Batiactu : Quelle forme peut prendre ces réaménagements ?
Arnaud Colson : De nombreux choix sont possibles pour réaménager une carrière en fonction des souhaits des propriétaires et du type d'exploitation. Ainsi, des espaces naturels peuvent être créés. Ces derniers voient souvent l'installation spontanée d'une faune et d'une flore attirées par l'absence de perturbations et de produits chimiques. Par ailleurs, les espaces naturels peuvent aussi avoir une vocation récréative : sentiers d'observation, sites d'observation des espèces animales et végétale… Enfin, le réaménagement peut également permettre un usage productif : forêt et boisement de production, production agricole, prairies et pâturage, pêche… A noter, que nous replantons environ 100.000 arbres chaque année.

 

Batiactu : Comment se déroule le «process» de réaménagement ? Et quel est son coût ?
Arnaud Colson : Le plan de réaménagement, conçu avant la mise en exploitation du site, est intégré au plan d'exploitation de ce dernier et, dans la mesure du possible, coordonné avec lui. Le process de réaménagement se compose de plusieurs phases. Des études d'impact préalables sont menées et comportent trois volets : paysager, géologique et écologique. Les données recueillies sont alors mises en regard avec les objectifs industriels et commerciaux du site. Dès l'achèvement de l'activité industrielle, le réaménagement, souvent commencé pendant l'exploitation, doit être terminé sans délai.
Concernant, le coût du réaménagement, il est difficile à chiffrer, on estime cependant que le coût d'un réaménagement de carrière est de 5 à 10% du prix de revient par tonne de granulat extraite.

 

Batiactu : Après l'exploitation d'un site, les carriers sont donc tenus de procéder au réaménagement, mais existe-t-il une règlementation les y obligeant ?
Arnaud Colson : La réglementation qui régit les carrières est l'une des plus contraignantes qui existe ! La Loi Carrières en vigueur découle directement de la Loi relative à la protection de la nature de 1976. Elle impose de nombreuses étapes comme les études préalables à l'implantation d'une installation, une enquête publique, ainsi que la présentation de garanties financières pour la bonne réalisation du plan de réaménagement. En effet, le plan de financement est découpé en tranches de 5 ans. A l'issue de chacune d'elles, les parties prenantes valident la conformité des engagements pris. En complément de cette réglementation stricte, Lafarge a initié sa propre politique Environnement et de réaménagement de carrière, déployée à l'échelle mondiale.

 

Batiactu : Envisagez-vous des pistes pour améliorer vos actions ?
Arnaud Colson : Lafarge a défini plusieurs pistes d'amélioration pour développer en permanence sa démarche en faveur de la biodiversité dans les carrières. Tout d'abord, des plans d'actions biodiversité sur chaque site où il y a des enjeux vont être engagés. Ainsi, aujourd'hui, et à l'intérieur de ces plans de réaménagement, le volet biodiversité est déployé sur 30% de ces derniers. Il s'agit également de réussir à évaluer avec le plus de précision possible le potentiel écologique du réaménagement de chacune de nos carrières, grâce à la mise en place d'une méthode unique et simple de mesure de la biodiversité (IBL). Lafarge entend aussi développer la concertation avec les différentes parties prenantes et se propose de jouer un rôle auprès des élus locaux afin d'apporter et d'enrichir les bases de données scientifiques des communes et de constituer les "Atlas Biodiversité des communes". Enfin, une voie de progrès importante réside dans la déclinaison de partenariats avec les acteurs locaux dans le domaine de l'environnement et de la protection de la biodiversité.

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