Paul Andreu, attendu mardi à l'aéroport de Roissy en provenance de Pékin où il supervisait le chantier de l'Opéra, sera accompagné d'experts, de représentants de l'Etat et d'Aéroports de Paris pour étudier le site de l'accident du Terminal 2E. Un drame qui ne remet pas en cause la confiance des Chinois envers «l'architecte des aéroports».

Ancien élève de polytechnique, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, diplômé de l'Académie des Beaux-Arts, Grand Prix National d'architecture, Paul Andreu, 65 ans, a participé à la construction de plus de quarante aéroports à travers le monde : Europe, Moyen-Orient, Chine, Japon, ce qui lui a valu le surnom d'"architecte des aéroports".

Entré dans la société des Aéroports de Paris (ADP) en 1967, Paul Andreu a participé à la conception et au développement de Roissy Charles-de-Gaulle pendant plusieurs dizaines d'années : du premier terminal surnommé le "camembert", dont on vient de fêter les 30 ans, à la "cathédrale" du Hall 2F, ouvert en 1997, jusqu'au Terminal 2E, achevé il y a moins d'un an. En novembre 2002, il quitte ADP pour créer sa propre agence, qui se développe notamment en Chine (Centre des arts orientaux de Shanghaï, Opéra de Pékin près de la place Tian Anmen).

Jusqu'à l'accident de dimanche dernier à Roissy, les bâtiments de l'architecte n'avaient pas connu d'incident, l'aéroport d'Osaka ayant même résisté au terrible séisme qui frappa la région, le 17 janvier 1995, faisant plus de 6.000 morts. Dans un entretien téléphonique à l'Humanité (édition du 24 mai), il s'est déclaré "abasourdi", affirmant que "tout a été fait dans les règles" au niveau de la conception et de la construction du bâtiment.

Cet événement, dans lequel deux Chinois ont péri, ne semble pas avoir ébranlé la confiance des partenaires asiatiques de Paul Andreu, engagés dans la construction de l'Opéra de Pékin. "Cet accident n'aura pas de répercussions sur notre chantier qui va continuer d'avancer normalement, selon le programme prévu", a déclaré Wang Zhengming, porte-parole du Grand Théâtre National qui doit être inauguré à l'automne 2005.
M. Wang ajoute que "dès le début de la conception du théâtre, nous avons placé la sécurité au premier plan et nous avons fait tout ce qu'il fallait, y compris dans le choix des matériaux".

Commencé en 1999, le chantier du nouvel Opéra de Pékin qui jouxte le Palais du Peuple (siège du parlement) avait été suspendu pendant 18 mois à la suite d'une rare controverse en Chine sur le bien fondé du projet, reprenant en décembre 2001. Le budget initial, qui était de 2,7 milliards de yuans (324 millions de dollars), devrait s'élever au final autour de 3 milliards.

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