sa deuxième journée de déplacement dans la Cité phocéenne. A quelques mois de l'élection présidentielle, Emmanuel Macron, qui n'est pas encore candidat à sa réélection, a avancé peu de chiffres, mais pris plusieurs engagements.

Ce n'est pas la première fois que l'État promet des milliards pour panser les maux de Marseille. Le nouveau plan annoncé par le président de la République Emmanuel Macron le 2 septembre 2021 sera-t-il suivi d'effets cette fois-ci ? Lui-même le rappelle : "J'arrive avec beaucoup d'ambition car nous pouvons faire de grandes choses, mais avec beaucoup d'humilité aussi car je viens après beaucoup d'annonces", reconnaît-il.

 

Aussi ne veut-il promettre "ni un chèque, ni un plan" puisque "les milliards n'arrivent jamais" à cause d'une "action publique toujours divisée et de chicayas locaux qui [les] bloquent", mais plutôt "prendre des engagements" et en demander en retour autour d'un "contrat d'ambition". A la question : pourquoi Marseille ?, il répond que "c'est la deuxième ville de France, grande comme 2,5 fois Paris, avec une métropole deux fois plus grande que Londres" ; une "ville-monde""les quartiers sont dans la ville, en son cœur".

 

Même si peu d'enveloppes concrètes ont été évoquées, ce plan de soutien baptisé "Marseille en grand" nourrit de grandes ambitions. Le secteur du BTP marseillais, "que je sais prêt" et que le président compte mobiliser notamment pour "embaucher dans les quartiers", y tiendra une place privilégiée.

 

Une société publique d'intérêt national pour soutenir la rénovation des écoles

 

La priorité va à l'école afin de "bâtir [la ville de] Marseille 2030 autour de la jeune génération". Évoquant le nombre de 174 écoles "dans un état de délabrement tel que l'apprentissage est impossible", des mesures pour le bâti scolaire doivent être engagées. Tout en prenant garde de ne pas créer un précédent, car s'agissant d'une compétence communale, "si l'État se substitue aux collectivités lorsque cela ne marche pas, cela serait une prime à ceux qui font mal".

 

La réhabilitation d'une quinzaine d'écoles est déjà en cours via l'Anru, à travers les fonds du plan de relance. Mais pour aider la ville à réhabiliter davantage et au "au bon rythme", une société pilotée par l'État, présidée par le maire, doit être créée d'ici à la fin de l'année, dotée de "financements conséquents", afin de rénover les écoles les plus délabrées avec des locaux modulables notamment. Aucun montant n'a cependant été avancé pour le moment.

 

De grands chantiers d'infrastructures de transport confirmés

 

En matière de transports, là encore, Emmanuel Macron a regretté que les projets soient sur la table mais n'avancent pas "parce qu'à Marseille, c'est trop compliqué", notamment à cause d'une métropole inefficace. Les soutiens financiers annoncés ci-dessous ont ainsi une condition préalable : l'évolution de la gouvernance de la métropole et de son cadre institutionnel.

 

Ainsi, l'Etat subventionnera à hauteur de 250 millions (sur 1 milliard de financement) des chantiers d'accessibilité, l'automatisation du métro, la création de 4 lignes de tramway et de 5 bus à haut niveau de service. "Je suis prêt à faire plus et à monter la part de l'Etat pour des projets structurants et pour désenclaver les quartiers nord", a par ailleurs assuré le président.

 

Le financement de 115 millions d'euros (sur 300 millions) pour améliorer la signalisation de la ligne ferroviaire entre Marseille et Vintimille est également confirmé, "sans attendre la réalisation d'une nouvelle ligne à grande vitesse". Cette ligne nouvelle Provence Côte d'Azur - pour laquelle l'État apporte 1,4Md€ et qui comprend notamment le réaménagement de la gare Saint-Charles - doit malgré tout prochainement entrer dans une nouvelle phase, puisque l'ordonnance portant la création de la société de projet sera mise en chantier le mois prochain, promet Emmanuel Macron. L'extension de l'aéroport, prévue pour les Jeux olympiques 2024, et la modernisation du port seront également soutenus financièrement par l'État.

 

Des fonds complémentaires pour la rénovation de l'hôpital

 

Ce plan consiste aussi à répondre à certaines urgences. Pour lutter contre l'urgence sanitaire, la rénovation des hôpitaux marseillais sera ainsi soutenue par l'Etat, a assuré le chef de l'Etat : il y consacrera 169 millions d'euros, soit 50% du coût du projet qui comprend notamment la modernisation du site de La Timone, visitée par Emmanuel Macron quelques heures auparavant.

 

A cela s'ajouteront 50 millions d'euros à destination du pôle mères-enfants et de la réalisation d'une maison des femmes. "Nous annoncerons rapidement le calendrier des travaux", a-t-il promis.

 

Accélérer la lutte contre l'habitat indigne

 

Afin de répondre à "l'urgence sociale", "la lutte contre l'habitat indigne doit s'intensifier", estime le président de la République. Et de reconnaître que depuis l'effondrement d'un immeuble rue d'Aubagne, le 5 novembre 2018, même si "l'Anah a triplé ses crédits, (…) nous avons été collectivement trop lents". Pour cela, il espère la "coopération entre la ville et la métropole". 10.000 logements sont censés être réhabilités dans les quinze ans.

 

Le chef de l'État a également annoncé le lancement d'une opération d'intérêt national pour la ville, précise l'Agence France presse (AFP), une procédure "qui permettra à l'État de copiloter ce gigantesque chantier et d'accélérer les procédures". En parallèle, toujours d'après l'AFP, la participation de l'État dans le dossier du logement indigne sera doublée. Enfin, le Président promet par ailleurs de prolonger la simplification de la procédure concernant les recours. Il attend désormais que les opérations soient engagées "immédiatement".

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