D'un point de vue technique, l'intégration technique du photovoltaïque connaît également des difficultés. "Il existe des contraintes liées au contrôle de tension et au contrôle thermique des éléments du réseau", expose Gaëtan Masson de l'European Photovoltaic Industry Association (EPIA). "Les solutions sont évidemment de renforcer et reconfigurer les réseaux. On peut également instaurer un contrôle avancé des transformateurs haute tension/moyenne tension. Et développer des moyens de stockage d'électricité au niveau des installations pour ce qui concerne la basse tension". Car si des possibilités réglementaires existent en Allemagne et en Italie, elles font encore défaut en France. Didier Laffaille, de la Commission de Régulation de l'Energie (CRE), explique : "Oui, il faut développer le stockage pour pallier l'intermittence des sources EnR, mais il demeure une question juridique sur le statut de l'énergie stockée, pour l'instant inexistant. Des règles sont à créer". La CRE se prononce également en faveur du déploiement des compteurs électriques intelligents (comme Linky), "une demande récurrente depuis plus de 10 ans", souligne Didier Laffaille.

 

"Quant au contrôle de la basse tension, il existe également des freins réglementaires à lever pour donner la possibilité aux gestionnaires de réseaux de faire appel aux installations photovoltaïques pour soutenir la demande", détaille-t-il. Le développement de l'autoconsommation, avec une législation adaptée et une révision des tarifs d'achat, semble également être une piste sérieuse, envisagée à la fois par la CRE et par l'industrie photovoltaïque.

 

Le cas des Schémas Régionaux de Raccordement au Réseau électrique des Energies Renouvelables (S3REnR) :
Les schémas régionaux de raccordement sont des éléments de planification dans la transition énergétique actuellement en cours. Ils fixent les investissements des producteurs d'EnR dans le réseau électrique pour y accéder et ceux des gestionnaires pour les accueillir. Enerplan considère que les S3REnR constituent "un outil très intéressant" qui présente divers principes vertueux dont la gouvernance partagée, la mutualisation des investissements et la création programmée de capacités nouvelles réservées aux EnR.
Cependant, la mise en œuvre de ces schémas présenterait de nombreux travers, contestés par les organisations syndicales. Suite à des échanges avec l'administration et les autres parties prenantes, Enerplan propose notamment que les régions et les collectivités locales - comme porteuses de projets et autorités concédantes - jouissent d'un rôle accru aux côtés des gestionnaires de réseaux. Pour le dimensionnement des ouvrages, l'intégration du concept de "smart grid" devra être prise en compte avec toutes ses composantes (foisonnement national et local, autoconsommation, régulation, effacement). L'attribution des capacités réservées aux EnR devra être plus flexible pour répondre aux besoins réels et éviter qu'elles ne constituent une bride sur les postes-sources.
Pour le volet économique, l'optimisation du calcul de la quote-part à payer par les producteurs d'EnR doit être réalisée. Notamment en clarifiant la répartition financière des investissements, au prorata de la capacité réservée nouvellement créée et en mutualisant équitablement les coûts.

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