ANALYSE. Où en est l'expérimentation énergie-carbone, qui doit aider à définir la réglementation environnementale 2020 ? Emmanuel Acchiardi, sous-directeur de la qualité et du développement durable dans la construction à la Direction de l'habitat, de l'urbanisme et des paysages (DHUP), a profité d'EnerJ-meeting 2019 pour donner des précisions.

L'évènement EnerJ-meeting 2019 a été l'occasion, notamment, de faire un point sur l'évolution de l'expérimentation E+C- (énergie carbone), lancée en 2016. Elle préfigure la réglementation environnementale 2020, qui sera valable dans le neuf. "Six-cents bâtiments sont entrés dans l'expérimentation E+C-", a ainsi affirmé Emmanuel Acchiardi, sous-directeur de la qualité et du développement durable dans la construction à la Direction de l'habitat, de l'urbanisme et des paysages (DHUP). La répartition des bâtiments est pour l'instant assez déséquilibrée, avec 150 logements collectifs, 372 maisons individuelles et seulement 36 bâtiments de bureaux.

 

La plupart des bâtiments sont E2-C1

 

Qu'en est-il, tout d'abord, de la performance énergétique et environnementale des bâtiments concernés ? "La plupart des bâtiments sont au niveau E2-C1", révèle Emmanuel Acchiardi (E2 signifiant : les consommations exigées dans la RT 2012 en vigueur -10%). "Le niveau C2 n'est atteint que par 28 bâtiments." De fait, 228 bâtiments sont E2-C1, 68 sont E3-C1. Un seul bâtiment atteint l'exigence maximale de E4-C2. Enfin, on peut noter que 32 bâtiments sont E0-C0, c'est-à-dire n'ont atteint aucun des objectifs minimaux demandés, ni en énergie, ni en carbone.

 

 

En matière de matériaux, la donne ne semble pas grandement modifiée par rapport à ce que l'on connaît déjà : le béton étant présent dans la majorité des projets, que cela soit en logement ou en tertiaire. "Le bois est présent mais non pas omniprésent pour autant", note Emmanuel Acchiardi. En matière d'énergie, le mix est également proche de de la situation actuelle.

 

Un surcoût "limité"

 

La dimension économique de l'expérimentation a également été présentée. "Nous manquons encore parfois de données économiques complètes et exploitables, ce qui fait que l'échantillon étudié porte sur 400 bâtiments", explique Emmanuel Acchiardi. "Il en ressort que le surcoût est limité, c'est-à-dire inférieur à 5% pour atteindre le E2. Il sera probablement amené à être réduit, voire disparaître avec la maturation du secteur. C'est plutôt rassurant. Le surcoût est toutefois plus significatif à partir des niveaux E3 et C2, mais nous manquons de données et de recul pour donner un chiffre précis. Il est donc important que les acteurs participant à l'expérimentation nous communiquent leurs données économiques."

 

"Nous sommes entrés dans une phase de concertation"

 

Enfin, l'administration a donné quelques éléments de calendrier avant l'entrée en vigueur de la réglementation environnementale. "En matière de concrétisation de la RE2020, nous sommes entrés dans une phase de concertation. Des groupes sont lancés, en copilotage avec le Conseil supérieur de la construction et de l'efficacité énergétique (CSCEE), sur quatre sujets : méthode, données, exigences réglementaires, accompagnement", détaille la DHUP. "Ces groupes sont alimentés à partir de travaux d'experts sur divers aspects techniques comme le périmètre de l'analyse du cycle de vie, le stockage carbone, le système "socle + points" [lire notre article ici] ou encore les usages spécifiques de l'électricité." L'objectif est que le groupe "méthode" termine son travail à l'été, celui sur les exigences à l'automne.

 

Les textes seraient ensuite écrits et publiés courant 2020. L'objectif est une entrée en vigueur mi-2020, conformément à la loi Elan.

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