ÉTUDE. D'après une enquête nationale consacrée à l'utilisation des outils numériques et des équipements innovants par les entreprises artisanales du BTP, les professionnels du secteur sont déjà 44% à utiliser un logiciel en ligne pour l'évaluation des risques, et 49% à être intéressés par des applications clés en main pour mieux sensibiliser leurs salariés. Détails.

Qui a dit que les professionnels de la construction n'étaient pas à la page ? D'après les résultats d'une nouvelle enquête nationale portant sur l'utilisation des outils numériques et des équipements innovants dans les entreprises artisanales du BTP, ces derniers seraient déjà nombreux à s'être emparés des solutions digitales. La Confédération des artisans et petites entreprises du bâtiment (Capeb), la Chambre nationale de l'artisanat, des travaux publics et paysagistes (CNATP), l'Institut de recherche et d'innovation sur la santé et la sécurité au travail (Iris-ST) et l'Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (OPPBTP) ont présenté les conclusions de cette étude, qui ne concerne d'ailleurs que les adhérents à la Capeb et à la CNATP.

 

 

8% seulement des chefs d'entreprises ont suivi ou fait suivre une formation en ligne à leurs salariés

 

Parmi les enseignements de l'enquête, on retiendra que 44% des sondés utilisent un outil en ligne pour réaliser l'évaluation des risques, pendant que 49% se déclarent intéressés par des applications leur permettant de sensibiliser davantage leurs salariés. De plus, 31% des répondants se sentent prêts à utiliser un exosquelette pour certaines de leurs activités, et 46% des chefs d'entreprises interrogés seraient tentés pour utiliser des EPI ou balisages connectés durant leur travail. Pour l'élaboration de leurs Documents uniques, les entreprises artisanales du BTP recourent à 39% à l'outil "MonDocUnique" ou un autre support dématérialisé à 28%. Le nouveau logiciel sorti en 2018, "MonDocUnique Prem's", a été utilisé à hauteur de 7% par les artisans du bâtiment. Mais ils sont encore peu nombreux (8%) à avoir suivi ou fait suivre une formation en ligne à leurs salariés. D'ailleurs, les thématiques privilégiées par les professionnels dans le cadre de ces formations sont la santé et la sécurité (65%), la technique métier (58%) et la gestion (49%).

 

S'agissant des objets connectés, les entreprises artisanales souhaitent s'en servir pour accroître l'efficacité de leurs collaborateurs et prévenir les risques. Ainsi, 78% d'entre eux désirent les utiliser pour favoriser les bonnes postures de travail, 72% comme dispositif d'alerte en cas de chute ou de malaise, 49% pour limiter une zone dangereuse et 41% pour réduire le risque de heurts avec un engin. De même, 38% des artisans seraient tentés d'utiliser des drones afin de réaliser des devis concernant des travaux de hauteur.

 

"C'est une réalité, les professionnels qui sont le plus souvent sur le terrain sont de plus en plus connectés"

 

Au bout du compte, l'enquête prouve donc que les chefs d'entreprises artisanales du BTP ont déjà su se saisir des technologies numériques pour améliorer leurs conditions de travail. Ceci dit, ils souhaiteraient intégrer davantage les bonnes pratiques d'usage de ces outils digitaux, particulièrement dans une logique de prévention des risques. "Cette nouvelle enquête nationale permet d'identifier très clairement l'intérêt des artisans pour les outils numériques dans la prévention et la sécurité", a réagi le président de la Capeb, Patrick Liébus. "Néanmoins, alors que la sécurité des artisans et de leurs salariés est primordiale dans nos métiers, ils restent encore peu nombreux à se saisir de ces nouveaux outils, malgré des chiffres encourageants. Nous devons donc créer les conditions favorables pour que les chefs d'entreprises s'en emparent, afin qu'ils mettent en place leurs actions de prévention. Enfin, la promotion des formations en ligne lié à la sécurité et la santé doit être une de nos priorités, alors que les mauvais gestes sont la cause d'un accident sur deux dans le BTP !"

 

Car c'est bien la prochaine étape que les professionnels du secteur se sont fixés, maintenant que les résultats de l'étude sont connus : faciliter l'instauration d'actions concrètes pour mieux accompagner les chefs d'entreprises. Ceci passera par des outils et des applications partageables avec les salariés, clés en main, qui se veulent simples d'utilisation, mais aussi par un package prévention qui mettra en avant les outils de l'OPPBTP et de l'Iris-ST, pour rendre lisible l'offre existante. Enfin, les organisations du secteur travailleront avec des industriels pour aider au développement d'exosquelettes et d'EPI connectés. "C'est une réalité, les professionnels qui sont le plus souvent sur le terrain sont de plus en plus connectés", admet Paul Duphil, le directeur général de l'OPPBTP. "Cette étude nous conforte dans la voie prise de développer des services en ligne simples et opérationnels qui facilitent le passage à l'action en matière de prévention. Après l'outil Prem's, plébiscité par les artisans pour faire leur premier pas en prévention, l'OPPBTP lance une nouvelle application mobile 'Prev'app échafaudage', inspirée par ces précieux retours du terrain."

 

L'enjeu sera en outre de miser sur ces technologies numériques pour capter l'attention des jeunes : "L'intérêt et la sensibilité qu'ont les jeunes pour ces nouvelles technologies peuvent les attirer à nos métiers, tout en protégeant leur capital santé", note Françoise Despret, présidente de la CNATP. "A nos organisations professionnelles de promouvoir ces outils numériques nouveaux et formations en ligne pour soutenir la promotion et l'attractivité de nos métiers."

 

 

 

Quelle méthodologie pour cette enquête ?

 

L'enquête nationale a été réalisée par mail en novembre 2018 auprès d'entreprises adhérentes de la Capeb et de la CNATP. Au final, 702 personnes ont répondu intégralement aux questions de l'étude.

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