DISPARITION. Ce professeur, penseur et praticien était connu dans le monde pour sa façon de reconcevoir l'aménagement des territoires. Il est notamment intervenu sur des grands ensembles, quartiers et villes.

Il était architecte, urbaniste, penseur, auteur et surtout grand Prix de l'Urbanisme en 1999. Philippe Panerai s'est éteint le 12 mai 2023 à l'âge de 82 ans. Celui que la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, qualifie dans un communiqué de "pédagogue, praticien et passionné des villes de demain" a "consacré sa vie à esquisser des solutions qui rapprochent l'espace public des espoirs portés par ses habitants".

 

Des expériences riches et singulières

 

Né en 1940 à Royan, en Charente-Maritime, Philippe Panerai intègre dans les années 1960 l'Ecole des Beaux-Arts de Paris en section architecture. "Pendant sa formation, qui le passionne et le révolte à la fois, tant l'enseignement lui paraît alors décalé des réalités éprouvées de la ville, il se rapproche de l'Atelier Arretche", rappelle la ministre. Il fait ses premières armes pratiques au sein de cette agence avant de poursuivre ses études auprès d'Henri Lefebvre à l'Institut d'Urbanisme de l'Université de Paris.

 

En 1968, année de révolte et de contestations en France, le jeune homme s'engage aux côtés de ses camarades pour faire valoir une vision plus moderne et sociale de l'architecture. C'est ainsi que naît l'École d'Architecture de Versailles, en 1969, "qui révolutionne la manière d'enseigner et de penser l'architecture", estime Rima Abdul Malak. Alors professeur, il défend une vision de sa discipline où architecture et urbanisme sont indissociables. Dans son enseignement comme dans sa pratique, il prend en compte les spécificités de chaque lieu et les interactions entre ses usagers.

 

Renouvellement urbain

 

Il enfile aussi la casquette de maître d'œuvre, avec l'agence Seura, puis au sein de l'agence Philippe Panerai, où il "forme des propositions exigeantes au service des politiques publiques, afin de répondre aux défis de la création de quartiers, du renouvellement urbain et de l'aménagement des grands territoires, ce qui lui vaut d'obtenir en 1999 le Grand Prix d'Urbanisme", continue la ministre.

 

Il dessine notamment le projet urbain La Teisseire, à Grenoble (1997-2010), qui comprend la démolition-reconstruction et la résidentialisation de 1.200 logements. Sur ce site sont créées 24 unités résidentielles. Toujours dans les années 1990, il participe à la création et à la définition des programmes de la nouvelle Ecole d'Architecture de Paris-Malaquais. Il en assure la présidence de 2000 à 2003.

 

Reconnu à travers le monde

 

L'architecte-urbaniste construit sa carrière dans l'Hexagone comme à l'international, en analysant et dessinant les villes mondiales, telles que Guanzhou (Chine), Le Caire (Egypte), Beyrouth (Liban) ou Brasilia (Brésil). Aux Etats-Unis comme au Brésil, en passant par l'Italie et l'Espagne, il intervient en qualité de professeur associé. Philippe Panerai écrit également plusieurs ouvrages, dont "Formes urbaines, de l'îlot à la barre" (1977) avec l'historien en architecture Jean Castex et le chercheur en anthropologie urbaine Jean-Charles Depaule. Ses livres "font encore aujourd'hui référence", atteste la ministre, qui affirme "qu'ils continueront longtemps d'imprimer leur marque sur la trame de nos rêves urbains".

 

Le Conseil national de l'Ordre des architectes a également voulu saluer sa carrière, en publiant un hommage sur les réseaux sociaux. "C'est avec tristesse que nous apprenons le décès de Philippe Panerai […]. Il a marqué une génération d'architectes. Il était le théoricien de la transformation de la ville et de son dépassement. Toutes nos pensées vont vers ses proches."

 

 

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