CATASTROPHE NATURELLE. Lundi 11 novembre au soir, quelques heures après le séisme d'une magnitude de 5,4 sur l'échelle de Richter survenu dans la ville du Teil (Ardèche), les réacteurs de la centrale nucléaire de Cruas ont été arrêtés. Celle-ci appartient à la catégorie des ouvrages à risque spécial, qui font l'objet d'une réglementation parasismique renforcée.

Prudence est mère de sûreté. Lundi 11 novembre au soir, quelques heures après le séisme d'une magnitude de 5,4 sur l'échelle de Richter qui a blessé quatre personnes dans la ville du Teil (Ardèche) et laissé quelque 200 logements "difficilement habitables en l'état" selon son maire, les réacteurs de la centrale nucléaire de Cruas ont été arrêtés. Ceci en vue d'un "audit approfondi", bien "qu'aucun dégât" n'ait été constaté sur les bâtiments, a expliqué le préfet de la Drôme, Hugues Moutouh. Le réseau "Sortir du nucléaire" a souligné, de son côté, que la magnitude du séisme était supérieure au "séisme majoré de sécurité" de 5,2 pour lequel les centrales du Tricastin, plus éloignée de l'épicentre et où aucun seuil d'alerte n'a été détecté, et de Cruas ont été construites.

 

Une réglementation renforcée pour les ouvrages à risque spécial

 

Celles-ci appartiennent à la catégorie des ouvrages dits à risque spécial, pour lesquels les conséquences sur les personnes, les biens et l'environnement de dommages, même mineurs, résultant d'un séisme, peuvent s'étendre au-delà de leur voisinage immédiat, lit-on sur le site du ministère de la Cohésion des territoires. Ces installations - centrales nucléaires, barrages, ponts, industries Seveso - font donc l'objet d'une réglementation parasismique particulière, renforcée, en France.

 

Pour les bâtiments de la classe dite à risque normal (maisons, immeubles, écoles, hôpitaux, etc.), et situés en zones de sismicité faible à forte, les règles parasismiques applicables sont définies par l'arrêté du 22 octobre 2010 modifié par l'arrêté du 19 juillet 2011. Ces règles, définies dans l'Eurocode 8 - une norme européenne relative au calcul des structures des bâtiments pour leur résistance au séisme -, valent pour tous les permis de construire déposés après le 1er mai 2011 et s'appliquent aux constructions nouvelles et au bâti ancien ayant fait l'objet de modifications importantes. L'objectif principal de cette réglementation parasismique étant de protéger "au maximum" les populations, la construction doit pouvoir subir, lors de secousses sismiques, des dommages irréparables "sans s'effondrer sur ses occupants."

 

Un guide sans valeur réglementaire ni normative pour le bâti existant

 

L'arrêté du 22 octobre 2010 a également été modifié par celui du 15 septembre 2014. Auparavant, la réglementation sismique s'appliquait sur tous les éléments composant la structure du bâtiment. Y compris les éléments non structuraux comme les cheminées, les auvents ou encore les revêtements de façade. Au Teil, mardi, l'accès au centre-ville était d'ailleurs fermé par les forces de l'ordre, "la première urgence (étant) sur la voie publique", avec la crainte "de chutes de cheminées", selon la préfète, citée par l'AFP. Mais, en cas de séisme, la chute de certains éléments non structuraux n'entraîne pas forcément de risque pour la sécurité des personnes. Aussi l'arrêté du 15 septembre 2014 circonscrit-il la réglementation sismique aux seuls éléments non structuraux présentant un risque en raison de leur poids, de leur emplacement ou de leur mode de fixation.

 

Pour les bâtiments existants, l'arrêté du 22 octobre 2010 modifié a facilité les démarches de renforcement volontaire de la part d'un maître d'ouvrage. Sur la base de cet arrêté et des dispositions de la partie 3 de l'Eurocode 8, un guide a été élaboré afin d'expliquer la marche à suivre. Mais il n'a ni statut réglementaire ni valeur normative.

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