TRANSITION. A l'initiative de quatre députés bretons, la filière des énergies marines renouvelables lance un appel au président de la République pour qu'une place leur soit accordée dans la Programmation pluriannuelle de l'énergie, dont la présentation est imminente.

La pression monte pour toutes les filières énergétiques. La Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) pour les périodes 2018-2023 et 2024-2028 doit très prochainement être dévoilée par le gouvernement. Et chaque famille de solutions techniques espère disposer de la visibilité qu'apporte cette trajectoire de moyen-long terme, seule capable de justifier des investissements industriels conséquents. Mais les énergies marines renouvelables (EMR) sont inquiètes. C'est pourquoi quatre députés de la majorité présidentielle, Didier Le Gac (Finistère), Eric Bothorel (Côtes d'Armor), Gwendal Rouillard et Jimmy Pahun (Morbihan), lancent un appel à l'Elysée, ce 18 octobre 2018, afin que le gouvernement fasse le nécessaire.

 

 

Le Syndicat des énergies renouvelables rappelle qu'Emmanuel Macron avait indiqué, le 21 juin dernier à Quimper, que l'Etat et lui seul, avait la capacité de pérenniser la filière en planifiant, dès à présent, les futurs projets et en lançant de nouveaux appels d'offres. Dont acte. Le SER reprend : "Sans cette implication de l'Etat, aucun nouveau parc ne verre le jour d'ici à 2030, ce qui placera notre pays en-deçà des objectifs fixés par la loi de [Transition énergétique] 2015 et des engagements européens". Des décisions doivent notamment être annoncées pour le parc éolien de Dunkerque et celui d'Oléron.

 

Obtenir des soutiens européens et lancer des appels d'offres

 

 

Les différentes technologies regroupent l'éolien en mer - posé ou flottant - ainsi que l'hydrolien, l'énergie houlomotrice, la marémotrice ainsi que la thermique des mers. Autant de solutions qui pourraient diversifier le mix énergétique français et qui, en présentant des caractéristiques différentes et complémentaires en termes de gisements ou de profil de production, pourraient toutes se compléter. Le SER fait également valoir qu'elles bénéficient d'une forte prédictibilité, d'une bonne acceptabilité sociale et d'une intensité de production plus élevée que les autres. Les spécialistes rappellent que la France dispose du 2e espace maritime mondial et donc d'un potentiel particulièrement important sur tous les océans du globe. D'autre part, les filières ont bénéficié d'un soutien de leur R&D pendant 10 ans de la part de l'Etat qui serait mal avisé de ne pas en récolter les bénéfices. Le SER rappelle : "Les acteurs français ont franchi plusieurs étapes importantes de maturation des technologies : conception de solutions innovantes, mise à l'eau de prototypes, raccordement au réseau électrique de démonstrateurs et, demain, la mise en service des premières fermes pilotes pour l'hydrolien en mer".

 

Pour cette dernière, où la défection de Naval Energies en juillet 2018 a porté un coup dur aux ambitions françaises, le SER estime nécessaire que la prochaine version de la PPE incorpore un volume de 150 à 250 MW dans des appels d'offres commerciaux sur les sites déjà évalués du Raz-Blanchard (Manche) et du Fromveur (Finistère). L'organisation professionnelle est convaincue que cette inscription permettrait de poursuivre la maturation des technologies et de les engager sur une trajectoire de décroissance des coûts. La mobilisation de financements européens autoriserait un allègement des dépenses nationales de l'ordre de 30 % dans le soutien de ces premières opérations. Le SER conclut : "Un savoir-faire unique et des investissements massifs se sont constitués dans ce secteur depuis 10 ans. Rien ne justifierait que la France manque ce rendez-vous majeur en matière environnementale, énergétique et industrielle".

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