RÉCOMPENSE. L'ensemble de l'œuvre du Nigerian Demas Nwoko, qui s'inspire de la construction traditionnelle de son pays, a été récompensé à l'exposition internationale d'architecture. L'homme allie avec élégance héritage et modernité dans ses conceptions.
L'architecte Nigérian Demas Nwoko vient d'être honoré à la dix-huitième Biennale internationale d'architecture de Venise. Le jury lui a décerné le 20 mai 2023 un Lion d'Or pour l'ensemble de son œuvre. À 88 ans, cet artiste, designer, peintre et sculpteur, conçoit une architecture moderne, fonctionnelle et durable. Il aime à mélanger le style architectural Igbo (peuple du sud-est du Nigeria) et des techniques de construction japonaises, et prône l'utilisation de matériaux géosourcés.
Qu'est-ce que l'architecture Igbo ?
L'architecture traditionnelle Igbo utilise des matériaux et des méthodes de construction locaux et tire parti du climat local. Elle est respectueuse de l'environnement et reflète les croyances, les valeurs et la religion du peuple Igbo. Les maisons possèdent un pilier central en bois. Concernant la toiture, des chevrons en bois sont maintenus par des cordes fabriquées à partir de plantes et de lianes. Ils sont ensuite recouverts de feuilles de raphia tressées ou d'herbe.
Demas Nwoko s'adonne à plusieurs pratiques artistiques. Il commence par étudier aux beaux-arts de Zaria (Nigeria) avant de suivre des cours de scénographie à Paris durant un an. Au début des années 1960, il s'installe à Ibadan, au sud-ouest de son pays. Il conçoit dans cette ville une chapelle pour l'Institut dominicain. Le clocher fait référence au christianisme mais aussi à l'architecture haoussa. Il dessine également un centre culturel dans cette ville, tout comme le New Culture Studio, une résidence et un théâtre adjacent, réalisés en briques, granit et latérite, des matériaux locaux. Le chantier est toujours en cours. En outre, il signe la conception d'une chapelle à Ewu et du centre culturel Akenzua, à Benin, aux motifs japonais et grecs.
Demas Nwoko encourage les architectes africains à se détourner de l'influence occidentale et à célébrer les traditions du continent. Le touche-à-tout a copublié le magazine New Culture, qui mettait en lumière les nouveaux mouvements artistiques africains. Il a également cofondé le groupe Zaria Rebels, issu du collectif d'artistes Zaria Art Society. Celui-ci a été créé par des élèves du Nigerian College of Arts en 1958, qui critiquaient l'enseignement exclusivement occidental des beaux-arts dans cette institution.
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