Alors que l'énergie éolienne s'est développée dans le monde en 2001 et que l'Europe en est la championne toutes catégories, la France reste à la traîne. Tel est le constat des spécialistes de cette énergie qui se sont réunis à Paris, l'occasion du Congrès mondial de l'éolien.

2001 a été une année record pour l'industrie éolienne dans le monde, avec 6.500 mégawatts d'origine éolienne installés, portant à 24.000 MW la capacité totale. C'est plus que les nouvelles capacités nucléaires (1.748 MW) reliées au réseau en 2001, a indiqué l'Association européenne de l'énergie éolienne (EWEA).

Reste que l'éolien représente "moins de 1% de la consommation totale d'énergie dans le monde", relativise Robert Priddle, directeur de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), contre quelque 6,7% pour l'énergie nucléaire.

L'Union européenne s'est fixé pour objectif (directive de septembre 2001) de porter la part d'électricité "verte" dans sa consommation d'électricité à 22,1% en 2010 contre 13,9% en 1997. L'an dernier, 4.500 MW de puissance éolienne ont été installés en Europe, portant sa capacité éolienne totale à 17.000 MW, sur les 24.000 installés dans le monde.

L'Allemagne, qui a décidé en juin 2001 de sortir progressivement du nucléaire, mène le bal: elle concentre la moitié de la puissance éolienne installée sur le vieux continent, avec 8.754 MW. L'Espagne, qui a fait un démarrage foudroyant, (3.337 MW installés à fin 2001) et le Danemark (2.417 MW) sont en tête du peloton européen, mais la France arrive seulement en 12 ème position avec moins de 100 MW, alors qu'elle dispose avec l'Espagne du meilleur potentiel, selon les spécialistes.

La France a pourtant mis en place des tarifs de rachat de l'énergie éolienne favorables en juin 2001, mais depuis, les projets piétinent. L'administration française peine à instruire les dossiers et surtout hésite devant les réticences locales. Le ministre de l'industrie Christian Pierret a annoncé mardi que deux circulaires allaient être envoyées aux préfets "dans le mois qui vient" pour rappeler les enjeux et préciser la réglementation pour l'éolien et l'hydraulique.

Pour prévenir le rejet par les populations des éoliennes, jugées bruyantes et mal intégrées au paysage, des enquêtes publiques seront déclenchées pour les projets de plus de 2,5 MW. Un permis de construire sera exigé pour les éoliennes de plus de 12 mètres de hauteur.

Si elle veut remplir son objectif européen, la France doit installer d'ici 2010 quelque 14.000 mégawatts d'éolien, dont 4.000 en mer et le reste sur terre. Il faut donc convaincre la population d'accepter 5.000 éoliennes d'ici 2010.

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