"J'aurais dû être parmi vous", mais le conflit qui a éclaté au matin du 24 février 2022 en Ukraine n'a pas permis au chef de l'Etat de venir s'exprimer directement devant les acteurs des infrastructures, réunis au Grand Palais éphémère. Tenant à "faire passer quelques messages", Emmanuel Macron a malgré tout reçu la veille le président de la FNTP, Bruno Cavagné, dans la salle des fêtes de l'Elysée. L'occasion pour le président de la République de défendre le bilan de son mandat en matière d'infrastructures… et d'esquisser ce qui pourrait intégrer le programme du candidat non encore déclaré à sa réélection.

 

"Nous avons déroulé les engagements que j'avais pris auprès de vous"

 

C'est satisfait, quoique reconnaissant que le numérique et la mobilité "correspondaient toujours à des besoins dans nos territoires", qu'Emmanuel Macron a commencé par rappeler les actions menées au cours de son quinquennat. "Ce que nous avons fait ensemble, a-t-il tenu à préciser, car nous avons déroulé les engagements que j'avais pris auprès de vous en 2017." Il s'est ainsi félicité de la mise en œuvre d'un "grand plan d'équipement pour le pays", lisible, avec des investissements qui ne se sont pas interrompus et ont même été "relancés" malgré les crises qui n'ont cessé de rythmer le quinquennat.

 

"Agenda consolidé"

 

Nouveau pacte ferroviaire, loi d'orientation des mobilités, plan de relance, crédits mis dans la Société du Grand Paris, accélération du plan France très haut débit… "Quand je regarde les cinq dernières années, j'observe que nous nous sommes dotés d'une vraie gouvernance qui assure plus de visibilité", a-t-il vanté évoquant un investissement d'environ 37,5Mds€ au total dans les infrastructures sur le quinquennat.

 

"Ce sont des investissements pour le pays, de la visibilité pour les entrepreneurs, pour moderniser la France et développer les entreprises sur le territoire, améliorer la qualité de vie, permettre au pays d'être plus fort et souverain", a estimé le chef de l'Etat. En résumé, Emmanuel Macron pense avoir "véritablement consolidé l'agenda", même si celui-ci permet "pour partie" de rattraper le sous-investissement chronique de l'Etat dans les infrastructures.

 

Investissements massifs

 

Sans se déclarer officiellement candidat, Emmanuel Macron envisage pourtant la suite de l'histoire. Trois facteurs doivent permettre de l'écrire : émettre moins de gaz à effet de serre, bâtir la souveraineté énergétique de la Nation "avec moins de gaz, moins de pétrole mais nous déplacer, nous chauffer et vivre grâce à une électricité produite chez nous", et enfin se doter d'une "stratégie du bien vivre, pour retrouver l'équilibre sur nos territoires".

 

Pour accomplir cette histoire, des « investissements massifs » seront nécessaires. Ils supposeront à la fois de réaliser de "grands projets d'infrastructure" en matière d'énergie, avec la construction de 6 EPR dans un premier temps, le développement de l'éolien en mer et du solaire pour lequel Emmanuel Macron a annoncé de grandes ambitions pour un "en même temps" énergétique. Mais aussi de "transformer les usages et les infrastructures plus classiques dans notre façon de les produire".

 

Equité générationnelle

 

"Nous devons assumer de dépenser", affirme Emmanuel Macron, produire plus "mais mieux", grâce à l'innovation notamment. "Nous ne pouvons pas résoudre le sujet de la transition écologique avec moins de croissance, ou en réduisant les opportunités, poursuit-il. C'est une question d'équité générationnelle et de soutenabilité de notre modèle économique et social, qui n'est pas finançable avec la décroissance". Et de s'adresser à certains de ses concurrents : "Ceux qui disent que la transition écologique peut s'appuyer sur la décroissance oublie d'évoquer les conséquences que cela aura sur notre modèle social".

 

Elle nécessitera par ailleurs différents types de financement : deniers privés, publics, européens doivent être mobilisés selon le chef de l'Etat, dans une stratégie qui "donne de la visibilité pour réussir la transition". Au terme d'un discours qui a pu sonner agréablement à l'oreille de nombre d'acteurs des infrastructures, Emmanuel Macron conclut : "Nous devons continuer à moderniser le pays. Habiter, se déplacer, travailler, vivre dans des conditions harmonieuses… tout ça, ça s'appelle les infrastructures !"

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