La quinzième Semaine pour l'emploi des personnes handicapées a mis l'accent sur la nécessité d'aller encore plus loin dans l'insertion professionnelle des handicapés. Dans le BTP, le centre Le Belloy à Saint-Omer-en-Chaussée (Oise), spécialisé dans la réinsertion et la réadaptation, répond à leurs besoins. Rencontre.

«Au Belloy, c'est avant tout un lieu de réinsertion», explique d'entrée Thierry Guérin le directeur du centre Le Belloy, Pro Btp, de Saint-Omer-en-Chaussée. Les personnes handicapées se rendent ici pour retrouver une « meilleure autonomie possible » à la suite d'une maladie ou d'un accident et pour reprendre le chemin du travail.
A l'intérieur d'une salle de formation consacrée au «Métré-Etude de prix», un stagiaire dans son fauteuil roulant d'une quarantaine d'années se confie : «J'étais maçon. Après un grave accident dans le sport, j'ai rencontré de gros problèmes de dos. Depuis 15 mois, je suis une formation de métreur et cela représente pour moi une vrai opportunité dans le BTP». Et comme lui, beaucoup se voient proposer une promesse d'embauche dans une «boîte du BTP» à la suite de leurs stages.

 

Quelle est la particularité du Belloy ? Créé en 1971 par les partenaires sociaux du BTP, le centre dispose de deux unités distinctes : la clinique de rééducation et le centre de réadaptation professionnelle, assistés de services administratifs, techniques et sociaux. La structure particulière de l'établissement permet aux stagiaires de recevoir, sur place et pendant leur formation, tous les soins offerts par la clinique. Agréée et conventionnée, la clinique du Belloy (119 lits) participe au service public hospitalier. «Nous accueillons les patients pour la rééducation fonctionnelle, après une hospitalisation en traumatologie et orthopédie (fractures graves, luxations, rééducation après prothèse totale) ou en neurologie (tétraplégie, paraplégie, hémiplégie, sclérose en plaques», précise Marie Decocq, médecin-chef de la clinique. Au total, 80 personnels soignants se chargent de la rééducation au quotidien, notamment via un vaste service d'ergothérapie. « Nous disposons également sur place d'un service pour la fabrication et l'adaptation des prothèses d'amputés et des orthèses », ajoute la médecin-chef. L'appareillage se fait essentiellement pour les personnes amputées du membre inférieur.

 

«On ne peut pas considérer le BTP comme un grand pourvoyeur d'accidents très graves dans le centre, souligne le directeur Thierry Guérin. Contrairement à il y a vingt ans, nous observons, aujourd'hui, moins de gros accidents et également moins d'accidents de voitures… Les accidents importants concernent encore un peu les chutes d'échafaudage. En revanche, nous constatons moins d'amputations de mains qu'autrefois en raison de la modernisation des machines et des réglementations. Globalement, les 35 % de personnes issues du BTP qui viennent au Belloy sont plutôt abîmées socialement. » Et la médecin-chef d'ajouter : « Nous retrouvons encore beaucoup d'entre elles qui souffrent du diabète, de problèmes d'alcool et du tabac. Et nous parvenons à les soigner lorsqu'ils en sont d'accord.»

 


Témoignage du stagiaire au Belloy
Témoignage du stagiaire au Belloy © S.C. Batiactu
Témoignage de Fabrice, 50 ans, de Boulogne-sur-Mer, stagiaire au centre de réadaptation professionnelle du Belloy.

 

«J'étais chauffeur-livreur à Boulogne-sur-Mer. Lorsque j'ai rencontré des gros problèmes de dos, j'ai décidé de me soigner et de changer de voie professionnelle. J'ai choisi, ici, une formation de technicien d'études du bâtiment, option dessins de projet. J'ai appris à y réaliser le métré de tous corps d'états d'une opération de construction ou entreprendre un dossier de demande de permis de construire. Et j'ai pu effectuer mon premier stage d'évaluation dans ma région, au sein d'une entreprise de construction de vérandas, et ensuite dans la couverture et étanchéité. Je compte bien trouver un poste à la sortie du Belloy.»

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