FOCUS. Face aux risques de délestages sur le réseau électrique durant l'hiver, RTE rappelle aux particuliers, mais aussi aux copropriétés et bailleurs sociaux, les mesures à mettre en place pour participer à l'effort général de sobriété énergétique. L'intensité de ce dernier dépendra par ailleurs des alertes émises sur l'approvisionnement en électricité.

Le message martelé par les pouvoirs publics finit par infuser dans l'esprit des particuliers, collectivités et entreprises : chacun doit apporter sa pierre à l'édifice de la sobriété énergétique pour moins solliciter le réseau électrique français cet hiver. Depuis le mois d'octobre et la présentation de son plan dédié, le Gouvernement prépare les Français à mettre en oeuvre les fameux éco-gestes, censés permettre d'éviter les pics de consommation - entre 8h et 13h puis entre 18h et 20h.

 

 

Parallèlement, le gestionnaire du réseau, RTE, a élaboré l'outil ÉcoWatt. Présenté comme une "météo de l'électricité", ce site Internet, aussi disponible en application mobile, permet d'alerter jusqu'à trois jours avant sur d'éventuels risques sur l'approvisionnement en électricité.

 

Trois couleurs illustrent le niveau de tensions que connaît le pays : vert, tout va bien ; orange, la vigilance est de mise et il faut réaliser des économies d'énergie ; rouge, les délestages sont inévitables si la consommation ne baisse pas. On entend par délestages des coupures de courant ciblées et temporaires, pouvant affecter des portions de départements.

 

La consommation électrique de l'Hexagone est en constante diminution depuis plusieurs semaines (-6,7% entre le 21 et le 27 novembre puis encore -8,3% entre le 28 novembre et le 4 décembre), signe probable que le message est bien passé mais conséquence aussi de la météo très douce de l'automne. Avec l'arrivée du froid ces derniers jours, la donne pourrait changer.

 

Le secteur résidentiel contribue à la moitié de la pointe électrique

 

RTE est donc reparti au front pour sensibiliser le secteur tertiaire aux efforts à fournir. Si sa consommation a déjà commencé à baisser (entre -1 et -2%), le secteur résidentiel n'est pas pour autant dispensé de mettre encore plus la main à la pâte.

 

Le gestionnaire a travaillé sur le sujet avec Ignes, l'alliance des industriels spécialisés dans les solutions électriques et numériques pour le résidentiel et le tertiaire. Trois secteurs ont été étudiés : le logement collectif, le parc social et les maisons individuelles.

 

Avec une consommation électrique de 167 térawatts-heure, leur rôle dans la régulation de la consommation est crucial : le secteur résidentiel dans son ensemble contribue à hauteur de 50% à la pointe électrique. Ses principaux usages se répartissent à l'année entre le chauffage, l'eau chaude sanitaire et l'électroménager (hors cuisson). En revanche, c'est le chauffage qui représente plus de 60% des usages au moment des pointes.

 

Solutions de pilotage

 

Dans le parc collectif privé, ce sont plus de 11,5 millions de logements (soit quasiment 32% des habitations du pays) qui sont concernés. Le constat et les solutions sont de toute façon les mêmes pour les 4,7 millions de logements sociaux (13% du parc français) et les presque 20 millions de maisons individuelles (55,1% du total).

 

Quel que soit le type de logement, les mesures de sobriété énergétique à adopter au quotidien sont connues depuis plusieurs mois : suivre ses consommations d'énergie, baisser le chauffage à 19°C, faire fonctionner le chauffe-eau durant les heures creuses, généraliser les ampoules LED, fermer ses volets la nuit...

 

 

En cas de signal orange ou rouge, il faut passer à la vitesse supérieure : réduire davantage le chauffage, surtout dans les pièces inoccupées, reporter le déclenchement du chauffe-eau, éteindre l'éclairage inutile...

 

Pour mettre en application ces mesures, les professionnels recommandent de recourir à des solutions de pilotage, d'automatisation et de programmation des appareils. Par exemple, le compteur Linky et son appli de suivi, les thermostats et robinets thermostatiques, les outils de domotique, les actionneurs connectés ou encore les radiateurs intelligents.

 

Il est aussi possible de se tourner vers des contacteurs pour ballons d'eau chaude, des multiprises, des interrupteurs avec minuterie automatique, des télécommandes, des détecteurs de mouvement, des capteurs crépusculaires... Autant d'équipements supplémentaires qui représentent néanmoins un certain investissement pour les ménages et qui ne sont pas nécessairement adaptés à toutes les configurations du bâti.

 

"Les solutions existent", a pourtant souligné ce 7 décembre le président du directoire de RTE, Xavier Piechaczyk, estimant que l'"enjeu collectif" était désormais "le déploiement massif et rapide" de ces technologies. D'après l'AFP, le gestionnaire a appelé au déploiement "massif" d'installations connectées et intelligentes, et notamment de contrôle du chauffage ou de l'éclairage.

 

Tandis que seulement 6% des bâtiments tertiaires (bureaux ou commerces) de plus de 1.000 mètres carrés sont déjà dotés d'outils de pilotage fonctionnels et récents, cette proportion grimpe à 12% dans les logements privés.

 

Se tourner vers des professionnels qualifiés

 

Quoi qu'il en soit, RTE fait cinq recommandations pour faciliter la mise en place des éco-gestes. D'abord, faire un état des lieux du logement, en identifiant les solutions de pilotage déjà installées et en vérifiant leur fonctionnement. Ensuite, définir les mesures de sobriété à appliquer au quotidien, en établissant des scénarios jour/nuit, par pièces, en cas d'absence/de présence, en cas d'ÉcoWatt orange/rouge...

 

Dans la mesure du possible, il est donc conseillé d'automatiser et de programmer un maximum d'appareils électriques et électroniques : un thermostat sur une chaudière individuelle, des robinets thermostatiques sur des radiateurs, des contacteurs au tableau électrique pour la mise en route du ballon d'eau chaude en heures creuses...

 

RTE et Ignes incitent les particuliers à se tourner vers des professionnels qualifiés, comme les électriciens, pour se faire conseiller et réaliser les travaux. Enfin, les ménages peuvent surveiller l'évolution de leur consommation énergétique et sensibiliser tous les occupants de leur logement pour une plus grande efficacité des mesures.

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