CONJONCTURE. Dans la foulée des derniers chiffres des défaillances d'entreprises, qui témoignent d'une augmentation des procédures judiciaires depuis le début de l'année, le ministère de l'Économie insiste sur les modalités de remboursement des Prêts garantis par l'État, assurant que le taux de défaut devrait être très faible.

Au lendemain de la publication par le groupe Altares de son baromètre des défaillances d'entreprises pour le 1er trimestre 2022, et le jour même où la Banque de France rend publics ses propres chiffres en la matière, Bercy tient à rassurer sur le remboursement des PGE, ou Prêts garantis par l'État. D'après Altares, le nombre de défaillances d'entreprises a en effet bondi de plus de 34% entre janvier et mars. Les quelque 10.000 procédures comptabilisées concernent surtout les jeunes sociétés et les PME, et quasiment toutes les régions sont touchées par le phénomène. Le secteur de la construction ne fait pas exception, les activités du second-oeuvre s'avérant particulièrement exposées.

 

 

Si le ministère de l'Économie confirme la hausse de 6,3% des défauts d'entreprises en un an, il insiste dans le même temps sur le fait que le niveau actuel reste "45% inférieur" à celui de 2020. Pour le Gouvernement, il s'agit d'un simple "retour à la normale de l'économie", qui se traduit par des "entrées et sorties d'entreprises sur le marché".

 

Craintes sur les trésoreries

 

Une communication gouvernementale qui intervient par ailleurs dans le contexte politique de l'entre-deux-tours de la campagne pour l'élection présidentielle. Réponse à la candidate du Rassemblement national (RN) ou simple coïncidence, la précision du ministère de l'Économie a effectivement été apportée quelques heures après que Marine Le Pen se soit déplacée, ce mercredi matin, dans les locaux de l'entreprise Écovalo, basée à Gennevilliers (Hauts-de-Seine) et spécialisée dans le traitement des déchets du BTP et la réalisation de béton moins carboné. S'exprimant sur divers sujets en lien avec le secteur de la construction, la candidate du RN est notamment revenue sur le remboursement des PGE.

 

Selon elle, les difficultés économiques rencontrées par les entreprises françaises et qui résulteraient de la reprise post-pandémie, de la flambée des prix énergétiques et de la guerre russo-ukrainienne, pourraient s'aggraver avec le remboursement des PGE. "Les entreprises qui ont demandé le report de la date de remboursement l'ont eu, mais au prix d'une inscription à la Banque de France, ce qui bloque la vie d'une entreprise", a-t-elle assuré. "C'est un sujet urgent, il faut rendre possible un allongement ou un report du remboursement sans sanction bancaire."

 

Taux de défaut habituel

 

De son côté, Bercy s'appuie sur les chiffres de la Banque de France et de la Banque publique d'investissement (BPI France) pour rappeler que le PGE affiche jusqu'à présent un taux de refus de 2,9%. Mesure-phare de soutien aux entreprises, mise en place au début de la crise Covid en mars 2020, le dispositif a été octroyé à environ 700.000 entreprises, dont 88% de très petites structures, faisant monter l'encours du dispositif à 147 milliards d'euros.

 

Les bons indicateurs économiques (sur la croissance, l'emploi...) font dire au Gouvernement que le nombre de "non-remboursements" de PGE devrait être très faible. "Aujourd'hui, la moitié des entreprises a déjà commencé à rembourser de son plein gré, dont 16% ont déjà entièrement remboursé", indique-t-on au ministère. La Banque de France elle-même anticipe un taux de défaut extrêmement faible, de l'ordre de 3,1%, ce qui correspondrait peu ou prou au même taux de défaut que les prêts classiques octroyés aux entreprises.

 

"Aucun fichage public"

 

 

"Aucune entreprise en difficulté ne sera laissé de côté. Il y aura un soutien au cas par cas avec des solutions d'accompagnement individualisée", martèle Bercy. Qui rappelle encore une fois que la Médiation du crédit peut être sollicitée par les bénéficiaires de PGE pour négocier un ré-échelonnement du remboursement, via des "procédures non-judiciaires, rapides et confidentielles". Et comme une sorte de réponse à Marine Le Pen, le ministère a affirmé qu'"aucun fichage public" n'avait lieu dans ce genre de cas.

 

Pour tenter de contrer les conséquences économiques et sociales de la guerre en Ukraine sur l'activité des entreprises françaises, le Gouvernement a aussi déployé depuis une semaine le "PGE résilience". Le dispositif est plus ou moins basé sur le même modèle que le PGE classique, même si quelques différences sont tout de même à noter.

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