ÉNERGIES MARINES. Suite à l'annonce de la Programmation pluriannuelle de l'énergie, la filière industrielle de l'éolien offshore estime que le choix qui a été fait, a minima, est un scénario catastrophe pour la France. Six présidents de régions des façades maritimes demandent à être reçus par le Premier ministre au plus vite.

François de Rugy, ministre de la Transition écologique et solidaire, était chargé par le président de la République de préciser les objectifs pour la période 2019-2028 des deux étapes de la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE). Si l'éolien terrestre est promis à un triplement de sa puissance dans les 10 ans qui viennent, le sort de l'éolien offshore est en revanche moins prometteur. Emmanuel Macron a déclaré : "Un premier parc sera mis en service à Saint-Nazaire durant le quinquennat (en 2021, NdlR) et nous lancerons quatre nouveaux appels d'offres". En termes de volumes, le document du ministère publié ce mardi 27 novembre 2018, vise une puissance déployée de 5,2 GW en 2028. En déplacement à Brest pour les Assises de la mer, François de Rugy a précisé qu'il y aura, "dans les années qui viennent", de 2,5 à 3 GW de puissance pour l'éolien offshore posé et 1 GW pour le flottant.

 

 

Réaction immédiate de tous les industriels impliqués dans ces deux solutions techniques : "Le gouvernement affirme ses ambitions, mais ne propose qu'un développement très limité de l'éolien en mer posé et flottant en France dans les prochaines années avec, dans le meilleur des cas, 5 GW en service en 2029 alors que les professionnels et les territoires en proposaient 10". Béatrice Buffon, directrice des Energies marines chez EDF Renouvelables, estime que le volet maritime de la PPE "manque un tout petit peu de clarté", plaidant pour une clarification "des échéances et des volumes d'appels d'offres après 2023". Gwenaëlle Huet, directrice générale d'Engie France Renouvelable, ajoute, sur l'éolien flottant : "On parle de deux appels d'offres, pourtant on a trois façades maritimes, trois régions qui sont pleinement engagées - Occitanie, PACA et Bretagne. Comment est-il possible de ne faire que deux appels d'offres ?".

 

Maintien de la pression pour faire diminuer les coûts

 

 

Une surprise partagée par les présidents de toutes les régions déjà impliquées dans l'accompagnement des industriels, par le biais d'investissements et d'appui aux écosystèmes d'entreprises. Loïg Chesnais-Girard (Bretagne), Carole Delga (Occitanie), Christelle Morançais (Pays-de-la-Loire), Renaud Muselier (PACA) et Alain Rousset (Nouvelle-Aquitaine), ainsi que trois représentants de la filière, Jean-Louis Bal (Syndicat des énergies renouvelables), Olivier Perrot (France Energie Eolienne) et Frédéric Moncany de Saint-Aignan (Cluster maritime français), demandent donc à être reçus au plus tôt par le Premier ministre. Ils demandent à l'exécutif de revoir la feuille de route pour parvenir à un rythme de déploiement d'au moins 1 GW/an sur la prochaine décennie. Faute de quoi tout le modèle économique de l'éolien offshore pourrait être remis en cause, laissant présager "d'un scénario catastrophe pour le développement d'une filière de l'économie marine pourtant compétitive et prometteuse".

 

Le ministre de la Transition écologique et solidaire se justifie : "Je comprends que les industriels des énergies marines renouvelables veuillent plus, et tant mieux, ça veut dire que nous avons des filières économiques et industrielles en France qui souhaitent s'engager à fond dans les énergies renouvelables. Pour autant, nous avons souhaité avoir des objectifs réalistes. Réalistes au vu du développement technologique notamment pour ce qu'on appelle l'éolien flottant, mais aussi du point de vue économique". François de Rugy a rappelé que le souhait du gouvernement était d'avoir une électricité compétitive, insistant sur "une forme de pression sur les industriels pour que l'on ait les meilleurs prix". Au cours de l'été déjà, le gouvernement avait renégocié à la baisse le coût global des six premiers éoliens en mer (posé), attribués entre 2012 et 2014, ramenant la facture de 20 à 15 Mrds € sur 20 ans. Mais tout espoir n'est pas perdu pour la filière. Le ministre ajoute en effet : "Evidemment, nous pourrons évoluer dans le futur sur l'augmentation des capacités, si on a une baisse de prix".

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